Une majorité de nos lecteurs ne sont pas enthousiastes à l’idée de réduire le taux d’alcoolémie au volant. Pour plusieurs d’entre eux, la solution réside davantage dans l’éducation des conducteurs et l’application stricte de la loi. Voici un aperçu des courriels reçus à la suite de notre appel à tous de cette semaine.

0,08, c’est beaucoup trop

Munis d’un dispositif permettant de tester notre taux d’alcool, il nous arrive de prendre des mesures de temps à autre. Nous consommons de l’alcool une fois ou deux par semaine, avec des amis, de la famille, autour d’un bon repas. Nous prenons ces mesures pour voir si nos impressions sont bonnes, pour valider les « ah chéri, tu ne pourrais certainement pas conduire ! » (pas qu’il nous faille prendre la route puisque tout le monde dort à la maison ou repart avec quelqu’un qui n’a pas bu). Bref, je ne compte plus les fois où me sentant parfaitement incapable de conduire, j’avoisinais à peine le 0,05… de même pour nos invités. Tout ça pour dire que nos facultés sont visiblement déjà considérablement affaiblies à 0,05… À 0,08, on est un danger public, c’est une certitude. Ça fait longtemps que je sais que 0,08, c’est beaucoup trop. Il est grand temps de changer les choses.

Gabrielle Dubois

Une limite raisonnable

Lorsqu’il y a un accident grave impliquant l’alcool, j’essaie toujours de savoir quel était le taux d’alcool du conducteur. Évidemment, cette donnée n’est pas toujours accessible, mais lorsqu’elle l’est, il s’agit la plupart du temps de taux faramineux. Des policiers que je connais me l’ont d’ailleurs souvent confirmé. Alors la question réelle est de savoir si un abaissement de la limite changerait réellement quoi que ce soit chez le délinquant. J’en doute fort. La limite actuelle me semble raisonnable, si elle est respectée et vérifiée. C’est peut-être cet aspect qu’il faudrait améliorer.

Luc Binette

Le mauvais message

Avec le 0,08, le Québec donne le message que l’on peut boire avant de conduire. Je suis d’accord avec le 0,05.

Mario Blais, Lac-Simon

Tolérance zéro

Comme pour les apprentis conducteurs, ça devrait être tolérance zéro ; ainsi, on éviterait cette zone grise où l’on se sent « capable » de conduire, après quelques consommations. L’alcool altère notre jugement et nos réflexes, et ce, après un seul verre. Moi-même, je m’abstiens de conduire, ne serait-ce qu’après un seul verre de vin. Malgré tout, il restera toujours d’irréductibles récidivistes au volant et, souvent, ce sont eux qui font des ravages et des accidents mortels sur les routes. Et ils s’en sortent souvent avec des peines bonbons. Encore une fois, la vaste majorité des gens responsables devront payer pour cette minorité d’imbéciles.

Isabelle Levasseur, Saint-Laurent

Un antidémarreur dans tous les véhicules

Arrêtons de tourner autour du pot : si on veut vraiment empêcher de conduire sous l’effet de l’alcool, il faut obliger les constructeurs automobiles à installer un antidémarreur éthylométrique dans tous les véhicules. On a déjà forcé les constructeurs à ajouter des équipements afin d’accroître la sécurité au fil des ans, pensons aux ceintures de sécurité, aux coussins gonflables ou à la caméra de recul. Évidemment, une telle mesure déplairait à beaucoup de personnes, notamment aux avocats ou aux propriétaires d’endroits licenciés.

Denis Masse

Il faut abaisser le taux

Question de sécurité, le taux devrait être abaissé à 0,05.

Robert Legault

Le vrai problème ?

Est-ce vraiment le taux de 0,08 qui est le problème ou plutôt l’absence du respect des limites de vitesse, les dépassements dangereux, le manque de courtoisie des automobilistes et des camionneurs, et l’absence de policiers sur nos routes ? Ramenez le taux permis à 0,05 ou à 0,02 sans autre amélioration de la surveillance ni l’ajout de mesures coercitives sur nos routes et rien ne changera, malheureusement.

Pierre-Louis Rivest

Un outil de plus pour les policiers

Ayant travaillé comme policier en Colombie-Britannique, la limite proposée de 0,05 existait déjà dans les années 1980. Il ne faut pas confondre les deux. La limite de 0,08 est déterminée par le Code criminel, tandis que la limite de 0,05 est une mesure déterminée par le Code de la sécurité routière qui permet aux policiers de suspendre le permis de conduire pour une période de 24 heures et de procéder à la saisie du véhicule pour la même période. Les instances politiques provinciales pourraient bien instaurer ces nouvelles mesures et fournir aux policiers un autre moyen pour combattre le fléau qu’est la conduite avec les facultés affaiblies. Je ne crois pas qu’il y ait une volonté politique fédérale de modifier le Code criminel. Il faut agir autrement.

Jean-Luc Lemay

L’éducation et l’application de la loi

Il n’a jamais été démontré que l’augmentation de la sévérité des peines réduisait la fréquence des crimes : pourquoi en serait-il autrement pour une limite plus basse du taux d’alcool ? La solution réside dans l’éducation des conducteurs et l’application stricte de la loi.

Claude Laporte, Magog

Le taux de 0,08 est parfait

Le 0,08 est parfait. Je parle par expérience, ayant été policier et ayant intercepté plusieurs automobilistes. La majorité des conducteurs ivres impliqués dans des accidents où j’ai dû intervenir en tant que policier avaient des taux d’alcoolémie de plus de 0,12. On voyait très rarement des accidents impliquant un conducteur avec un taux entre 0,08 et 0,10.

Les barrages routiers sont presque toujours la seule façon de détecter et d’intercepter un conducteur ivre au volant par sa façon de conduire et qui a un taux d’environ 0,08.

Réduire le taux permis à 0,05 serait une grave erreur. Ça empêcherait les personnes responsables de sortir au restaurant et de consommer une bouteille de vin de 750 ml pour un couple. Ça serait une catastrophe pour les restaurateurs. Et ça ne changerait rien aux habitudes des imbéciles qui conduisent quand leur taux est nettement plus élevé que le 0,08 actuel.

Martin Paquet