Revirement dans le dossier de la Fonderie Horne : le gouvernement caquiste, qui faisait jusqu’ici partie du problème, a décidé de faire partie de la solution.

Il était flagrant de voir à quel point, ces dernières années, Québec manquait de leadership dans ce dossier. Même si des données accablantes quant à l’impact de la fonderie sur la santé de la population avaient été publiées.

Mais les faits sont têtus et ils ont eu raison de la politique du laisser-faire qui prévalait depuis trop longtemps.

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a confirmé jeudi qu’il resserre les exigences environnementales pour l’exploitation de la Fonderie Horne.

Parallèlement, il a dévoilé, avec la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, les prémisses d’un important plan d’action visant à relocaliser quelque 200 ménages qui habitent à proximité de l’usine.

L’annonce est ambitieuse. D’ailleurs, les autorités de santé publique de la région – tout comme celles de Québec – parlent d’un « gain majeur pour la population, son environnement et sa santé ».

En même temps – et ça, c’est la moins bonne nouvelle –, l’initiative est imparfaite.

Québec tient véritablement tête à la compagnie Glencore pour la première fois, c’est vrai. Mais sous certains aspects, on a trouvé des solutions de compromis visant à empêcher l’entreprise de fermer sa fonderie et d’aller se faire voir ailleurs.

À commencer par le fait que le ministère de l’Environnement exige de l’entreprise qu’elle réduise ses émissions d’arsenic, sans toutefois avoir à se conformer de façon immédiate à la norme québécoise. Il lui faudra atteindre une moyenne annuelle de 15 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) d’ici cinq ans.

Elle devra fournir à Québec, au plus tard en 2027, un « plan d’action visant à atteindre la norme » québécoise du Règlement sur l’assainissement de l’atmosphère, qui est de 3 ng/m3 (soit cinq fois moins).

Or, 2027, c’est loin. Et on n’a aucune idée d’une date éventuelle à laquelle la norme pourra être respectée. C’est tout sauf un scénario idéal.

Notons toutefois qu’on innove en exigeant la réduction des émissions de l’ensemble des métaux émis par la fonderie. On le précise dans la nouvelle autorisation, alors que jusqu’ici, on ne s’en souciait absolument pas.

Ça contribuera également à réduire l’exposition de la population aux contaminants et, par conséquent, les risques pour la santé. C’est positif. Tout comme l’ajout de stations de surveillance autour de la fonderie.

Hélas, un autre compromis a aussi été conclu, c’est évident, quant à savoir qui va débourser les coûts liés à la zone tampon qu’on va créer aux abords de la fonderie.

Glencore va acheter les bâtiments et les terrains qui se trouvent sur ce territoire (pour un maximum de 30 millions de dollars) et va assurer son verdissement.

Mais Québec devra pour sa part débourser pas moins de 58 millions de dollars afin de financer la relocalisation des habitants déplacés (sans compter les millions accordés, notamment, pour la revalorisation de ville).

On constate encore une fois les limites du principe du pollueur-payeur, qui est nettement plus facile à évoquer en théorie qu’à imposer en réalité.

C’est d’autant plus affligeant que Glencore est une compagnie multimilliardaire.

Il y aura par ailleurs, comme le soulignait jeudi la mairesse de Rouyn-Noranda, des « impacts sur la vie des personnes touchées ». Relocaliser des centaines de personnes, c’est un bouleversement majeur.

Il est d’ailleurs étonnant de voir que les résidants concernés n’ont pas davantage été consultés avant l’annonce. Mais tant à Québec que du côté des autorités régionales, on semble sincèrement vouloir effectuer cette opération de façon responsable.

Et disons-le, cette relocalisation, qui était privilégiée par les experts de la santé publique de la région, est le moyen le plus sûr de protéger la santé des résidants.

En somme, le ministère de l’Environnement du Québec semble véritablement vouloir corriger les nombreuses erreurs commises au fil des ans dans ce dossier controversé. Il veut aussi opérer une transition entre laxisme et rigueur.

On n’y parviendra pas du jour au lendemain.

Dompter la Fonderie Horne sans la faire fuir n’est pas une opération aisée.

Mais Québec vient de faire un pas dans la bonne direction.

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