Nos lecteurs sont plutôt d’accord avec Jérémy Jasmin1, qui s’oppose à ce qu’on rebaptise l’avenue Christophe-Colomb en raison de son caractère historique controversé. Voici un aperçu des courriels reçus.

À chaque époque ses travers

Je suis tout à fait d’accord avec M. Jasmin. Chaque époque a ses valeurs, et qui sommes-nous pour juger celles d’une autre époque et penser que les nôtres sont meilleures ? Nous avons en 2023 des valeurs qui seront certainement jugées un jour. Chaque époque a ses travers. C’est peut-être à ça que l’histoire peut servir, à faire réfléchir et ne pas refaire les mêmes erreurs. Si on efface tout, c’est comme si réfléchir n’avait plus sa place et l’histoire se répétera.

Suzanne Lemelin, Québec

Le chemin parcouru

Je suis pleinement d’accord avec la lettre de M. Jasmin. Rien n’est parfait et c’est toujours possible de trouver à redire, mais comme on dit : le passé est garant de l’avenir. Sans l’histoire et notre passé, comment s’instruire de nos erreurs et de nos bons coups ? Il est important de garder un ancrage avec le passé, ne serait-ce que pour apprécier le chemin parcouru.

Alain Legault

L’effacement ajoute à la méconnaissance

La complexité historique de nos civilisations commande un approfondissement du contexte, des mutations explicatives et non un effacement en orage de reproches. L’effacement est un ajout à la méconnaissance de l’histoire, un refus de la critiquer au sens noble pour que nous mesurions les parcours de l’évolution.

Louisiane Gauthier

Un ajout

Tout en étant d’accord avec la présente lettre d’opinion, je suggère d’apposer de petits panneaux visant à documenter brièvement les noms des personnages qui y sont affichés. Non seulement on protège l’identification toponymique, mais on augmente la connaissance des citoyens.

Réjean Charbonneau

Pas honorable

Habituellement, lorsqu’on nomme un endroit d’après un personnage historique, c’est pour honorer ce dernier. Or, la manière dont Christophe Colomb a exécuté les esclaves autochtones qui lui désobéissaient était loin d’être honorable.

Daniel Ratté

Une couche de connaissance

Dans ce débat, votre intervention est bienvenue, M. Jasmin. Comme vous, je ne crois pas très utile de renommer une rue en fonction d’une révision de l’histoire. Toutefois, je reconnais qu’en parler ajoute une dimension à notre connaissance de cette histoire revisitée. Il serait intéressant de trouver une formule exposant les deux côtés de cette connaissance historique à titre de formation et d’information tout en laissant en place les noms et les monuments concernés ; beau sujet de thèse pour un étudiant en histoire !

Hugues Beauregard

Souvenirs effacés

J’avais un certain malaise avec cette proposition de M. Coelho. Étant né sur la rue de La Roche, j’avais l’impression qu’on effaçait une partie de mes souvenirs d’enfance…

André Poulin

Gommé par l’histoire

Tout à fait d’accord ! Il vaut mieux apprendre de l’histoire – et voir à faire mieux à l’avenir – que de renier ce qui fut ! Qui êtes-vous, Ray Coelho, pour juger le passé, le nier, le gommer et en priver celles et ceux qui souhaitent vivre avec, tout près, justement pour se souvenir ? Qui êtes-vous pour décider de ce qui doit être conservé et de ce qui doit disparaître : espérez-vous ainsi passer à l’histoire et, un jour, en être gommé à votre tour ?

Francine Jourdain, Québec 

Grandissons

Je suis entièrement d’accord. Refuser le passé est un acte de vengeance a posteriori. Assumons ce passé qui fait que nous sommes aujourd’hui qui nous sommes. Ce serait comme nier son enfance parce qu’elle ne ressemble pas à celle des enfants de maintenant. Grandissons un peu !

Marie Bernier, Montréal

Trop de saints

Je suis bien d’accord avec cette opinion. Néanmoins, même si la religion catholique fait partie de notre histoire, je remplacerais bien quelques saintetés par des noms d’arbres !

Diane Chevalier

Le gros bon sens

Cet article de M. Jasmin fait appel à la logique, au gros bon sens. J’apprécie beaucoup, car le gros bon sens se fait de plus en plus rare. Allons-nous, comme certains pays, effacer notre histoire au lieu de l’apprendre, de l’étudier ? Si on veut en savoir plus sur tous ces personnages « controversés », on n’a qu’à lire. Ça ouvre l’esprit.

Pierre Poulin

Pour apprendre

Il est futile, voire dangereux, de vouloir effacer, juger, condamner des personnages de notre histoire au regard de nos valeurs actuelles. Notre histoire doit s’exprimer dans son ensemble, c’est la seule façon, selon moi, d’apprendre d’elle.

Johanne Tourigny

Expliquer le passé

Il ne faut pas renier notre passé, mais plutôt l’expliquer. L’historien en moi demande que cessent ces changements de noms géographiques, à moins de raisons extraordinaires. Expliquons aux élèves, à la population le rôle de Christophe Colomb dans un contexte historique.

Pierre C. Tremblay, Montréal

De la souffrance partout

Je suis entièrement d’accord avec M. Jasmin. L’histoire humaine n’est pas une prairie verdoyante, mais un paysage rocailleux, montagneux avec des tracés sinueux, pleins d’embûches. Si le nom de Christophe Colomb évoque la souffrance, dites-vous que la plupart des grands de ce monde ont été la cause de nombreuses souffrances ou ont fermé les yeux sur celles-ci. Pourtant on visite des lieux qui évoquent leur souvenir. De Jules César à Napoléon Bonaparte, de Pie IX ou XII à Kennedy, de Washington à Churchill. Nos églises sont l’image puissante et persistante d’une institution qui a causé tant de malheurs dans le monde. Pourtant, je n’appelle même pas à leur destruction. Bref, enseigner plutôt qu’effacer.

Alan Charles

1. Lisez la lettre de Jérémy Jasmin