La lettre de Camil Bouchard a suscité bien des commentaires, en particulier sur le système scolaire à trois vitesses. Voici un aperçu des points de vue.

Lisez la lettre de Camil Bouchard « Lettre à Bernard Drainville : le courage de Gérin-Lajoie »

L’apartheid à l’école

Merci, monsieur Bouchard, de défendre un projet qui vise l’égalité des chances pour tous, réellement. Le Québec fait pitié avec son système à trois vitesses qui ne favorise que les plus nantis et crée un fossé entre les classes sociales dès le plus jeune âge. Notre modèle actuel n’est pas digne du Québec. Quand mettrons-nous fin à l’apartheid social ? Une vraie honte pour une nation qui fut un temps portée par un idéal de justice et de social-démocratie.

Sylvain Lacasse, Lacasse communications

Un modèle à suivre !

Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, il n’y a pratiquement plus de privé en éducation. Et le secteur public a l’air bien dynamique ! Un modèle québécois à suivre ! Déjà qu’on avait deux niveaux (public et privé), voilà qu’on en est rendus à trois, avec le public sélectif. C’est trop, ça abaisse encore plus le réseau public, et les profs du public n’en sont que plus perdants. Vivement le modèle finlandais !

Nelson Grégoire, Laval

À la défense du privé

Désolé, je ne partage pas votre point de vue. L’abandon des écoles privées ou même de leur financement partiel par l’État ne serait qu’une manifestation supplémentaire du nivellement par le bas préconisé par notre gauche égalitaire. Pourquoi laisser tomber tout ce qui fonctionne bien ? Nous n’en avons pas le luxe. Nous n’avons pas besoin de faire un pas de plus vers la médiocrité.

Paul-André Milette

Vendre la maison pour payer le privé ?

Tous les enfants doivent bénéficier d’une éducation de la même qualité. Alors pourquoi continuer à financer les écoles privées ? M. Drainville n’a pas cette ambition et semble toujours dépassé par les évènements. Je suis une grand-mère de trois petites filles et les parents n’ont pas les moyens de les envoyer au privé. Me faut-il vendre ma maison afin de donner l’argent nécessaire aux parents pour une éducation de qualité ?

Sylvie Gariepy

La clé de la réussite

Si les écoles privées sont si recherchées (il y a des listes d’attente…), c’est qu’elles offrent discipline, rigueur et encouragement au dépassement, des valeurs qui correspondent à celles d’un bon nombre de parents qui sont prêts à de réels sacrifices pour que leurs jeunes aient accès à un tel cadre. Si ces écoles choisissent leurs élèves, ces derniers doivent donner le meilleur d’eux-mêmes pour décrocher ce diplôme qui couronnera des années d’efforts. Des profs motivés, des élèves désireux de réussir, mais surtout le soutien et l’appui des parents dans le cheminement scolaire de leurs enfants, c’est vers cela que le système scolaire doit tendre, public ou privé.

Marie Beauchemin

Excellence et équité pour tous

Dans une classe dite régulière, un élève faible accapare bien plus que sa juste part des ressources (l’enseignant), laissant les autres se débrouiller. L’élève moyen aurait bénéficié, lui aussi, d’un meilleur accompagnement pour atteindre l’excellence. Quant au plus fort, l’optimisation de son plein potentiel s’atteint grâce à de l’enrichissement de programme. Il a besoin de défis pour être motivé. L’équité, ça ne veut pas dire que tout le monde ait 50 %, ça veut dire que tout le monde atteigne son plein potentiel. La solution n’est pas dans une classe dysfonctionnelle où se mêlent les troubles d’apprentissage importants et les plus doués. C’est ingérable.

France Boucher, Sherbrooke

Une pilule difficile à avaler

Je ne suis pas certain d’être intéressé à envoyer mon enfant dans une école pour tous qui contient un groupe d’élèves moins motivés qui peuvent potentiellement tirer mon enfant par le bas. C’est la raison principale pour laquelle l’École internationale ainsi que les écoles privées ont la cote envers les parents qui se soucient du succès scolaire de leurs enfants. Vous allez avoir beaucoup de difficultés à faire avaler cette pilule d’école pour tous, spécialement au secondaire, à des parents qui ont ce choix d’envoyer leurs enfants, qui ont du succès à l’école, dans de meilleures écoles.

Marc Lefebvre

Manque de ressources au public

Selon moi, les enfants qui ont des problèmes particuliers font en sorte qu’il y a du nivellement par le bas dans les classes des écoles publiques. On manque de ressources pour les aider. Les parents qui le peuvent choisissent donc de ne pas mettre l’éducation de leurs enfants à risque en les envoyant ailleurs que dans les classes où l’enseignement est perturbé par un nombre de plus en plus élevé d’élèves qui empêchent les enfants sans problème d’apprendre de façon normale et agréable.

On parle beaucoup des pauvres profs et des pauvres éducatrices qui subissent ces enfants à problèmes. J’ai énormément d’empathie pour elles. Mais on semble oublier que les autres élèves de la classe qui sont à l’école pour apprendre subissent également de très grands torts.

Avant de songer à éliminer les écoles qui trient les élèves selon leurs capacités, il faudrait s’assurer que les élèves à besoins particuliers soient séparés de ceux qui sont en mesure d’apprendre de façon plus normale. Cela libérerait fort probablement plus de ressources pour s’occuper des enfants qui ont des besoins plutôt que saupoudrer des spécialistes dans toutes les classes.

Il est faux de prétendre qu’en société, il y a toutes sortes de gens qui se mélangent et qu’on doit faire subir cela à nos enfants dès leur jeune âge. Ils rencontreront les personnes qui ont des problèmes bien assez vite quand ils deviendront adultes. Il y a un âge pour apprendre certaines choses. À l’école primaire et secondaire, c’est le temps de préparer son avenir, pas de subir les personnes qui ont des problèmes de comportement et ralentissent le groupe. Un élève brillant peut décrocher quand il trouve la journée longue et ennuyante parce que le prof doit se concentrer sur les élèves à problèmes.

Il pourrait y avoir de plus gros groupes pour les élèves qui ont de la facilité. Cela libérerait des ressources pour avoir de plus petits groupes pour les élèves avec des besoins particuliers. Tout le monde y gagnerait. Tant que l’école publique ne sera pas modifiée en profondeur pour prendre soin des élèves qui n’ont pas de difficultés d’apprentissage ou de comportement, le système à trois vitesses devrait rester.

Andrée Charest