C’est démontré dans le monde : les programmes d’alimentation scolaire favorisent la persévérance, améliorent la littératie alimentaire et contribuent à une meilleure santé des populations1. Pourquoi donc s’en prive-t-on au Québec ? Sommes-nous si « fous de nos enfants » ? Quand vient le temps de les nourrir… pas tant que ça, dirait-on.

Qui plus est, lorsque ces programmes alimentaires sont appliqués pour favoriser l’accès à des aliments sains, locaux et écoresponsables, des bénéfices sur l’ensemble de la société se manifestent⁠2 : économie sociale et solidaire plus prospère, instauration de pratiques environnementales plus durables, communautés plus fortes et résilientes.

C’est pourquoi, depuis quelque temps, un Chantier pour un programme d’alimentation scolaire universel au Québec planche sur des solutions. Ce chantier s’appuie sur l’expertise et la complémentarité d’organisations de plusieurs milieux : l’Association québécoise de la garde scolaire, la Cantine pour tous, le Club des petits déjeuners, le Collectif québécois de la Coalition pour une saine alimentation scolaire, le Conseil du système alimentaire montréalais, le Dépôt centre communautaire d’alimentation, Équiterre et la Tablée des chefs. Ces organisations reconnues travaillent donc depuis des mois à l’élaboration d’une proposition concertée d’un programme d’alimentation scolaire universel qui pourrait permettre aux presque 900 000 élèves du réseau scolaire public d’avoir accès à des aliments nutritifs de manière non stigmatisante.

Programme idéal pour un contexte difficile

Et nous nous entendons tous : dans un contexte d’inflation, de crise du logement et de défis dans l’accès économique, social et géographique à des aliments nutritifs de qualité pour les enfants, un tel programme a toute sa place.

On estime que 15,7 % des enfants du Québec vivent dans des ménages en situation d’insécurité alimentaire. On s’étonne d’ailleurs aussi que le Canada soit le seul pays du G7 à ne pas avoir de programme d’alimentation scolaire, malgré la ratification de la déclaration de la Coalition mondiale pour les repas scolaires (School Meals Coalition) en promettant un repas sain à tous les enfants d’ici 2030.

Nous nous réjouissons donc de voir différents acteurs de la société se prononcer dans les médias en faveur de faire advenir un tel programme universel.

La recherche et les actions menées par notre Chantier au Québec⁠3 (que nous rendrons disponible avant la rentrée des classes) révèlent que des acteurs déploient des pratiques novatrices pour nourrir les enfants tout en les arrimant à des activités de littératie alimentaire et à un ensemble de mesures favorisant l’accès à des aliments locaux. Malgré toute la volonté et les efforts déployés, la coordination des initiatives et une réponse adéquate aux besoins grandissants des jeunes dans nos écoles restent complexes. Les communautés sont mobilisées et développent des projets, qui reposent toutefois sur des sources de financement éparses provenant de différents ministères, de la philanthropie, de dons et d’implication bénévole. Néanmoins, un futur programme d’alimentation scolaire universel peut s’appuyer sur ces programmes existants⁠4, les connaissances, les compétences et les liens locaux des acteurs engagés et mobilisés autour de l’alimentation scolaire.

C’est pourquoi nous sommes d’avis que de bâtir des initiatives collectives autour des écoles pour nourrir les jeunes est une solution importante pour opérer des changements structurants en matière de sécurité alimentaire, de saine alimentation, de production, de distribution et transformation des aliments ainsi que de transition écologique, tout en éduquant les mangeurs de demain à des pratiques saines et durables.

Pour ce faire, nous souhaitons établir une collaboration avec les différents gouvernements et contribuer à la mise en place d’un programme qui correspond aux besoins, aspirations et réalités des Québécois et Québécoises, et ce, dans toutes les régions. On est rendus là, non ?

1. Consultez le site du Centre de services scolaire de Montréal 2. Consultez le Portrait des initiatives de soutien alimentaire dans les écoles primaires publiques montréalaises pour l’année 2016-2017

3. Dans cette démarche, nous avons travaillé étroitement avec huit régions du Québec, effectué plus de 40 entrevues avec des acteurs sociaux en alimentation scolaire, joint directement plus de 300 partenaires à travers nos groupes de discussion et présentations et colligé une bibliographie de plus de 1200 références sur l’alimentation scolaire au Québec, au Canada et ailleurs dans le monde.

4. Comme un ensemble de politiques, programmes, plans d’action et mesures qui sont en place pour faciliter l’accès à des aliments sains dans les écoles : La politique pour un virage santé à l’école et la Mesure 15 012 du ministère de l’Éducation du Québec ; les projets issus de la Politique gouvernementale de prévention en santé (PGPS) et du Plan d’action interministériel 2 du ministère de la Santé et des Services sociaux ; les projets visant l’achat d’aliments québécois dans les institutions par la Stratégie nationale d’achat d’aliments québécois (SNAAQ) découlant de la Politique bioalimentaire du MAPAQ, entre autres.

* Organisations membres du comité de pilotage : Association québécoise de la garde scolaire ; La Cantine pour tous ; Le Club des petits déjeuners ; Collectif québécois de la Coalition pour une saine alimentation scolaire ; Conseil du système alimentaire montréalais ; Le Dépôt centre communautaire d’alimentation ; Équiterre ; La Tablée des chefs

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