(Montréal) Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ) dénoncent l’intention du gouvernement de payer pour délocaliser 200 ménages situés à proximité de la Fonderie Horne, à Rouyn-Noranda, une information rapportée dans La Presse mercredi matin.

La responsable de QS en matière d’Environnement, Alejandra Zaga Mendez, a indiqué que « demander à 200 familles de faire leurs boîtes pour accommoder une entreprise multimilliardaire qui refuse de respecter nos normes environnementales, c’est consternant ! »

Elle a ajouté, dans un communiqué, « que les gens de Rouyn-Noranda n’ont jamais demandé d’être déracinés de leur foyer ».

En point de presse mardi matin, le député péquiste Joël Arseneau a pour sa part indiqué « qu’il faudrait voir avec la population ce qu’elle en pense, on imagine le déracinement, ce que ça peut créer comme traumatisme chez les gens ».

« L’autre grand problème », selon Joël Arseneau, « c’est qu’on veuille le faire avec une contribution de 85 millions du gouvernement du Québec, à une compagnie qui va, cette année, ou en 2022, avoir des bénéfices nets de l’ordre de 18 milliards US ».

Le chef libéral par intérim Marc Tanguay croit que la délocalisation « ne pourra pas être une solution pour l’ensemble de la population ».

Toutefois, a-t-il fait valoir, « c’est un dossier qui est délicat, mais je pense que pour certains, ça peut être une solution ».

Une nouvelle attestation présentée jeudi

Une entente avec le gouvernement, qui a été signée avec le gouvernement libéral en 2017, permet que les émissions d’arsenic de la fonderie atteignent une moyenne annuelle de 100 ng/m3, soit 33 fois plus que la norme.

Mais cette entente est sur le point de prendre fin. Le gouvernement du Québec a d’ailleurs remis une nouvelle attestation à la controversée fonderie au mois de janvier dernier et Québec dévoilera jeudi la nouvelle autorisation ministérielle de la Fonderie Horne.

La santé publique et le ministère de l’Environnement ont demandé à la Fonderie Horne d’atteindre un seuil d’émission d’arsenic de 15 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) en 2027 ; c’est ce qui pourrait figurer dans la nouvelle attestation.

Si telle est la nouvelle cible, « le gouvernement n’a pas négocié fort », selon Nicole Desgagnés, porte-parole du comité citoyen « Arrêt des rejets et émissions toxiques ».

« On ne met pas de pression sur la fonderie, mais on tasse le monde » a illustré la citoyenne de Rouyn-Noranda, qui demeure à environ un kilomètre de la fonderie.

« On vise, dans cinq ans, le 15 nanogrammes, cinq fois plus, je trouve que ça ne tient pas la route », a indiqué pour sa part Marc Tanguay en point de presse.

« Soit que la norme de trois nanogrammes n’est pas bonne puis ça devrait être 15, mais on ne peut pas avoir l’ambition d’être… de dépasser cinq fois la norme dans cinq ans », a précisé le chef par intérim du Parti libéral.

24 fois plus d’arsenic en 2022 que la norme provinciale

La semaine dernière, la Fonderie Horne a publié un document dans lequel elle affirme que la concentration d’arsenic qu’elle a émis dans l’air en 2022 était de 73 nanogrammes (ng) par mètre cube, soit moins qu’en 2021, mais plus qu’en 2020.

Dans un document publié sur son site, Glencore Canada, propriétaire de la fonderie, indique que pour l’année dernière, « la moyenne annuelle en arsenic à la station légale » de la Fonderie Horne de Rouyn-Noranda « est de 73,1 ng/m3, ce qui confirme que nos projets de réduction fonctionnent ».