Pour le candidat de Québec solidaire dans Jean-Talon, les gens de cette circonscription méritent mieux que « du lançage de bouette ». Un grand exégète cet homme. Vrai qu’on a parfois l’impression que le gouvernement s’embourbe dans ses dossiers à Québec.

Jean-Talon tel le Burning Man du Nevada.

En tout cas, ça brasse déjà dans cette élection partielle, et même Paul St-Pierre Plamondon, qui faisait dans la politique « différente », a une gueule de Hells Angel.

À propos, rien ne m’énerve plus que ces politiciens jouvenceaux qui nous font croire qu’ils la réinventeront, EUX, la politique, qu’ils feront ça différemment, découvrant subitement la recette du pain tranché. Ça fait faux prêtre.

Bon, ça dure le temps qu’ils dégazent, mais ils me les cassent tellement les bonbons !

Heureusement, PSPP semble être atterri. Il défend fort bien son candidat à qui la CAQ a tenté de faire la job de bras au jour zéro.

Pas sûr que le PM a gagné des points dans l’échauffourée sur qui dit vrai sur le troisième lien.

Les adorateurs du dossier se sont fait passer un sapin et la CAQ tente la même passe de coyote avec la lubie d’un tunnel pour le transport collectif ? Bis. Ça n’arrivera pas non plus et le gouvernement le sait déjà, comme pour le premier.

Tout cela pourrait taxer la campagne de son excellente candidate, Marie-Anik Shoiry. Une femme de cœur, empathique et impliquée dans sa communauté qui a créé une organisation pertinente : Vide ta sacoche.

Une jeune femme qui pourrait viser une carrière politique moins médiocre que celle de son père et organisateur, Paul Shoiry, ancien maire de Sillery, libéral à vie à la conversion caquiste récente.

Mais le nom Shoiry résonne toujours dans cette circonscription, et elle devrait en profiter.

Du côté du PQ, il était connu en ville que son candidat, Pascal Paradis, se mourait de faire de la politique un jour. La question demeurait quand et avec qui.

Il faut être admiratif de son travail chez Avocats sans frontières. Et à l’écouter, on sent qu’il est équipé pour la guerre. Du solide.

Chez les libéraux, il était difficile de faire mieux dans les circonstances. Élise Avard-Bernier est reconnue pour être un dynamo et hyper impliquée dans son milieu. Un très bon choix. Elle pourrait surprendre.

Le député fédéral Joël Lightbound ne sera pas candidat, mais j’ai toujours cru qu’il aurait eu des chances de l’emporter. Ça aurait été un évènement en soi, le PLQ étant tellement mal aimé chez les francophones.

Mais s’il a toujours des visées sur la direction de ce parti, il devra expliquer à ses militants pourquoi il n’a pas pris son tour sur la glace quand c’était le temps dans cette partielle, alors qu’il était chez lui.

D’autant que même chef, hypothétiquement, M. Lightbound pourrait préférer y aller dans Jean-Talon au lieu d’affronter GG (Geneviève Guilbault), la grosse pointure dans la circonscription provinciale de Louis-Hébert, où il est justement député fédéral.

Aparté : bonnes décisions sur la sécurité routière, Geneviève Guilbault, jusqu’à temps qu’elle s’expose idiotement sans ceinture de sécurité sur les réseaux sociaux. Une photo, on peut croire à l’oubli, mais plusieurs, c’est un mensonge, un autre.

Au final, les électeurs pourraient bien vouloir sanctionner la CAQ concernant sa députée qui a levé les feutres si rapidement et la gestion du dossier du troisième lien, même si c’est probablement là dans la région où on était le moins en faveur du projet.

Si la CAQ échouait, M. Legault perdrait son aura d’invincibilité en milieu francophone. Ce ne serait pas rien.

Quant au PQ, son chef a annoncé gros et a réussi à s’imposer lui-même, comme un grand garçon, un test majeur comme chef de la « troisième » opposition. Faut vraiment le faire. Il faut se laisser de la marge de manœuvre en politique…

On sent toutefois que bien de gens souhaitent sa victoire à Québec, mais son problème est que M. Legault a la cote auprès des plus âgés, qui adorent voter.

Ça lui ferait du bien à monsieur PSPP, spécialement avant la sortie prévue de son budget de l’an un où il se fera frotter les oreilles.

Les femmes de QS avaient parfaitement raison de vouloir une candidature féminine dans cette circonscription.

On aurait franchement préféré voir évoluer cette candidate à l’investiture qui se décrivait comme une comptable de gauche.

Bien qu’économiste de gauche, je connaisse ça, j’avoue que comptable de gauche, je ne ne sais pas vraiment ce que ça mange en hiver. Un plus un égalerait trois ? Enfin, on aurait pu comprendre…

Olivier Bolduc sera donc candidat pour la troisième fois dans la circonscription pour ce parti, et on cherche toujours sa distinction. Il aurait été élégant qu’il laisse la place.

Il aura besoin de toute l’énergie de son chef, Gabriel Nadeau-Dubois et de Manon Massé pour avoir du succès. Alors qu’il gagne ou qu’on ne le revoie plus, le gars !

Quant aux conservateurs du Québec, le chef même, Éric Duhaime, a la trouille dans sa propre ville. Vrai que ce n’est pas la clientèle cible, et il y délègue un quidam trop heureux de voir sa tronche dans la gazette.

Ah oui ! J’oubliais la candidature pathétique de Martine Ouellet… Seigneur !

Peut-être que M. Legault ne forcera pas fort pour y faire campagne, pour ne pas risquer de se coller à une une défaite. PSPP, lui, doit se défoncer et y aller le ventre à raz terre, et M. Tanguay, s’abstenir…

Mais n’oubliez jamais qu’à Québec, les gens se donnent toujours le choix et se laissent désirer. Jamais endémique l’art de voter dans la capitale nationale.

Entre nous

Lu et savouré récemment : Le bâtard de Nazareth. La vraie vie de Jésus imaginée par Metin Arditi.

La première qualité du roman est que la conception immaculée prend le bord, et qu’au moins un spermatozoïde est impliqué dans l’histoire. Marie n’a pas créé l’enfant divinement, on s’en doutait pas mal, Judas devient le cerveau de la propagation de la foi, et exit la substantiation.

Mon achat de livre québécois du 12 août dernier : Ils étaient l’Amérique de Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque, qui termine la trilogie des Remarquables oubliés. Et d’ailleurs, il faut lire les trois, effectivement remarquables !

Le bâtard de Nazareth

Le bâtard de Nazareth

Grasset

198 pages