Le français, c’est plus qu’une langue qu’on impose : c’est une mosaïque riche en culture et en histoire qui mérite d’être partagée. Il est primordial de protéger et de promouvoir la langue de Gilles Vigneault au Québec, au Canada et en Amérique. Cependant, certains des efforts du gouvernement Legault pour faire de la sorte sont mal placés.

Parmi ceux-ci se trouvent les ajouts récents à la Charte de la langue française qui permettent de restreindre le nombre d’élèves admis dans les cégeps anglophones et d’imposer des pénalités financières à ceux qui dépassent cette limite. Ces mesures sont contre-intuitives et ne font pas la promotion saine de la langue française au Québec.

Depuis des années, les cégeps anglophones attirent la plupart des élèves dans la région de Montréal en raison de la qualité de la formation offerte et des possibilités qui sont mises à la portée de ceux-ci. Pourquoi est-ce que le gouvernement les pénalise pour le fait qu’ils soient attrayants ? En limitant le nombre de places dans les cégeps anglophones, leurs espaces déjà très convoités deviennent plus exclusifs, exacerbant la divergence entre les cégeps anglophones et les cégeps francophones de façon indirecte.

Autrement dit, en instaurant un plafond du nombre d’élèves acceptés, on concrétise l’élitisme contre lequel la CAQ se bat.

En effet, ce n’est pas en limitant les options scolaires et professionnelles de nos élèves francophones ni en aliénant notre communauté minoritaire anglophone qu’on fera avancer le français dans la société québécoise. Si des adultes de 18 ans ont la capacité juridique de prendre des décisions médicales, de gérer leurs propres comptes et de voter aux élections, ils ont également l’aptitude et surtout le droit de choisir le cégep où ils veulent étudier. Ce n’est pas le rôle du gouvernement de faire ce choix pour les jeunes Québécoises et Québécois.

L’enseignement du français langue seconde

Quant à l’apprentissage du français dans notre communauté minoritaire, l’aspect décisif ne se trouve pas dans les cégeps anglophones, mais plutôt dans la qualité de l’enseignement du français langue seconde dans nos écoles primaires et secondaires publiques anglophones. Bien que j’aie fréquenté une école secondaire publique, un cégep et une université anglophones, j’ai également participé à un échange étudiant en France et obtenu deux diplômes universitaires en droit en français. Ma réussite trouve sa source dans mon apprentissage de la langue française dans une école primaire privée francophone, où le niveau de français était beaucoup plus élevé que celui enseigné dans les écoles primaires, secondaires et cégeps publics anglophones.

Il est crucial de souligner que l’accès à l’éducation supérieure demeure un privilège au Québec, ce qui signifie que certaines personnes peuvent rencontrer des obstacles considérables pour accéder à une formation postsecondaire de qualité. Les candidats issus de milieux socioéconomiques défavorisés, tels que les étudiants indépendants, les réfugiés et les Autochtones, peuvent éprouver des difficultés uniques dans leur quête d’éducation, nécessitant une considération et une flexibilité particulières lors de l’évaluation de leurs demandes d’admission. Il est donc impératif que les politiques gouvernementales en matière d’éducation prennent en compte ces circonstances de vie pour garantir une véritable égalité des chances pour tous les étudiants, indépendamment de leur situation socioéconomique.

Peut-être qu’une meilleure solution à la francisation du marché du travail et à l’apprentissage du français dans notre communauté minoritaire anglophone serait de démanteler le système collégial au complet, d’instaurer une sixième année à l’école secondaire et de convertir nos cégeps en hôpitaux. Monsieur Legault, vous devez penser plus loin.

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