Pour vraiment s’attaquer à la pauvreté, il faudra écouter l’ensemble des acteurs sociaux. C’est de là que viendront les solutions les plus innovantes et les plus durables.

Si vous cherchez, au sein de notre société, un véritable plan de lutte contre la pauvreté, vous n’en trouverez pas. Quand je dis véritable, je parle d’un plan de lutte qui aurait des cibles concrètes, des actions bien définies et une reddition de comptes transparente. Il existe bien des plans d’action, comme celui du gouvernement du Québec, mais ils se perdent dans un dédale d’acteurs et une myriade de programmes développés par autant de ministères et d’organismes gouvernementaux.

Cette absence de plan simple et concret s’explique facilement : la pauvreté est un problème social complexe, qui nécessite des solutions multifacettes et, de plus en plus, multipartenaires. Au-delà des plans d’action, il convient désormais de mettre l’accent sur de nouvelles postures : il faut reconnaître que cette lutte contre la pauvreté ne peut se faire en silo, par un petit groupe de décideurs et de bailleurs de fonds, et qu’elle ne peut être conçue au sommet, sans une compréhension profonde de la réalité sur le terrain.

Pour s’attaquer aux problèmes sociaux complexes, la collaboration est essentielle. Elle conduit à des solutions plus innovantes, plus efficaces et plus durables que celles créées par des organisations travaillant seules.

Quand des personnes et des organisations issues d’horizons et de milieux différents travaillent ensemble au service d’un objectif commun, leur diversité de perspectives, de ressources et de compétences génère des idées nouvelles. Et lorsque les membres d’une communauté participent au processus décisionnel, ils sont plus susceptibles de se sentir investis dans le résultat et de soutenir les efforts de ceux qui s’efforcent de résoudre un problème.

C’est d’autant plus vrai lorsqu’on s’attaque à des problèmes comme la pauvreté et l’exclusion sociale, qui touchent des communautés en situation de marginalité ou de vulnérabilité. Plus que jamais, nous devons nous assurer de leur donner une voix au chapitre afin de garantir que les besoins de ces communautés soient pris en compte dans l’élaboration des solutions.

Je parle régulièrement du travail des organismes communautaires et je ne dirai jamais assez le respect que j’éprouve devant leur engagement. Il est primordial de reconnaître leur expertise en les amenant à la table de discussion.

Dans les quartiers du Grand Montréal, la collaboration est déjà bien présente entre les organismes communautaires, les villes et les ministères. Il est maintenant temps de la mettre en place à des échelles plus grandes.

Une multitude de voix, un seul objectif

Les consultations prébudgétaires vont bon train, et celles-ci auront une influence directe sur les dollars disponibles pour les programmes sociaux. Mais les Centraide du Québec ne sont pas invités à ces consultations. Ils sont pourtant en relation quotidienne avec plus de 1200 organismes communautaires, et ce, sur l’ensemble du territoire québécois.

Je trouve important de le souligner, car si le deuxième investisseur sociocommunautaire en importance au Québec n’est pas consulté, quelles sont les chances que les plus petits organismes le soient ? À peu près nulles.

Il y a pourtant une grande ouverture de la nouvelle ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire, Chantal Rouleau. Elle me l’a déjà dit à plusieurs occasions depuis sa nomination.

Cependant, je crois que nous sommes tous pris dans un ancien modèle de collaboration, basé sur le « je sais ce qui est bon pour vous » et le « nous n’avons pas le temps de discuter, il faut agir ». Cette posture doit changer.

Accepter de discuter d’orientations ou de programmes n’implique pas nécessairement de sortir le chéquier ou d’imposer des délais. L’objectif est plutôt d’envisager des idées nouvelles, de s’inspirer des meilleures pratiques, de s’ouvrir aux autres, de s’écouter, mais plus important encore, de se comprendre. C’est justement parce que l’argent est une ressource limitée qu’il est impératif de discuter.

Attention, je ne dis pas qu’il ne faut pas plus d’argent pour soutenir le milieu communautaire – il en a bien besoin. Je dis seulement que l’argent n’est pas l’unique solution et qu’il est important d’élargir dès maintenant la base de la discussion, quitte à prendre un peu plus de temps. Au lieu de constamment pallier les urgences, trouvons des solutions concrètes, à long terme, bien ancrées dans la réalité du terrain.

Au cours des prochains mois, le gouvernement devra renouveler son plan de lutte contre la pauvreté. C’est un travail complexe, nous le savons. Donnons-nous le courage et l’humilité de concevoir cette nouvelle mouture en réunissant un maximum de voix autour de la table, dans un seul intérêt commun : la définition d’un véritable plan de lutte contre la pauvreté, porté par des objectifs partagés par l’ensemble des acteurs du tissu social.

Entrons dans cette discussion avec cette certitude : ceux qui détiennent les ressources ne sont pas nécessairement ceux qui détiennent les solutions. La diversité ne pourra que bonifier notre lecture de ce chantier complexe, que nous devons absolument mener à bien.