Nos lecteurs ne sont pas contre les priorités du ministre Bernard Drainville en éducation, mais, sceptiques, ils demandent à voir le plan de réalisation. Voici un aperçu des courriels reçus à la suite de notre appel à tous de cette semaine.

Où est le plan ?

On ne peut pas être contre la vertu, du moins c’est ce que l’on dit. Les sept points sont nobles et nécessaires, mais ce ne sont que des items dans une liste. Où est le plan ? Triste entrevue cette semaine avec Patrice Roy à Radio-Canada où M. Drainville n’a pu qu’admettre qu’il y réfléchissait et qu’il s’attellerait à la tâche à grand renfort de haussements d’épaules et de formules vagues. Peut-être a-t-il manqué une bonne occasion de se taire ? Mieux vaut avoir un plan détaillé soutenant ses idées avant de parler aux citoyens. Encore une fois, de la poudre aux yeux. Même son de cloche de M. Roberge sur le français : des mots, pas de plan. Je ne peux que me demander si M. Legault leur a demandé d’être visibles et qu’ils se sont pliés à l’exercice. Gros parleurs, petits faiseurs…

Suzanne Nesbitt

Conditions de travail

Je suis bien surprise qu’il n’ait pas parlé des conditions de travail des enseignants ! C’est le véritable enjeu de la pénurie, selon moi ! Je serai à la retraite dans sept ans et il n’est pas question pour moi de faire une année de plus dans ces conditions ! L’amélioration des conditions et une paye plus substantielle réussiraient peut-être à me convaincre de rester un peu plus longtemps !

Caroline Leduc

Analyse superficielle

Les priorités du ministre Drainville semblent le fruit d’une analyse plutôt superficielle. Devant l’incapacité du système scolaire à produire des diplômés qui maîtrisent l’utilisation orale et écrite de leur langue maternelle, on devrait se pencher sur les méthodes d’enseignement plutôt que sur la rénovation des bâtisses. Et à ce titre, on devrait s’inspirer de ce qui fonctionne dans les pays de la francophonie plutôt que d’expérimenter de nouveau avec la prochaine génération.

Réjean Girard, Boucherville

Les notions de travail et d’effort

Deux mots manquaient dans le point de presse du ministre : « travail » et « effort ». Contrairement à ce qu’affirment les tenants du socioconstructivisme qui font des ravages au ministère de l’Éducation, on n’apprend pas par soi-même tout en s’amusant. Pierre Foglia a déjà écrit qu’apprendre « fait mal ». Il avait parfaitement raison. Apprendre n’est pas une partie de plaisir. Il faut travailler, fournir des efforts et surmonter les obstacles. Il faut pouvoir se relever et recommencer après avoir échoué. Si le ministre peut simplement réintroduire ces notions de travail et d’effort à l’école, il aura droit à toute mon estime.

Michel Forest, Montréal

Une certification plus accessible

Bravo pour l’engagement du ministre envers l’éducation de nos enfants et du corps professoral. Raccourcir le délai de formation de 60 à 30 crédits pour obtenir un certificat d’enseignement est basé sur l’efficacité et mérite d’être mis en œuvre pour les besoins des enseignants.

Mario Lavoie

Juger selon les actions entreprises

On ne peut être contre la vertu et les orientations de M. Drainville sont bonnes. On jugera cependant les bénéfices de ces orientations aux actions qui en découleront et, bien sûr, aux améliorations que cela suscitera. J’aurais aimé que l’activité physique accrue des jeunes fasse aussi partie des orientations, tout comme une réflexion plus approfondie concernant la pertinence de garder la présence d’élèves à besoins particuliers dans les classes régulières. M. Drainville entreprend un marathon et il rencontrera beaucoup d’adversité et de vents contraires. Espérons que lui et son équipe sauront faire preuve de persévérance, d’écoute, d’empathie et être rassembleurs, car sans ces qualités, cette réforme sera un échec. Soyons optimistes, car le Québec a grandement besoin d’un système d’éducation plus performant.

Réal Bilodeau

Langue de bois

C’est du bla-bla politique pour calmer la bonne population payeuse de taxes et, surtout, ses électeurs. Un plan sans rien de concret, sans aucune indication sur son exécution, qu’est-ce que ça vaut ? Pas plus qu’une conférence de presse pour calmer ceux qui disaient : « Qu’est-ce qu’il fait celui qui avait réponse à tout à la radio !!! »

Renaud Caron

Redéfinir le rôle du primaire et du secondaire

Incroyable. On jurerait que le gouvernement vient tout juste de constater l’ampleur du désastre et du travail qu’il y a à faire au niveau de l’éducation. Mais ce qui est aberrant dans tout ça, c’est que les solutions existent et sont connues depuis longtemps. Aucun système n’est en soi parfait, mais pourquoi sommes-nous incapables de nous inspirer de modèles qui fonctionnent, comme en Finlande par exemple ? Et peut-on une fois pour toutes, sérieusement, redéfinir à quoi sert l’école primaire et secondaire exactement ? Est-ce un lieu pour obtenir un bulletin chiffré qui valide des connaissances et concepts appris largement par cœur ? Ou un lieu d’apprentissage qui sert avant tout à développer sa curiosité, sa confiance, ses passions et son sens du jugement – tous des éléments essentiels qui nous préparent aux études supérieures, au travail et à la vie ? Car au Québec, après des années de réflexions, stagnations et discussions, le statu quo n’est plus tenable. Mais le constat demeure malheureusement le même depuis trop longtemps : un échec retentissant.

Stephane Banfi, Montréal