En cette Journée internationale de l'air pur pour des ciels bleus, nous, Mères au front et allié-e-s de tous les horizons, exhortons nos gouvernements à agir avec ambition pour protéger l’air que nous respirons.

Notre santé et notre qualité de vie en dépendent. De même que l’avenir de nos enfants.

Effets de la crise climatique

L’été que nous venons de passer nous a glacé le sang. Nous nous sommes senties incapables de protéger nos enfants. La pollution provenant des incendies de forêt s’est immiscée dans nos poumons.

Celles d’entre nous qui habitent les territoires les plus touchés ont été terrorisées. Elles ont vu des bouts de notre pays, de nos vies, partir en fumée.

Les impacts de notre inaction climatique arrivent plus rapidement qu’attendu. Il est urgent d’écouter les scientifiques maintenant, à défaut de l’avoir fait avant.

Rouyn-Noranda

La situation est pire pour celles d’entre nous qui habitent Rouyn-Noranda. En plus de la pollution venant des incendies de forêt, le gouvernement du Québec autorise la Fonderie Horne à exposer la population à 25 fois plus d’arsenic dans l’air qu’ailleurs sur le territoire. On retrouve des niveaux de contamination dans les maisons, les garderies et les écoles.1 L’arsenic se mesure à des taux trop élevés dans les ongles des enfants du quartier Notre-Dame.2

Malgré les demandes de la population, aucun plan n’est exigé pour que cette filiale de Glencore respecte la norme nationale de 3 ng/mg. Pas même dans cinq ans!

Le gouvernement lui permet aussi de rejeter du plomb, du cadmium, du nickel, du mercure, du cobalt et 18 autres poisons. Les effets cumulatifs, multiplicatifs et potentiellement synergiques de l’exposition à tous ces polluants sont pourtant extrêmement inquiétants.

Parce qu’on ne les voit pas, on ne les sent pas et que leurs effets s’expriment à moyen et long terme, tout le monde essaie de les oublier. Pourtant, ils empoisonnent la santé des gens et tuent silencieusement.

Injustice environnementale

L’espérance de vie à Rouyn-Noranda est de cinq ans inférieure à la moyenne québécoise. L’incidence du cancer du poumon et les naissances de faibles poids y sont plus nombreuses qu’ailleurs.

Les études scientifiques ont démontré qu’une exposition répétée à des taux élevés de plomb ou d’arsenic durant la grossesse et l’enfance entraîne des conséquences tout au long de la vie. Des troubles cognitifs, des troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité, des problèmes de démence, des déficiences intellectuelles et des dépressions peuvent en découler beaucoup plus tard dans la vie.

Comment dans un pays aussi privilégié que le nôtre peut-on permettre qu’une partie de la population soit aussi dangereusement exposée ? La santé d’un enfant de Rouyn-Noranda est-elle moins importante qu’ailleurs ?

Il est inacceptable qu’une multinationale figurant au palmarès des pires entreprises pour la violation des droits de la personne, droits de travailleurs et de l’environnement, tienne la santé de la population en otage depuis si longtemps.

Glencore arrache à la population son droit à un environnement sain. Un droit pourtant enchâssé dans la Charte des droits et libertés de la personne.

Agir maintenant

On ne peut pas changer le passé, mais on peut agir pour l’avenir.

Nous demandons au gouvernement de faire respecter les mêmes normes pour la qualité de l’air à Rouyn-Noranda qu’ailleurs au Québec. En 2023, protéger la santé et les emplois doit être le même combat. Les pratiques doivent changer dès maintenant.

À tous les élues et élus, nous réitérons la demande phare des Mères au front. Nous voulons qu’à partir de maintenant, TOUTES les décisions politiques passent au crible leurs impacts sur l’environnement afin de protéger la santé de nos enfants et du vivant.

La vie vaut plus que le profit.

1. Lisez l’article de Radio-Canada 2. Consultez les résultats de l'étude de la Direction de la santé publique de l’Abitibi-Témiscamingue Consultez la liste complète des signataires

Artistes et porte-voix scientifiques

Les scientifiques de partout appellent à l’aide : ils ont besoin de porte-voix. Mères au front crée un « commando » d’interventions médiatiques. Des artistes prennent, sur le temps de parole accordé, un moment pour devenir le porte-voix d’un ou d'une scientifique désigné à qui, malheureusement, on ne tend pas le micro.

Ce micro qui donne aux artistes un pouvoir restreint mais tout de même efficace : celui de la tribune.

Ainsi, chaque artiste est jumelé avec un ou une scientifique. S'ensuit un échange au cours duquel le ou la scientifique transmet son savoir, en précisant l'enjeu autour duquel il ou elle tente en vain de sonner l’alarme.

Au moment venu, l’artiste utilise une partie de la tribune accordée à sa série, à son film, à son spectacle, pour faire entendre la science et faire valoir des pistes de solution tangibles déjà existantes.

Notre désir est qu’ultimement, les scientifiques aient le temps de parole qui leur revient. Entre-temps, les artistes seront leurs porte-voix.

Parce que, plus que jamais, un maillage artistes-scientifiques doit se tisser.

Parce que la connaissance est un chemin vers l’action, celle qui fabrique un monde meilleur pour les humains de demain.

Consultez la page des Porte-voix sur le site de Mères au front

Anaïs Barbeau-Lavalette, Véronique Côté, Steve Gagnon et Eve Landry, pour Porte-voix

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion