Avec les incendies de forêt qui font toujours rage dans le nord du Québec, comment se porte la qualité de l’air dans votre ville ? Et comment devriez-vous y réagir ?

Bonne chance pour répondre clairement à ces questions.

Mercredi matin, la « Cote air santé » du gouvernement du Canada accordait une valeur de 2 sur 10 pour la ville de Québec, 10 étant la pire valeur. Cela correspond à un code bleu pâle.

Le ministère de l’Environnement du Québec, lui, plaçait la capitale nationale dans une zone verte, avec une valeur de 22. En fouillant, on découvre que ce chiffre représente la concentration de particules fines de moins de 2,5 micromètres, mesurée en microgrammes par mètre carré.

Pour compliquer les choses, le site IQAir, qui fait chaque jour le décompte des villes les plus polluées au monde en partenariat avec les Nations unies, utilise son propre code de couleurs.

Évidemment, chaque couleur de chaque système correspond à un éventail de recommandations, pas toujours cohérentes entre elles.

Pas étonnant qu’on peine à s’y retrouver.

Au cours des dernières semaines, on a vu des citoyens ressortir leurs bons vieux masques d’intervention afin de se protéger de la fumée. Les experts sont pourtant formels : si ces masques avaient leur utilité pour la COVID en bloquant les gouttelettes, ils n’empêcheront pas les particules fines d’atteindre vos poumons. Seul un masque de type N95 bien ajusté peut y parvenir.

On a aussi assisté à une certaine confusion à la Ville de Montréal, qui, la semaine dernière, a fermé plusieurs installations sportives en raison de la qualité de l’air, même si la Direction régionale de santé publique de Montréal ne l’avait pas recommandé. La volonté de protéger les employés municipaux travaillant à l’extérieur est évidemment louable, mais la Ville semblait naviguer à vue plutôt que de suivre un protocole clair.

Ces cafouillages s’expliquent. Jusqu’à maintenant, la qualité de l’air n’était pas une préoccupation majeure au Québec. Nous sommes donc en apprentissage.

Il faudra toutefois nous habituer. Avec les changements climatiques, les incendies de forêt et les épisodes de smog sont appelés à devenir plus fréquents.

Le Québec devrait d’abord s’interroger sur le meilleur indice de la qualité de l’air à utiliser. La Colombie-Britannique, en avance sur nous dans ce domaine, publie une « Cote air plus » adaptée de celle du fédéral. En dix niveaux, elle offre plus de précision que l’indice actuel « bon, mauvais, acceptable » de Québec. Pourquoi ne pas s’en inspirer ?

Chaque niveau de l’échelle doit ensuite être accompagné de recommandations claires et concises. Les Québécois ont intégré les notions d’indice humidex et de facteur de refroidissement éolien et s’en servent pour planifier leurs activités. Les mêmes réflexes sont à développer pour la qualité de l’air.

Un autre défi de santé publique consiste à gérer la combinaison « canicule + smog », appelée à devenir plus fréquente dans un monde plus chaud.

Pour les municipalités, l’une des solutions consiste à tenir une liste des lieux offrant de l’air non seulement frais, mais aussi propre aux citoyens. On pense aux centres communautaires et aux centres commerciaux, par exemple.

Isabelle Goupil-Sormany, médecin-conseil au sein de l’équipe scientifique sur l’air à l’Institut national de santé publique du Québec, insiste pour dire que si on doit choisir entre se rafraîchir et se protéger du smog, « la fraîcheur doit primer ». Ça aussi, ça doit être mieux connu.

Les citoyens devront également développer le réflexe de mettre leur échangeur d’air en mode recirculation lorsque la qualité de l’air se dégrade, et apprendre à savoir si leur climatiseur les protège des particules fines. L’appareil achemine-t-il l’air extérieur vers l’intérieur ou expulse-t-il l’air intérieur dehors ? Est-il muni d’un filtre ? En cas de doute, consultez un professionnel.

Sachez aussi qu’un purificateur d’air placé dans une pièce peut aider à y assainir l’air.

Les nuages de fumée qui enveloppent le Québec cet été nous envoient un signal : celui que nous avons tout un pan de nouvelles connaissances et de nouveaux réflexes à acquérir. Les autorités de santé publique doivent nous guider dans ce brouillard.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion