Toute l’année, nos deux critiques ont visité de nouveaux restos, replongé leur fourchette dans des assiettes d’établissements établis, découvert des tables étonnantes, rencontré des chefs et restaurateurs d’exception. Voici les 10 qui les ont marquées.

Les coups de cœur d’Ève Dumas

L’escapade : Auberge Saint-Mathieu

Les week-ends gourmands, on aime ça ! Dans le cas de l’Auberge Saint-Mathieu, le choc (positif !) réside dans le contraste entre la rusticité de l’environnement mauricien et le raffinement de la cuisine du chef Samy Benabed et de sa très jeune équipe. Les menus dégustation peuvent finir par être lassants, mais ici, même après huit services et plus de trois heures à table, on n’est pas pressé d’aller se coucher. C’est signe qu’on se sent un peu comme à la maison chez Nicholas Trottier-Lacourse, Florent Borrel, Étienne Prud’homme et Samy Benabed, aubergistes d’exception !

Relisez notre article sur Samy Benabed et l’Auberge Saint-Mathieu

La fête : Pasta Pooks

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Pasta Pooks fait des pâtes une vraie fête.

Comme je l’écrivais en février dernier : qui n’aime pas les pâtes ? J’ajouterais : qui peut y résister quand les médias sociaux nous bombardent de photos et vidéos de dodus tortellis dans leur plus simple appareil, de pappardelles qui reçoivent une pluie de truffe fraîchement râpée, de crémeux spaghettis qui s’enroulent sensuellement autour d’une fourchette ? Ce qu’on aime de Pasta Pooks, c’est qu’ils en font une vraie fête. Partout où passent le cuisinier Luca Labelle Vinci et son associé Victor-Alex Petrenko (autrement nommé Coach Vic), que ce soit pour servir des tortellini in brodo chez Menu Extra ou des gnocchis au marché des Fêtes du restaurant Gia, ils font lever l’ambiance. Au quotidien, on trouve le tandem au Double’s, un autre immense succès de 2023.

Relisez notre article sur les pâtes fraîches

Coup de cœur : Patrice Demers et Marie-Josée Beaudoin

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Marie-Josée Beaudoin et Patrice Demers, du Sabayon

Le couple avait fermé sa pâtisserie de la Petite-Bourgogne à la fin de l’été 2022 pour prendre une année de ressourcement. Celle-ci a culminé avec une résidence de deux mois au restaurant Fulgurances à Brooklyn, en mai et en juin 2023. Le repas en sept services fut un des temps forts culinaires de mon année. Puis, à leur retour, le chef salé-sucré et la sommelière ont rapidement annoncé l’ouverture de leur microrestaurant de 14 places où ils serviraient le thé en trois services et des menus dégustation le soir. Évidemment, leur Sabayon cartonne. Et, oui, c’est frustrant de voir les réservations du mois suivant s’envoler en deux minutes, mais votre tour viendra !

Relisez notre article « Le rêve de deux Québécois à Brooklyn » Relisez notre article « L’heure du thé »

Le dépaysant : Satu Lagi

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Le restaurant Satu Lagi se consacre à la cuisine indonésienne.

Les cuisines de l’Asie du Sud-Est sont parmi mes préférées. En 2022, Pichai et ses délices thaïlandais figuraient dans ma rétrospective. Cette année, la palme de la cuisine aux parfums enivrants revient à Satu Lagi, qui sert des plats indonésiens connus et moins connus. Le propriétaire Kevin Larken est entouré d’une très solide équipe de cuisiniers mariant savoir-faire classique et connaissances du répertoire des îles les plus gourmandes de l’archipel. Qui plus est, le restaurant de l’avenue du Mont-Royal ne laisse entrer aucun gluten dans sa cuisine, au grand bonheur des personnes atteintes de la maladie cœliaque.

Relisez notre critique du Satu Lagi

L’ambitieux : Espace Old Mill

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

L’Espace Old Mill

Voici une superbe adresse qui donne envie de déménager en Estrie ! L’Old Mill sert des repas « fermiers » exceptionnels imaginés par le chef Éric Gendron et sa belle bande de jeunes cuistots, dans un environnement chaleureux qui n’a absolument rien de guindé. Une fois repus, ceux et celles qui auront réservé une des quatre chambres ou la suite de la très jolie Cécil House n’auront qu’à passer à l’étage pour digérer. Le lendemain, à la lumière du jour, c’est possible d’admirer les champs où se trouvent l’été les jardins du maraîcher Jean-Martin Fortier. Espace Old Mill a figuré en 9e position du palmarès enRoute des Meilleurs nouveaux restaurants au Canada en 2023.

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La belle surprise : Casavant

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

La nouvelle brasserie française Casavant

Cette petite brasserie au menu court mais délicieux sur toute la ligne a allumé ses fourneaux dans Villeray en septembre. Le succès fut immédiat. Ouverte sept soirs, l’adresse attire une clientèle jeune comme ses propriétaires actifs – Matisse Deslauriers, Geoffrey Gravel et Amélie Demchuk en salle, Charles-Tristan Prévost en cuisine –, des travailleurs de la restauration qui peuvent y manger jusqu’à minuit, des curieux du quartier et des curieux tout court. C’est un départ en lion rue De Castelnau.

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Les coups de cœur d’Iris Gagnon-Paradis

Nouveau classique : Annette

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Bar à vin Annette sur la rue Molson

Tout ce que touchent le chef Marc-André Jetté et sa conjointe Mila Rishkova semble voué au succès. Ce n’est pas de la chance, mais le résultat d’un travail consciencieux, où l’accent est mis sur la qualité du produit et de l’exécution, le tout sans chercher à être la coqueluche du mois ou à suivre les « tendances ». Le succès immédiat de leur nouveau bar à vin Annette, à quelques pas du Hoogan et Beaufort dans Angus, en est la preuve. C’est sans oublier un autre succès, celui de la boucherie Édouard & Léo, lancée au cœur de la pandémie. D’abord virtuelle, elle a depuis ouvert deux adresses où on peut faire le plein de viandes locales d’exception, mais aussi de délicieux plats cuisinés. Je suis une fan !

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Les battants : Côté Est

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Une tablée chez Côté Est

Je me souviens des premières années du bistro Côté Est, à Kamouraska. C’était certes sympa, avec de généreuses assiettes, dont le Phoque Bardot, ce fameux burger de phoque qui annonçait déjà l’engagement de Perle Morency (lauréate du prix du Meilleur service aux Lauriers 2023) et du chef Kim Côté à faire mieux connaître notre terroir. D’ailleurs, le National Geographic y est passé à l’automne pour un reportage sur l’anguille, à paraître. S’il fallait choisir des restaurateurs à qui accoler le galvaudé terme pandémique « se réinventer », la palme leur reviendrait. Non seulement ils ont réussi leur pari d’une restauration plus humaine et viable en région, mais leur offre gourmande s’est aussi raffinée. Un souper l’été dernier m’a permis de constater que cette table est meilleure que jamais… magnifique coucher de soleil en prime.

Relisez notre article « Goûtez le Kamouraska nouveau »

La locavore : Bika

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

La chef Fisun Ercan dans ses jardins

Un de mes repas les plus mémorables de l’année fut celui à la table fermière Bika, à Saint-Blaise-sur-Richelieu. Le travail qu’abat chaque jour la chef Fisun Ercan pour mener à bien son projet de la ferme à la table est incroyable. Ce n’est pas de la poudre aux yeux : quand les délicieux et raffinés plats de saison qui se posent devant nous dans la magnifique serre du restaurant ne sont pas des fruits des jardins de l’endroit, ils proviennent de producteurs et agriculteurs situés à proximité, et qui travaillent de façon écoresponsable. À mes yeux, Bika est une des meilleures tables du Québec en ce moment, car ce qui est proposé ici est non seulement savoureux, mais a aussi du sens.

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Amours liquides : Ayla

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Le Pistachio sour de l’Ayla

Des fois, on rêve de retourner à un restaurant pour déguster à nouveau tel plat qui nous a marqué. Dans mon cas, je salive à l’idée de plonger de nouveau mes lèvres dans l’incroyable Pistachio sour de l’Ayla, parfumé d’un sirop pistache et rose. Un petit bijou ! La carte à boire de ce restaurant de Griffintown m’avait impressionnée, particulièrement ses cocktails aux enivrants effluves de la Méditerranée, sans oublier la carte des vins, qui a beaucoup de profondeur. Côté bouffe, c’est aussi assez extraordinaire ; je me souviens avec nostalgie d’une assiette de calmars grillés particulièrement réussie. En attendant le retour du printemps, il y aura toujours l’Ayla !

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