Destination prisée des touristes d’ici et d’ailleurs, le Kamouraska recèle de bijoux gourmands à découvrir, dont plusieurs nouveautés hors des sentiers battus, du Haut-Pays au bord du fleuve. Suivez-nous dans une virée gourmande en quatre arrêts, à faire en cette fin de saison… ou à planifier pour l’été prochain.
40 Arpents, Saint-Onésime-d’Ixworth
Dans le Haut-Pays du Kamouraska, au détour d’un rang du petit village de Saint-Onésime-d’Ixworth, la ferme 40 Arpents apparaît comme un secret bien gardé qu’on découvre avec ravissement.
On vous en fait part ici, avec l’accord des propriétaires Patrick Lavoie et Isabelle Vaillancourt. Ceux-ci n’ont pas besoin de visibilité, car ils sont déjà amplement occupés entre le travail de la ferme et leurs jeudis apéros, où ils reçoivent les clients à leur boutique nouvellement transformée en buvette fermière.
Ce qu’ils souhaitent surtout en diffusant leur histoire, c’est faire connaître leur modèle de « petite ferme rentable », dans le but, pourquoi pas, d’inspirer d’autres à faire de même.
Notre rêve, ce serait qu’il y en ait une par village, des petites fermes qui offrent leurs produits à l’assiette, avec un verre de vin. Et il y a 5000 municipalités au Québec !
Patrick Lavoie, copropriétaire de la ferme 40 Arpents
Faire les choses autrement
La ferme 40 Arpents est située sur un bout de terre appartenant à la famille de Patrick depuis six générations. Il y élève des porcs Berkshire et, depuis cette année, des bovins de boucherie, dans l’idée de « revaloriser les veaux laitiers, qui sont souvent euthanasiés à la naissance ».
Tous les animaux sont engraissés lentement, nourris au pâturage et au foin sec. Les mignons porcelets se promènent librement et vivent en communauté. « Au départ, c’était pour notre alimentation. Je cherchais une race plus rustique, car c’était pour élever à l’extérieur. On a pogné de quoi quand on a vu la qualité de la viande. On a acheté une truie, qui a eu des bébés », raconte le fermier.
Désirant demeurer en production artisanale, à échelle humaine, le couple a choisi de vendre uniquement à la ferme, dans une boutique que Patrick, qui est aussi menuisier à ses heures, a bâtie en 2018. Rapidement, les gens se sont déplacés jusqu’au 4e Rang pour venir acheter différentes pièces — côtelettes, osso buco, rôti — et d’autres produits transformés sur place, comme de la saucisse, du bacon ou des cretons.
Naturellement, l’idée d’accueillir les gens pour manger sur place est née. Désormais, les jeudis, à l’heure de l’apéro, on déguste, à la bonne franquette, de la « bouffe de rang » : sandwichs au porc, assiette de coppa et autres petits plats du moment, mitonnés par Isabelle. L’hiver prochain, l’ajout d’un four permettra d’offrir grillades et pizzas. Son fils Loïk Cyr, 25 ans et passionné de vin nature, s’occupe de garnir le coin caviste avec des petites perles : vins de Pinard et filles ou des Pervenches, bières Auval et autres importations privées.
« Nourrir la communauté comme ça, c’est tellement une dose de gratitude, un bonheur de plus, confie Isabelle. C’est fou : Patrick élève les cochons, les voit naître, s’en occupe, puis il fait la charcuterie, il la tranche, la sert ! » Pas plus de la ferme à la table que ça !
La ferme 40 Arpents accueille les clients tous les jeudis à l’heure de l’apéro, l’année durant.
49, 4e Rang Ouest, Saint-Onésime-d’Ixworth
Consultez le site de la ferme 40 ArpentsCôté Est, Kamouraska
Dans le village de Kamouraska, le restaurant Côté Est est un incontournable. Fondée en 2012, cette table réputée pour sa mise en valeur des produits du terroir est l’affaire du chef Kim Côté et de Perle Morency.
La pandémie a été l’occasion pour le couple de restaurateurs de repenser son approche. Une partie de la salle à manger a été transformée en marché gourmand avec un coin caviste, véritable repaire pour dénicher des vins québécois recherchés ou découvrir des nouveautés. On y vend aussi des produits maison, comme de la mousse de foie blond de pintade ou du gravlax de flétan.
Le reste de la salle accueille une buvette intime d’une vingtaine de places. Les assiettes gargantuesques d’avant font place à de petits plats de saison joliment travaillés. Une formule qui permet aussi de réduire le gaspillage alimentaire, remarque Kim.
Désormais complétée par des tables à pique-nique dispersées sur le grand terrain, la terrasse offrant une vue imprenable sur le fleuve devient durant la saison estivale Cantina. On y sert, sans réservation, un menu décontracté, avec la même philosophie dans l’assiette : tacos de phoque, pizzas à l’esturgeon fumé, ailes de pintade…
Pour les restaurateurs, ces changements permettent de ne plus être à la merci de l’affluence touristique, très concentrée pendant quelques semaines l’été.
J’étais écœuré de répondre à la demande touristique. Toujours grossir, ça n’a pas de fin.
Kim Côté, chef du restaurant Côté Est
« À un moment donné, je me suis ramassé dans le fond, c’est un peu pour ça, la raison de ma sobriété aujourd’hui », confie le chef.
Hors-piste dans le Haut-Pays
Avec un peu plus de temps pour lui, Kim, qui a déjà été guide forestier, a pu réaliser un de ses rêves de « petit gars » : acheter un Toyota Land Cruiser. Véhicule idéal pour parcourir le Haut-Pays du Kamouraska, le chef l’a entièrement équipé : auvent, frigo et congélo, équipements de cuisine, tables et chaises.
Lancé au début du mois d’août, le forfait-aventure gastronomique MycoMigrateur permet de découvrir, à bord du véhicule rétro, les attraits du Haut-Pays, qui « ne sont pas vraiment connus, ni vraiment accessibles… on s’en va off-road ! », affirme Kim. « Ça me permet de rejoindre mes deux passions », ajoute celui qui est aussi chasseur et pêcheur aguerris.
En chemin, il y a toujours un arrêt chez un producteur du Haut-Pays, de l’interprétation du territoire, et un repas gastronomique dans le bois, que le chef prépare avec des produits d’exception québécois, en favorisant ceux du Haut-Pays, dont des champignons sauvages fraîchement cueillis.
« Il faut une clientèle prête à tout, car tout peut arriver ! J’ai été moi-même étonnée de découvrir la richesse du Haut-Pays. Du mélilot, il y en a à perte de vue. Des petits fruits, toutes les plantes sauvages aromatiques… C’est incroyable, l’abondance ! C’est le Québec autrement », conclut Perle.
La Cantina est ouverte du jeudi au dimanche, jusqu’au 18 septembre. La buvette et le marché gourmand sont ouverts du jeudi au dimanche, jusqu’au 16 octobre, puis de nouveau du 24 novembre au 18 décembre.
L’expédition MycoMigrateur est proposée pour les groupes de quatre personnes le dimanche, jusqu’au 11 septembre, et sera de retour à l’été 2023, avec ouverture des réservations au printemps.
76, avenue Morel, Kamouraska
Consultez le site de Côté EstEl’Drée Tacos, Saint-Denis-de-la-Bouteillerie
Elle est jolie, la route 132, lorsqu’elle sillonne les villages du Kamouraska qui vont de La Pocatière à Saint-André-de-Kamouraska. Les arrêts gourmands apparaissent au détour, parfois attendus, parfois surprenants.
À la bourgade au nom poétique de Saint-Denis-de-la-Bouteillerie, se dresse un énorme lutteur mexicain à tête de chien. À son côté, on peut y lire « El’Drée Tacos ».
Ève-Andrée (c’est elle, « El’Drée », un diminutif régional du prénom André) Lacombe et Philippe Martin se sont connus dans le Nord, où ils étaient tous deux cuisiniers. La vie les a ensuite menés dans la région du Kamouraska, où ils ont acquis une propriété.
Cette cantine un peu improbable installée dans l’ancien casse-croûte du village, c’est le rêve que caressait Ève-Andrée. La jeune femme est tombée sous le charme des tacos et des autres mets de cuisine de rue mexicaine durant un voyage au pays des Aztèques. « Je me suis mise à faire une fixation sur cette bouffe-là ! Tout le monde mange ensemble sur le coin de la rue, ça coule partout, c’est juste de la joie ! Je trouvais que ça fonctionnait bien avec l’idée de cantine. »
Le couple s’est mis en quête d’un endroit pour réaliser son projet et a atterri ici, redynamisant ce petit village qui, bien que charmant, compte peu d’attraits pour ceux qui sont de passage. À l’arrière s’étend une terrasse composée de tables à pique-nique colorées offrant vue sur les champs.
Tout est fait maison — sauf les tortillas de maïs, faute de temps — avec des ingrédients locaux, par exemple le baja d’anguille fumée, pêchée à Rivière-Ouelle.
On mange comme ça à la maison, en achetant les produits les plus près possible, donc c’était un choix logique.
Ève-Andrée Lacombe, d’El’Drée Tacos
Outre les tacos colorés, quesadillas, nachos, paletas maison et agua fresca sont au programme, ainsi qu’un court, mais réjouissant choix de vins nature et de bières locales.
Depuis l’ouverture au début de l’été, la réponse des gens du coin et des touristes est très enthousiaste. À un point tel que le duo, qui n’a qu’une seule employée depuis peu, doit faire de la mise en place durant ses jours de congé pour arriver à répondre à la demande. « C’est sûr qu’on engage l’an prochain ! On est brûlés, même si on a du fun ! », conclut Ève-Andrée en riant.
El’Drée Tacos est ouvert du vendredi au dimanche, jusqu’au 2 octobre.
7, route 132 Ouest, Saint-Denis-de-la-Bouteillerie
Consultez le site d’El’Drée TacosPizzéria des Battures et April bistro de saison, Notre-Dame-du-Portage
Notre-Dame-du-Portage ne fait pas partie de la MRC du Kamouraska. Elle est à sa frontière, car c’est ici que débute celle de Rivière-du-Loup. Mais pas de guerre de clocher ici ! Ce qui compte, c’est qu’on y trouve une des plus belles vues de la région… et deux nouvelles adresses qui valent le détour.
Ces nouveautés qui donnent un souffle de jeunesse au charmant village sont une affaire de famille. Originaires de l’endroit, François et Ariane April ont passé une partie de leur jeunesse à travailler à l’Auberge sur Mer, un établissement centenaire situé sur la bucolique Route du Fleuve.
Puis, chacun est parti de son côté. Diplômée en ressources humaines, Ariane a travaillé notamment pour le Château Bonne Entente, à Québec. François, lui, est un planchiste professionnel, spécialisé en snowboard urbain. Il a participé à des X Games et fait le tour du monde.
Nouvelle génération
Avec la venue de ses enfants, l’athlète a eu envie de retourner dans sa région pour ouvrir un établissement saisonnier, qui lui permettrait de continuer à pratiquer son sport l’hiver. Pendant des années, il a voulu racheter l’Auberge sur Mer, qui comprend un restaurant, mais les propriétaires d’alors n’étaient pas prêts à vendre. Pour la petite histoire, l’établissement a appartenu, de 1914 à la fin des années 1980, à trois générations différentes d’April.
François a alors eu l’occasion d’acquérir le presbytère du village. L’endroit, magnifique, a été rénové et transformé en restaurant, avec une grande terrasse offrant vue sur le fleuve et le coucher de soleil, réputé un des plus beaux au monde. Dans le petit local adjacent s’est installé le Glacier des battures, qui sert crème molle trempée dans le chocolat, affogato, smoothies, etc.
François s’est fait la main au comptoir à pizza napolitaine de la Bleuetière Marland, un ami. Sa pâte à pizza, faite à partir d’une « poolish » (une technique de préfermentation), repose 72 heures avant de passer au four.
Les pizzas vont de la classique margarita à celles aux champignons, crevettes nordiques ou encore à l’hawaïenne et son chutney d’ananas épicé. Le reste du menu est typique de cette cuisine : polpettes, burrata, arancini, carpaccio de bœuf, salade césar (avec la romaine grillée au four à pizza !).
À peu près au même moment, les propriétaires de l’Auberge sur Mer ont finalement été prêts à vendre. François a appelé sa sœur à la rescousse, qui y a vu l’occasion de revenir vivre dans le coin. Avec leur oncle, ils ont racheté et remis au goût du jour l’établissement, qui compte aussi un motel adjacent.
On est la quatrième génération d’April ici. Notre grand-père doit se retourner dans sa tombe !
Ariane April, copropriétaire de l’Auberge sur Mer
Ils ont complètement repensé le concept du restaurant. Renommé April, l’endroit est désormais un bistro de saison à saveur locale. On y sert aussi, tous les matins, un brunch gourmand vraiment réussi. Et pas besoin d’être client de l’auberge pour en profiter.
La Pizzéria des Battures est ouverte du jeudi au dimanche, jusqu’au 18 décembre. Le Glacier des Battures est en action jusqu’au 5 septembre.
April bistro de saison est ouvert tous les jours pour le brunch et du mardi au samedi en soirée, jusqu’au week-end de l’Action de grâce.
537, route du Fleuve, Notre-Dame-du-Portage
Consultez le site de la Pizzéria des Battures363, route du Fleuve, Notre-Dame-du-Portage
Consultez le site de l’Auberge sur Mer