Six sujets qui auraient mérité de retenir davantage l’attention des médias.

Les opérations reportées

Plus de 160 000 Québécois attendent actuellement pour une intervention chirurgicale, dont 21 066 depuis plus d’un an (chiffres de la mi-décembre). On le sait, une bonne partie des retards ont été causés par le délestage effectué pendant la pandémie. Malheureusement, la pénurie de main-d’œuvre et le débordement des urgences empêchent de se mettre en mode rattrapage. « Durant la dernière année, le niveau d’activités chirurgicales au niveau national s’est maintenu entre 83 % et 95 % », nous dit le ministère de la Santé. Souvent, les hôpitaux ne parviennent pas à ouvrir toutes leurs salles d’opération, faute d’employés. Les cliniques privées sont mises à contribution, mais Québec n’a pas d’objectif précis pour revenir à la situation prépandémique, se contentant d’affirmer vouloir l’atteindre « le plus rapidement possible ».

Philippe Mercure

Le REM de l’Est, prise 2

Oh oui, bien sûr, le REM de l’Est a fait couler beaucoup d’encre en 2022. Il fallait dénoncer ce projet de train en hauteur qui aurait défiguré le centre-ville de Montréal. Un projet que Québec avait lancé à l’envers, sans évaluer toutes les options, sans fournir un montage financier solide. Sa mise au rancart, en mai dernier, était donc une excellente nouvelle. Sauf que l’Est a quand même besoin de transports collectifs. Québec et la Ville de Montréal planchent sur un nouveau projet avec l’Agence régionale de transport métropolitain (ARTM), qui sent l’impatience monter. Prenons le temps de bien réfléchir avant de lancer une nouvelle mouture du REM de l’Est. Mais, de grâce, ne suivons pas la même voie que le prolongement de la ligne bleue qui avance à pas de tortue depuis 40 ans.

Stéphanie Grammond

Les retards scolaires

On s’en doutait, c’est confirmé : les écoles fermées pendant la pandémie et les cours à distance ont eu des impacts sur les élèves du Québec, et ils ne sont évidemment pas positifs. En 2022, les élèves de 5e secondaire ont été moins nombreux à réussir leur épreuve de français qu’avant la pandémie. Les taux de réussite en mathématiques et en sciences ont aussi diminué. Pour empirer les choses, un autre phénomène menace nos élèves : l’attractivité du travail découlant de la pénurie de main-d’œuvre. Le ministre du Travail, Jean Boulet, a réagi promptement en annonçant un projet de loi pour l’an prochain. Bravo ! Il faut y veiller : le Québec ne peut tout simplement pas se permettre de voir son taux de décrochage augmenter.

Philippe Mercure

La réforme du mode de scrutin

D’accord, on en a parlé cet automne quand la CAQ a remporté 72 % des sièges (90 sièges sur 125) avec 41 % des votes aux élections québécoises. Ensuite, l’enjeu a malheureusement été relégué aux oubliettes, pour la même raison qu’à toutes les fois où on fait ce débat : le parti au pouvoir ne souhaite pas changer les règles qui lui ont permis de former le gouvernement. François Legault prétend que la réforme du scrutin n’intéresse que « quelques intellectuels », mais selon un sondage Léger, 53 % des Québécois sont en faveur d’une telle réforme, contre 27 % qui n’en souhaitent pas. Ces « 53 % d’intellectuels » doivent se manifester plus fort entre deux élections pour éviter que le sujet ne tombe à nouveau dans l’oubli. C’est trop important.

Vincent Brousseau-Pouliot

Le français au Nouveau-Brunswick

On a bien raison, au Québec, de se soucier de la précarité du français à l’intérieur de nos frontières. Mais on devrait aussi se préoccuper davantage du sort de la langue de Molière ailleurs au Canada. Et tout particulièrement au Nouveau-Brunswick, seule province officiellement bilingue du pays, où le premier ministre Blaine Higgs fait actuellement la vie dure aux francophones. On n’a pas assez d’espace ici pour résumer tout ce qu’il a pu dire et faire qui démontre qu’il se fiche de la survie du français. Notons qu’il a nommé, sur le comité qui doit réviser la Loi sur les langues officielles de la province, un ministre qui dénigre la dualité linguistique. Il n’y a pas de doute possible : les francophones du Nouveau-Brunswick ont un urgent besoin de soutien.

Alexandre Sirois

La hausse de l’antisémitisme

Il y a le mot en A et le mot en B : antisémitisme et banalisation. On aimerait que l’un et l’autre ne soient jamais prononcés ensemble. Pourtant, ce qu’on constate depuis quelques années, c’est que la haine envers les Juifs est de plus en plus courante et de plus en plus normalisée. On n’a qu’à regarder ce qui se passe sur les réseaux sociaux pour s’en convaincre. Le rapper Kanye West est loin d’être le seul à afficher son antisémitisme avec fierté. Et ce n’est pas que virtuel. Les actes antisémites sont en hausse, notamment au Canada et aux États-Unis. Au pays de Joe Biden, en octobre dernier, 24 % des Juifs ont dit avoir été victimes d’antisémitisme au cours de l’année. Il faut parler de cette troublante dérive. Et cesser de la banaliser.

Alexandre Sirois

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