Tristesse, admiration, gratitude, appréciation ont été manifestées à la suite de la publication Instagram du Pullman qui annonçait sa fermeture le 18 mai. Le mythique bar à vin montréalais, situé à l’angle des rues Sherbrooke et de Bleury, fait partie du paysage montréalais depuis 20 ans.

La décision prise par ses propriétaires, Catherine Bélanger et Bruno Braën, a été longuement murie. Les rumeurs couraient déjà, à l’approche de la date fatidique du renouvellement de bail. Malheureusement, les négociations avec le nouveau propriétaire de l’immeuble n’ont pas abouti. Le nouveau loyer exigé était beaucoup trop élevé pour ce qu’une entreprise de restauration peut se permettre de payer de nos jours. Des projets flous de rénovations, avec tout ce que cela peut entraîner de poussière, de bruit et d’entraves à l’accès ont aussi pesé dans la balance.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Frédéric Simon et Catherine Bélanger, en 2016

« On aurait pu déménager dans un autre local, mais on ne voyait pas comment reproduire le Pullman ailleurs », explique Mme Bélanger, également copropriétaire du vignoble Pinard et filles avec Frédéric Simon et du comptoir Moleskine au Time Out Market.

« Puis la restauration a beaucoup changé en 20 ans. Il y a de nombreux restaurateurs de notre garde qui raccrochent leur tablier. »

Si on avait à rouvrir un bar à vin en 2024, on le ferait bien différemment parce que ce n’est plus du tout la même réalité qu’en 2004.

Catherine Bélanger, copropriétaire du Pullman

« Entretenir une institution que les gens fréquentent avec des attentes, ce n’est pas si facile que ça, poursuit la vétérane. On doit tout garder tel quel. Si je voulais refaire le Pullman comme il est depuis ses débuts, ce serait une job à temps plein. Et des jobs j’en ai déjà quelques-unes, avec le vignoble, la pizzéria et la famille. Quand on a ouvert le Pullman, j’avais 30 ans et que ça à faire. Si jamais on fait autre chose un jour, le modèle sera différent. On va commencer par se laisser digérer cette fin de chapitre. »

Bruno Braën, lui, entend consacrer plus de temps à ses projets de designer. C’est lui qui avait conçu le décor si unique du Pullman, sur plusieurs niveaux et avec des salles privées à géométrie variable.

De nombreux travailleurs de la restauration sont passés au Pullman, au fil du temps, que ce soit Véronique Dalle (aujourd’hui au Foxy) qui a longtemps tenu le fort côté sommellerie, Morgane Muszynski (elle annonçait son départ du Denise la semaine dernière), Rosalie Forcherio (copropriétaire du restaurant Paloma, dont le chef, M. Forcherio père, part à la retraite dans un mois), Nadine Boudreau (Butterblume) et une foule de propriétaires ou d’employés d’agences de représentation en vin comme Oenopole, Boires, Primavin, Planvin, etc. Les chefs Stelio Perombelon, Frédéric St-Aubin, Éric Dupuis et Danny St-Pierre, entre autres, ont également passé du temps dans les cuisines du Pullman.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRECHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La sommelière Véronique Dalle

La dernière soirée du bar à vin sera celle du samedi 18 mai. D’ici là, il restera ouvert du mercredi au samedi à compter de 16 h 30. Les vins qui resteront seront écoulés sur la boutique en ligne.

Consultez le site du Pullman