Pendant que vous êtes à finir les restants de tourtière-dinde-atacas des Fêtes, voici une nouvelle qui n’est pas facile à digérer : les jeunes Québécois sont de moins en moins en forme, et davantage à risque de développer des ennuis de santé majeurs.

Les conclusions d’une récente étude sur la capacité cardiovasculaire des jeunes Québécois sont alarmantes : à 17 ans, la majorité des garçons (58 %) et des filles (70 %) ont une capacité cardiovasculaire inférieure au seuil nécessaire pour minimiser les risques d’avoir des ennuis majeurs de santé. Grosso modo, leur capacité cardiovasculaire a diminué d’environ 30 % depuis 1982.

Consultez l’article de notre collègue Gabriel Béland

Comme société, nous sommes plus sédentaires, mangeons moins bien, faisons moins de sport qu’il y a quatre décennies. Pas étonnant que nous soyons moins en santé.

Régler ce problème – qui se traduira en millions ou en milliards de dollars de coûts supplémentaires pour notre système de santé – n’est pas évident.

Il n’y a pas une solution miracle. Il y a plusieurs solutions, qu’on doit additionner.

La première est à la maison. Les jeunes Québécois ne sont pas les seuls à être moins en forme depuis deux générations. Ce problème concerne toutes les tranches d’âge en Occident.

Comme les chats ne font pas des chiens, si les parents restent scotchés à leur téléphone et s’alimentent mal, leurs enfants les imiteront. Bouger et prendre soin de sa santé devrait être plus facile et davantage valorisé.

La santé est toutefois un enjeu trop important pour en faire uniquement une question de responsabilité individuelle.

On sent le gouvernement Legault attentif et préoccupé par cette question. Durant son premier mandat, il a instauré deux récréations obligatoires de 20 minutes et bonifié le financement des activités parascolaires au secondaire.

C’est un excellent début. Mais améliorer la santé des jeunes Québécois nécessitera des mesures beaucoup plus ambitieuses. Notamment à l’école, un vecteur important de changements.

L’Organisation mondiale de la santé recommande une heure d’activité physique par jour pour les 6-17 ans.

La plupart des écoles offrent environ deux heures d’éducation physique par semaine au primaire, et 1 h 15 au secondaire (c’est la recommandation du ministère de l’Éducation, qui n’est pas obligatoire). On est loin du compte.

Pour l’instant, Québec « n’a pas l’intention » de hausser le nombre d’heures d’éducation physique à l’école, indique le cabinet du ministre de l’Éducation Bernard Drainville.

Il faut espérer que le gouvernement Legault change d’idée et ajoute davantage d’heures pour l’éducation physique (ex. : 2 heures de plus par semaine). Sans retrancher de temps aux autres matières. Oui, ça impliquerait d’augmenter la semaine scolaire à plus de 25 heures de cours. Oui, c’est compliqué à mettre en place. Mais le jeu en vaudrait la chandelle à long terme. Pour la santé des Québécois comme pour nos finances publiques.

Le strict minimum à court terme : Québec doit rendre obligatoire les deux heures d’éducation physique par semaine au primaire et le 1 h 15 par semaine au secondaire.

Il y a aussi d’autres solutions importantes à l’extérieur du cours d’éducation physique.

Environ 47 % des élèves du secondaire au public font des activités parascolaires sportives. On doit continuer d’augmenter ce pourcentage, ce qui implique de hausser le financement (ça doit rester gratuit au public).

Au secondaire, il faut donner à nos enfants/ados davantage d’options pour faire de l’activité physique dans un contexte non compétitif et social. Beaucoup d’ados, en particulier les filles, délaissent le sport à l’adolescence parce qu’elles n’aiment pas l’aspect compétitif. La formule de l’organisme Fillactive, qui mise sur le plaisir de bouger, devrait être reproduite partout.

Au primaire, 60 % des élèves fréquentent le service de garde à l’école. Voilà un moment de la journée où il ne devrait pas être si compliqué de faire bouger les enfants. En réformant le service de garde, on pourrait inciter/imposer 30 ou 45 minutes d’activité physique par jour après l’école.

Il existe donc des solutions.

À condition qu’on fasse de l’activité physique et de notre hygiène de vie une priorité nationale. Qui tienne plus longtemps qu’une de ces résolutions du Nouvel An déjà oubliée en février.

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