Une majorité de lecteurs se disent inquiets de voir les médecins québécois se tourner de plus en plus vers la pratique privée. Voici un aperçu des courriels reçus à notre appel à tous de cette semaine.

Américanisation du système

Cette situation est des plus déplorable. Cela vient saper notre système public qui a grand besoin de toutes les ressources disponibles et instaure un régime à deux vitesses et à multiples richesses. C’est une « américanisation » d’un système de santé qui vise l’égalité, et ce, même s’il y a des ratés. Les intervenants médicaux, tous confondus, qui quittent le réseau public, n’ont pas de conscience sociale et sont de grands individualistes. Je sais que cette généralisation est simpliste, la situation étant plus complexe, mais force est de constater que les valeurs « sociales-démocrates » s’effritent à vitesse grand V.

Marie Josée Champagne, Trois-Rivières

Offre abondante au privé

N’ayant pas de médecin depuis cinq ans, j’arpente maintenant les sites internet à la recherche d’un médecin au privé. Je suis de plus en plus stupéfaite de voir que les offres au privé abondent de façon exponentielle. Dernièrement, j’avais besoin de consulter un dermatologue pour un eczéma sévère et qu’elle ne fut pas ma surprise de constater que ces médecins spécialisés en maladie de peau offrent essentiellement leurs services en chirurgie esthétique ! Et pourtant, la province a un besoin criant de dermatologues. Ne cherchez plus, ils sont au privé bien installés dans leur business lucratif. C’est vraiment désolant, mais ce constat indique clairement qu’il y a un problème éthique dans la profession. Les Québécois méritent mieux.

Rafaëlle St-Pierre

Système en perte

Il faut stopper cette tendance, sinon c’est le système public qu’on va perdre !

Line Lacerte

Longs délais

Je suis un peu surpris du nombre si peu élevé de médecins qui sont au privé, je m’attendais à beaucoup plus, je dirais entre 10 et 15 %. Cela prouve une chose : c’est que ce n’est pas le nombre de médecins au privé qui est la cause des longs délais que les usagers subissent au public. C’est le manque de médecins au public et le manque de personnel médical qui en expliquent la cause. Alors dans ce contexte, comment en vouloir au secteur privé et surtout aux gens qui paient de leurs poches pour se faire soigner au privé en plus de payer au public à travers leurs impôts ? Non, ça ne m’inquiète pas, et ça va augmenter si le gouvernement ne redresse pas la barre – et ce sera tant pis. Mais arrêtons de mettre ça sur le dos du privé !

Jacques Lapointe

Inadmissible

Il est absolument inadmissible que de nouveaux médecins récemment diplômés se dirigent directement vers le privé. Le coût de leurs études étant largement assumé par Québec, l’obligation de pratiquer dans le système public pendant un certain nombre d’années me semble une exigence minimale.

Jean Grimmard

Système hybride

Les délais raisonnables et la qualité des soins constituant les critères dominants, je suis de ceux qui encouragent une participation accrue du privé en matière de santé. Un système hybride favoriserait la concurrence et la recherche de l’excellence au secteur public. Des pays ont déjà adopté avec succès le modèle.

Paul-André Milette, Beloeil

Le beurre et l’argent du beurre

Je pense que des médecins formés dans un système d’éducation public devraient, s’ils veulent exercer dans le privé, rembourser à l’État québécois la différence entre le coût d’une formation dans le système d’éducation privé (comme aux États-Unis) et celui qu’ils ont payé dans le système d’éducation public du Québec, et ce, en appliquant le simple principe d’équité. Comme le dit si bien l’expression : « On ne peut à la fois vouloir le beurre et l’argent du beurre. »

Michel Potvin

Abandon du système

Je comprends que certains médecins se tournent vers cette pratique dans le système actuel. Et on doit laisser cette option pour tous ceux et celles comme moi qui n’ont pas de médecin et que le système abandonne. 

Diane Vallée

Les citoyens qui paient

Je crois que si des médecins décident de pratiquer au privé ou à l’extérieur du Québec à la fin de leurs études, payées en majorité par nos taxes et impôts, donc par les citoyens qu’ils auraient dû servir, eh bien, ces médecins devraient rembourser à l’État la totalité des sommes investies dans leurs études par l’État. Ils auront alors un choix à faire : soigner les citoyens ou leur compte en banque.

Myriam Lemire

Un système qui bat de l’aile

Ce n’est qu’une question de temps avant que ce pourcentage n’augmente davantage. Notre système de santé bat de l’aile depuis de trop nombreuses décennies et nos ministres de la Santé tous partis politiques confondus ont été incapables de renverser cette tendance. Alors ces nouveaux médecins qui délaissent le public le font sans doute pour la bonne raison… fournir un meilleur service de qualité aux nantis qui peuvent payer, mais aussi pour avoir des horaires qui leur conviennent. Si au moins le gouvernement permettait l’utilisation de cette médecine privée tout en accordant un certain remboursement, disons de 50 %, aux clients. Un juste équilibre permettrait aussi de réduire les temps pour voir un médecin, subir une opération et peut-être même de passer moins de temps aux urgences. Je ne suis pas d’accord avec une médecine privée sauf s’il y avait une harmonisation bien claire avec le public tout en assurant un remboursement aux contribuables.

Michel Poulin, Gatineau