Nos lecteurs sont en forte majorité d’accord avec le ministre Bernard Drainville quant à l’interdiction pour les écoles publiques du Québec d’aménager une salle de prière à même leurs locaux. Voici un aperçu des quelque 700 commentaires reçus à notre appel à tous de cette semaine.

Du domaine privé

Je suis d’accord avec M. Drainville. Au Québec, la religion, quelle qu’elle soit, est du domaine privé et doit le rester. Alors, priez dans les lieux de cultes, chez vous, dans les parcs, mais pas à l’école. Ces accommodements déraisonnables vont nous mener à la discrimination de nombreux groupes de citoyens, à commencer par les femmes.

Maryse Lauzon

La religion se vit dans la tête et le cœur

La religion n’a pas besoin de gestes ostentatoires, elle se vit avant tout dans la tête et le cœur. Ne soyons pas naïfs : partout dans le monde, l’islam fait preuve de prosélytisme…

Louise Richard

Un défi logistique

D’après moi, une quête de spiritualité fait partie de la nature de l’humain. Que nos croyances soient religieuses, scientifiques ou athées, elles sont naturelles et nécessaires. Je suis pour un local de recueillement, que ce soit pour la méditation, la prière ou la réflexion. Ouverte à tous lorsque l’espace le permet. La particularité religieuse des musulmans, que je connais un peu, sépare la prière des hommes et des femmes. Cela pose un défi logistique mais pas impossible à surmonter. Je suis donc partisan de l’accommodement.

Réjean Bouchard

Nul besoin d’un endroit précis

Étant une ancienne croyante élevée en tant que catholique, je pense à ce que ma mère me disait quand j’étais petite à l’école. Elle m’assurait que je pouvais prier partout, en tout temps et même en secret. Nul besoin d’avoir un endroit précis.

Gaila Narusevicius, éducatrice en service de garde

L’école doit rester non confessionnelle

La prière et toute pratique religieuse n’ont pas leur place dans l’école publique québécoise qui est non confessionnelle depuis l’adoption de la loi 118, le 16 juin 2000. De tout temps, les religions ont été source de divisions et de conflits. Plus que jamais, l’école publique doit assurer une neutralité religieuse afin d’être le socle de la constitution de la culture québécoise partagée et adoptée par les futurs citoyens adultes du Québec, peu importe leur origine ethnique, leurs croyances ou leurs mœurs morales ou religieuses. Et ce principe de la neutralité religieuse de l’école que commande le statut non confessionnel de l’école publique devrait s’appliquer aux écoles privées qui reçoivent une aide financière de l’État québécois.

François Gougeon

Indisposant

M. Drainville a parfaitement raison : prier est un droit fondamental, mais je ne veux pas que quelqu’un prie en public, c’est indisposant. Les gens qui sentent le besoin de prier peuvent le faire chez eux ou dans les lieux de cultes.

Michel Tremblay

Enseignons plutôt la philosophie

À une certaine époque, nous passions la première moitié de l’avant-midi à étudier le catéchisme et l’histoire sainte. Il fallait prier en arrivant le matin, réciter le chapelet en rentrant après le dîner, aller à la confesse le premier jeudi du mois et à la messe une fois par semaine. Tout ce temps est révolu et c’est pour le mieux. À mon avis, il vaudrait mieux enseigner la philosophie et laisser toute religion à la maison et à l’église, à la mosquée ou autre temple. Je suis d’accord avec la décision du gouvernement. D’ailleurs, le lieu idéal de calme et de recueillement à l’école devrait être la bibliothèque. S’il y en a.

Janine Thériault, Montréal

Évitons de mettre en danger les élèves

M. Drainville mêle tout et ne comprend pas le principe d’accommodement raisonnable. Une salle de recueillement vient satisfaire le besoin et évite des situations qui mettent en danger les jeunes (ex. : prier dans des cages d’escalier). Le code de vie relève du conseil d’établissement et est encadré par la loi. Le ministre s’ingère dans les responsabilités qui reviennent à l’école et sa direction. Il crée de la division et ne s’attaque aux vrais enjeux, dont l’existence d’écoles privées religieuses subventionnées par l’État.

Louise Chenard, directrice d’école retraitée, Montréal

Contre une laïcité variable

Tout à fait d’accord avec le ministre. Je suis contre une laïcité variable. L’école doit demeurer un milieu d’apprentissage. Les mosquées et les églises existent pour les pratiques religieuses. Surtout ne pas convertir des locaux de classe en lieux de prières alors qu’on manque d’espaces pour accueillir de nouveaux élèves !

Raymonde St-Amour

Le débat est déjà clos

Mais bien sûr que oui, laïcité et lieu de prière s’excluent mutuellement. Il n’y a aucun compromis à faire. La prière, qu’elle soit catholique, juive, musulmane, se passe ailleurs. En dehors de l’école laïque. On ne va pas revenir aux « accommodements raisonnables » ni aux rideaux dans les fenêtres, c’est ridicule. On empêche les enseignantes qui portent le hijab d’enseigner, mais on ouvre des locaux pour la prière ? En plus, les élèves musulmanes se font exclure par leurs coreligionnaires masculins ? Le débat est clos depuis longtemps.

Brigitte Bachellerie 

Ça dérange qui ?

Je ne vois vraiment pas de problème. Ça dérange qui en fait ? L’état laïque ne doit pas se mêler de pratique religieuse. Mais si des élèves veulent pratiquer leur religion en dehors des heures de classe, dans un local disponible, ça dérange qui ? Peut-être faudra-t-il que les leaders du groupe assurent une certaine surveillance, un certain encadrement. Ils devront s’assurer eux-mêmes que la pratique est sécuritaire. Certaines pratiques peuvent être exclues, comme le fait de séparer les garçons des filles. Mais c’est un service additionnel pour les parents qui veulent que leurs enfants pratiquent une religion. Il n’y a rien de mal à ça !

Pierre Martin

Les élèves sont là pour étudier

Bravo au ministre Drainville. Il a tout à fait raison. Que les personnes qui veulent prier le fassent dans les temples religieux conçus pour cela et non à l’école, où les élèves sont là pour étudier.

Carole Fradette, Westmount