Le gouvernement caquiste est clair : plus que jamais, pour devenir immigrant économique au Québec, il faudra prouver qu’on maîtrise le français.

Afin de s’assurer que l’immigration favorise la pérennisation de la langue française au Québec, on promet que 96 % des « demandeurs principaux » vont connaître le français à partir de 2026 parmi les candidats à l’immigration économique (comparativement à 72 % en 2018).

Il importe de saluer les efforts faits par la Coaltition avenir Québec (CAQ) en matière de francisation des immigrants, un dossier dans lequel la négligence est la règle depuis trop longtemps à Québec.

Mais tant qu’à faire le grand ménage, Québec devrait aussi mettre à jour au plus vite le test imposé aux immigrants.

Parce que ce test est conçu en France, ce qui est aberrant.

Et parce que, parallèlement, la conception de cet examen, cible de nombreuses critiques, devrait être améliorée.

Une journaliste du Devoir, qui a récemment passé les épreuves orales de ce test, a notamment rapporté que la plupart des questions portant sur la compréhension sont posées avec un accent français.

Elle a aussi signalé qu’on utilise des expressions ou des mots qui sont davantage utilisés en France qu’ici. Décrire le repas du midi comme un déjeuner, par exemple. Ou dire que « c’est fichu » ou que « c’est pas de la tarte ».

Sans compter que certaines questions sont formulées de telle manière que même quelqu’un dont la langue maternelle est le français peut avoir du mal à y répondre.

« ll y avait des questions auxquelles je ne savais pas quoi répondre. J’ai clairement eu des réponses fausses, j’ai trouvé ça difficile ou peu clair et ce n’était pas lié au fait de comprendre le français ou pas », nous a expliqué Catherine Xhardez, professeure adjointe au département de science politique de l’Université de Montréal.

Cette spécialiste des politiques d’immigration, d’origine belge, dont la langue maternelle est le français, a passé le test récemment. Elle a confirmé qu’on sent clairement qu’il est conçu en France et pas au Québec.

Tout ça n’est ni normal ni souhaitable. Et encore moins depuis que ce test est appelé à être l’ultime examen des compétences pour un plus grand pourcentage d’immigrants économiques qui veulent s’établir au Québec.

La bonne nouvelle, c’est que la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, en est consciente. Questionnée à l’Assemblée nationale à ce sujet par la députée solidaire Ruba Ghazal, elle a dit avoir demandé à ses équipes de « travailler à ce que les tests soient mieux adaptés au contexte québécois ».

« Il y a des références au Québec qui ont déjà été introduites, là, dans plusieurs des tests standardisés. On veut que ça se poursuive comme travail », a-t-elle dit.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Christine Fréchette, ministre de l’Immigration

Mais pourquoi se limiter à adapter un test français au Québec ? Vous imaginez le tollé si le gouvernement français utilisait un test fait au Québec pour évaluer les compétences des immigrants…

Osons donc créer de toutes pièces un examen 100 % québécois ! Peut-être un test conçu par l’Office québécois de la langue française, tel que suggéré par Ruba Ghazal ?

Il est vrai que le ministère de l’Immigration, pour sa part, a du pain sur la planche.

Car s’il vient d’inaugurer en grande pompe Francisation Québec, un guichet unique où on retrouve désormais tous les services de francisation offerts par Québec, ne pensons pas que ce dossier est réglé.

Le déploiement de ce système ne fait que commencer. Il faudra certainement le surveiller de très près, en souhaitant que tout fonctionne comme prévu.

Et voyons voir jusqu’à quel point le nombre d’immigrants non francophones qui s’inscrivent aux services de francisation grimpera dans la foulée de la réforme caquiste.

Mais en attendant, trouvons le moyen d’offrir rapidement aux immigrants qui choisissent le Québec un test de français conçu ici, apte à évaluer leurs compétences linguistiques de la meilleure des façons.

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