Le texte d’Yves Boisvert sur le tabou de l’inégalité scolaire des garçons, publié le 23 avril dans le cahier Contexte, a suscité bien des commentaires. Voici un aperçu des courriels reçus.

Intervenons le plus tôt possible

Cette recherche sur l’inégalité scolaire des garçons démontre une fois de plus l’importance de l’intervention précoce auprès des enfants à risque. Le nouveau Programme-cycle de l’éducation préscolaire (maternelles 4 ans et 5 ans) en est un bel exemple. Bien qu’il vise à favoriser le développement global de tous les enfants, ce programme comporte également un excellent volet préventif. Il est en effet prévu de mettre en œuvre des interventions préventives en proposant des activités universelles et ciblées pour répondre aux besoins spécifiques des enfants à risque. C’est majeur. Il ne s’agit surtout pas d’étiqueter les enfants, mais bien de les soutenir dans le rythme de leur développement en leur offrant ce qu’il y a de mieux pour leur réussite.

Yolande Brunelle, ex-directrice d’école, ex-superviseure de stage au préscolaire, Montréal

Cessons de contrer la nature

Se pourrait-il qu’à force de vouloir tout égaliser on finisse par créer des « inégalités » ? Il semble que les garçons aient, d’une façon naturelle, des forces qui ne sont pas nécessairement celles des filles. Si certaines capacités intellectuelles sont propres aux filles et certaines autres plus présentes chez les garçons, pourquoi tenter de contrer la nature ? Une pomme ne sera jamais une orange et vice versa. Certains systèmes scolaires, tel celui de la Finlande, respectent les aptitudes de chacun en tentant de travailler à les maximiser. Un programme scolaire plus personnalisé pour chacun, garçon ou fille, aurait de meilleurs résultats et créerait moins de frustrations. Je crois que c’est ce qui devrait être priorisé plutôt que de toujours comparer ce qui est différent.

Nicole Lavoie

Tout commence avant 6 ans

C’est exactement le constat que je fais en tant qu’enseignant au niveau primaire. En ciblant les élèves en difficulté on agit en curatif, on oublie qu’au moins six ans sont déjà passés, six années dans lesquelles on aurait pu intervenir pour s’assurer que les enfants qui arrivent au préscolaire soient plus prêts à affronter les défis scolaires qui ne seraient pas si compliqués si les enfants n’arrivaient pas si « poqués ». Oui, on a du chemin à faire en tant que société. Ça prendra de bons arguments pour que nos élus agissent. Personnellement, je crois beaucoup en celui du dollar investi dès la naissance qui nous en fera économiser plusieurs en curatif comme on le fait présentement et qui ne donne pas nécessairement les résultats escomptés.

Alain Samson

Recrutons davantage d’enseignants masculins

Il faut investir dans l’éducation pour les garçons. Ce que l’on a fait pour les femmes doit aussi être accordé aux hommes. Oui, travailler en aval au niveau de la petite enfance, mais aussi recruter davantage d’enseignants au primaire chez les hommes. Il faut davantage d’hommes au secteur primaire. À mon avis, il y avait aussi, avant, plus d’hommes au secondaire que maintenant. Je serais aussi curieuse de connaître le pourcentage d’enseignants masculins au fil des ans.

Claudette Castonguay, retraitée de l’éducation, Rimouski

Revenons aux classes non mixtes

J’ai une de mes tantes qui enseignait au primaire dans les années 1950-1960, époque où les filles et les gars étaient séparés en classe, même qu’ils étaient dans des écoles différentes. Elle disait que du point de vue pédagogique, tu ne peux pas enseigner de la même façon dans une classe de filles ou de garçons. Leur façon d’apprendre est différente, disait-elle. Peut-être devrait-on faire un pas en arrière et revenir aux classes non mixtes ?

Conrad Lavoie

Convertissons certains cégeps

Lorsque mon fils était au primaire, je notais déjà que les garçons devaient entrer dans un cadre fait pour les filles. Il n’y avait pas beaucoup d’espace pour eux. Il faut également s’avouer que pour la suite, le système des cégeps n’est plus un système approprié. Il y aurait urgence de convertir certains de ces établissements en superbes écoles de métiers alors que d’autres garderaient une vocation sciences pour celles et ceux qui désirent se diriger vers l’université. Il faut accrocher les jeunes, en l’occurrence beaucoup de garçons, en leur offrant des options concrètes immédiatement après le secondaire, et surtout valoriser cette voie. Les orienteurs pourraient jouer un rôle dans cette valorisation.

Ginette Cadieux

Une maturité plus précoce chez les filles

Nous sommes à une époque où on désire tellement l’égalité en tout qu’on en vient à trouver anormal qu’il existe des différences entre les garçons et les filles dès l’âge de 5 ans ! Comme s’il n’existait pas des différences biologiques entre les sexes, que le cerveau des filles n’avait pas une maturation plus précoce, que leur maturité sexuelle (âge de la puberté) n’était pas également plus précoce. Nier ces différences biologiques, chercher des causes environnementales pour les expliquer, c’est peut-être passer à côté d’une réalité toute simple. Les garçons et les filles n’ont pas la même maturité au même âge. Ne pas en tenir compte, c’est peut-être passer à côté du problème et, de ce fait, à côté des solutions…

Joffre C. Allard.

Aide et écoute

Tellement heureuse de lire qu’on s’intéresse à ce sujet primordial. J’ai une petite fille qui, malgré ses difficultés d’apprentissage, évolue comme un poisson dans l’eau avec un système taillé sur mesure, dirait-on, sur sa courbe évolutive. Mon fils ? L’école semble totalement incapable de le suivre dans son cheminement. Et je ne parle pas d’un enfant turbulent ici, simplement un enfant qui préfère rire, bouger et qui s’exprime parfois brusquement. Je ne fais pas de clivage entre les genres, ma fille est pareille ! Alors pour quelle raison mon petit dernier n’a pas accès à la même bienveillance que ma fille qui l’a précédé ? Catégorisé dès son plus jeune âge comme « le petit crisse » de la classe, je me bats pour faire reconnaître son droit à une éducation empathique à son endroit. Nos petits garçons ont besoin d’aide et d’écoute ! Et ça fait longtemps !

Joëlle Mauffette

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