Nos lecteurs, nombreux à commenter, sont nettement favorables à l’aide médicale à mourir pour les personnes atteintes de maladies neurocognitives, comme la maladie d’Alzheimer, si elle est bien encadrée. Voici un aperçu des commentaires (plus de 200) reçus à notre appel à tous.

Un point de non-retour

Connaître un être brillant en tous points et le voir se dégrader jusqu’à ce qu’il ne sache plus porter une fourchette à sa bouche… Être inconscient de ce qui l’entoure, c’est un point de non-retour pour un humain. Choisir de partir en évitant le pire de la déchéance. En se respectant et en respectant ceux qui nous entourent. Préparer cette éventualité n’est que sagesse.

Brigitte Meunier

Enfin, il est grand temps que cette mesure arrive. À quoi bon vivre alors que l’on ne sait plus ce qu’est la vie ?

Christian Legendre, Gatineau

10 ans dans un CHSLD

Ma mère a passé 10 ans dans un CHSLD à ne plus reconnaître ses proches et à végéter. Elle était une personne fière et jamais elle n’aurait accepté cet état si elle avait su ce qui l’attendait. Il est hors de question que je vive la même chose. Mais il sera évidemment complexe de déterminer les conditions par lesquelles une demande anticipée pourra se concrétiser. Chaque personne pourra-t-elle décider à partir de quel état neurologique on pourra lui administrer l’AMM ? Dès qu’elle ne reconnaît plus personne ? Dès qu’elle n’a plus de mémoire à court terme ? Beau débat en perspective.

Hélène Bergeron

À considérer en toute lucidité

Il sera primordial évidemment de bien encadrer le processus décisionnel pour ce dossier si épineux. Cela dit, c’est plutôt encourageant pour les familles qui doivent composer avec la détérioration cognitive reliée à cette maladie et toutes les conséquences qui en découlent. Les balises doivent inévitablement s’inscrire dans des cadres légaux, mais avec révisions fréquentes ; ces maladies étant malheureusement et rapidement dégénératives. Bref, des décisions qu’il faudra considérer en toute lucidité, avec toute l’incertitude et la complexité que cela comporte, au même titre qu’un mandat d’inaptitude. Si les termes légaux sont bien établis, je vois cela d’un bon œil.

Sophie Tougas, Bedford

Si l’âme n’y est plus

Quand l’âme qui anime le corps et la vie de l’être humain, soit le cerveau, n’y est plus, vivre devient inutile puisque l’on dépend totalement des autres pour survivre. On devrait pouvoir décider en pleine possession de nos facultés de l’avenir de notre existence. L’aide médicale à mourir est la meilleure issue pour ceux qui le désirent.

Michèle Guinard

Le contraire de la dignité

Pourquoi attendre le début de la maladie pour s’inscrire à l’aide médicale à mourir ? Je favoriserais la mise en place d’un formulaire de consentement pour toute personne au-dessus d’un certain âge, disons 70 ans, qui ferait en sorte qu’en cas de maladie d’Alzheimer, l’inscription à l’aide médicale à mourir serait automatique. Je visite mon père régulièrement dans un CHSLD depuis cinq ans et je suis en mesure d’affirmer que cette maladie irréversible a tout l’effet contraire de mourir dans la dignité.

Claude Saulnier

Rien de bien à vivre

J’ai eu un diagnostic d’alzheimer l’année dernière. J’ai vécu la fin de vie de ma mère atteinte de cette même maladie et je ne veux pas la vivre et la faire vivre à mes enfants. Je suis médicamentée et je vois la dévolution lente de mon état, que j’accepte positivement mais… je veux avoir accès à l’aide à mourir car il n’y a rien de bien à vivre et à ne pas se rendre compte que nous sommes en vie ! C’est un non-sens. Cette loi devrait être adoptée au plus tôt. J’ai bien avisé mes enfants de mes intentions et de m’aider à l’obtenir avant de me rendre là…

Francine Bienvenu

Un soulagement

En tant que proche aidante de 70 ans, ce sera un grand soulagement de pouvoir signer cette demande. Nous, les baby-boomers, vivons les ravages de cette triste maladie sur nos parents. Nous voyons le nombre de cas augmenter dans les CHSLD, qui manquent de place et de personnel. Nous ne voulons pas que nos enfants aient à s’occuper de nous comme on le fait, en se sentant coupables d’avoir hâte que ça finisse et en sachant qu’une fois le diagnostic établi, c’est un non-retour !

Monique Ouellet

Choisir quand

Mon père est décédé de l’alzheimer à 82 ans. Ma mère de dégénérescence cognitive à 79 ans. Je ne sais pas ce qui m’attend, mais je veux avoir le choix de décider quand je vais partir, dignement. Quitter la scène encore capable de reconnaître mes enfants et sans porter de couche. Leur dire au revoir, serrer mon amoureux dans mes bras une dernière fois et m’endormir sur un air de jazz, content d’une vie riche.

Robert Pelletier, Montréal

Sale maladie

Sujet délicat. Je comprends tout à fait l’idée. J’ai vu des gens partir de l’alzheimer dans ma famille. Sale maladie.

Cela dit, il faut aussi se mettre dans la peau du médecin. Imaginez : c’est la date et l’heure choisites. Vous entrez dans la chambre du patient qui peut-être à ce moment-là va assez bien, même s’il n’est plus tout à fait là.

Il sourit et semble bien et vous, vous avez comme tâche de l’envoyer dans l’autre monde.

Facile à dire. Moins facile à faire.

Je suis 100 % pour l’aide médicale à mourir, mais je sais que si j’étais ce médecin, je ne pourrais pas le faire. Je pense qu’il sera difficile de trouver le professionnel de la santé prêt à le faire.

Pierre Lavigne

Qui fera l’injection ?

Je pense que l’idée première est bonne. Les gens qui sont atteints de maladies dégénératives et atteintes cognitives pourront choisir de partir selon leur demande.

Le problème est que je ne me vois pas décider pour un proche qui n’a plus toute sa raison de l’instant où il doit partir. Ce proche ne se souviendra pas de sa demande antérieure et ne voudra sûrement pas coopérer.

J’ai une sœur qui est en CHSLD et même si elle avait fait une demande anticipée, et malgré la grande détérioration de son état, elle ne veut pas mourir. Si elle avait toute sa tête, elle ne voudrait pas vivre dans les conditions qui sont les siennes. Mais qui donc décidera alors de faire l’injection ? Sûrement pas moi…

Suzanne Leclerc