Vous avez été nombreux à commenter l’entretien du psychologue et professeur Égide Royer avec notre éditorialiste Alexandre Sirois sur l’éducation dans la section Contexte du 11 décembre. Voici un aperçu des courriels reçus.

Lisez « Gare à l’école à quatre vitesses ! »

Plus d’Égide Royer

Dans notre monde de plus en plus dirigé par des technocrates, obnubilés par le rendement, suivant aveuglément les formulaires à petites cases, on n’écoute plus les penseurs, les idéalistes « philosophiques ». On a oublié pourquoi et pour qui on a créé des systèmes dans notre société. On a surtout oublié que ces systèmes peuvent et doivent être bouleversés, améliorés, revus et corrigés. Il faudrait écouter plus d’Égide Royer. 

Alan Charles

Consultez les personnes sur le terrain

Monsieur Royer apporte des constats. Constats faits par plusieurs avant lui. Venant d’une sommité en éducation, je m’attendais à des pistes de solution plus concrètes. On tourne en rond avec des visées larges, sur des plans à trop long terme. Vivement une vraie réforme en éducation par des personnes sur le terrain ; impactées.

Danielle Charland

Nivellement vers le bas

En acceptant des élèves en difficulté dans les écoles privées et les programmes enrichis, ne risquons-nous pas un nivellement vers le bas ? Je donne des cours à des adultes qui sont intéressés d’apprendre, mais la classe avance au rythme de la personne qui a le plus de misère.

Denis Marquis

Un problème familial

S’il y a autant d’enfants en difficulté, est-ce que le problème de base ne serait pas d’abord et avant tout un problème familial ? Est-ce que ce n’est pas là qu’il faudrait agir d’abord et avant tout ? Autrement, toutes les réformes des structures d’enseignement n’y changeront rien.

René Rochon, Bromont

L’école jusqu’à 18 ans, une utopie

Rendre obligatoire l’école jusqu’à 18 ans est une utopie. Actuellement, l’école est obligatoire jusqu’à 16 ans et cela n’est pas respecté. J’ai été directeur adjoint au secondaire, de nombreux élèves quittent l’école trop tôt. Il faut des mesures pour que la fréquentation de l’école soit réellement obligatoire. Pénalisations financières pour les parents, obligation pour les employeurs, mettre en place des cheminements pour les élèves qui tripleraient par exemple une année, etc.

Pierre C. Tremblay, Montréal  

Manque de soutien

Je trouve qu’il est décroché de la réalité. Après avoir enseigné 30 ans au public au primaire et faire maintenant de la suppléance, je peux vous affirmer qu’il manque cruellement de classes à petits effectifs afin de mieux soutenir les élèves qui ont un besoin criant. Vous devriez faire un stage dans une de nos classes, vous verriez que les classes sont surtout des classes d’adaptation scolaire, mais sans soutien, sans services, etc. Une des nombreuses raisons de la pénurie actuelle.

Myriam Houde

Et la place des plus doués ?

J’aimerais qu’on parle aussi des enfants qui ont une très grande facilité d’apprentissage. Les débats sur l’éducation ne parlent que trop rarement d’eux. Dans une éventuelle réforme de notre système éducatif, quelle serait leur place ? Présentement, les programmes spécialisés, les volets, les concentrations, l’anglais intensif, sont des solutions pour garder l’intérêt de ces enfants. Nous sous-estimons le découragement des jeunes qui apprennent plus rapidement que la moyenne. Ils sont aussi des décrocheurs, parce que l’école régulière est trop lente et non adaptée à leur potentiel d’apprentissage. Je comprends l’importance d’outiller les enfants qui ont des difficultés et d’avoir un système éducatif équitable pour tous. Il est aussi primordial de réfléchir à la place qu’on veut donner aux plus doués d’entre eux. 

Janie St-Pierre

Le privé prêt à apporter sa contribution

Après une carrière entièrement consacrée à l’éducation et au recrutement d’enseignants qualifiés pour le réseau privé, je crois sincèrement que la proposition de M. Royer de permettre aux jeunes en grande difficulté d’être intégrés à toutes les écoles du Québec représente la voie de l’avenir. Maintes écoles privées seraient prêtes à en accueillir plus et à les aider à cheminer parmi le reste de leur population étudiante si on leur en donnait la possibilité. Les structures sont là, la volonté aussi, mais pour encadrer ces jeunes et les aider, ça prend du financement et ce financement ne vient pas encore avec les subventions gouvernementales. J’ai souvenir de plusieurs élèves en difficulté qu’on avait intégrées à notre milieu en leur offrant ce qu’on avait alors pour les aider, qui sont revenues nous voir, une fois leurs études secondaires terminées, pour nous remercier et nous dire à quel point leur intégration au milieu et le soutien offert leur avaient permis de devenir les femmes qu’elles étaient alors. Plusieurs parmi celles-ci ont acquis d’autres expériences et d’autres valeurs par leur implication à divers comités étudiants ou parascolaires avec d’autres jeunes sans discrimination basée sur leurs résultats scolaires ou leurs capacités intellectuelles. Plusieurs écoles privées ne discriminent pas selon les résultats au primaire, mais selon la possibilité pour le milieu d’aider ces enfants avec les moyens restreints dont on dispose. C’est une réflexion intéressante pour M. Drainville et possiblement une voie pour l’avenir.

Doris Dion

Deux éléphants dans la pièce

Monsieur Royer, déjà dans les années 1990, vous étiez une sommité écoutée en adaptation scolaire. Vous avez influencé très fortement les décideurs scolaires publics à intégrer les élèves en difficulté. Vous constatez maintenant que de 100 000 élèves en difficulté en 1999, on est passé aujourd’hui à 250 000 ! 

Devons-nous conclure que les efforts d’intégration réels et ardus des enseignants ont raté en raison de la mise en place de « programmes particuliers » ? Un mystère pour le parent moyen que je suis…

Autre mystère, les CPE. Nous en sommes si fiers et ils font l’objet d’envie du ROC [Rest of Canada (le reste du Canada)]. Ces CPE devaient contribuer à « l’égalité des chances » de tous les petits Québécois. Or, la période d’existence des CPE (2000-2022) correspond exactement à la période où les élèves en difficulté sont passés de 100 000 à 250 000 ! 

L’intégration des élèves en difficulté et la création des CPE ont toujours soulevé mon enthousiasme. Y aurait-il deux éléphants dans la pièce scolaire ? Expliquez-moi SVP, monsieur Royer…

Guy Lassonde