C’est très difficile à admettre quand on voit la facture à l’épicerie ou l’addition au restaurant, mais l’inflation n’a pas réellement miné le portefeuille de l’ensemble des Québécois depuis la pandémie.

Bien sûr, les prix ont grimpé. Mais les salaires aussi. Et l’intervention des gouvernements a aussi donné un gros coup de pouce. Au Québec plus que dans toute autre province.

Alors, les chefs de Québec solidaire et du Parti québécois sont de mauvaise foi quand ils affirment que la Coalition avenir Québec (CAQ) n’en a pas fait assez pour lutter contre l’inflation ou pour remettre de l’argent dans les poches des contribuables.

Depuis leur arrivée au pouvoir, les caquistes ont notamment réduit les taxes scolaires, bonifié les allocations pour enfants, instauré un soutien de 2000 $ aux aînés de 70 ans et plus et réduit les impôts. En plus de ces mesures permanentes, ils ont posté trois séries de chèques pour faire face à l’inflation.

Des chèques que l’opposition n’avait pas manqué de critiquer. Pour la cohérence, il faudra repasser.

Toujours est-il que la plupart des catégories de ménages se retrouvent avec un revenu discrétionnaire plus élevé en 2023 qu’avant la pandémie, selon une étude de la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke. C’est aussi le cas des travailleurs au bas de l’échelle.

Malgré tout, à l’aube de la rentrée parlementaire, Gabriel Nadeau-Dubois promet de parler du coût de la vie tous les jours. Sans doute est-il payant de taper sur ce clou. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder la remontée dans les sondages du chef conservateur Pierre Poilievre qui en a fait son cheval de bataille sur la scène fédérale.

Mais la lutte contre l’inflation, c’est d’abord et avant tout le travail de la Banque du Canada. En relevant les taux d’intérêt, elle a déjà réussi à faire fondre de moitié le taux d’inflation. Tant mieux. Il ne reste qu’à espérer que l’inflation reviendra à sa cible de 2 % sans que l’économie déraille.

On félicite d’ailleurs M. Legault de ne pas imiter ses homologues Doug Ford (Ontario) et David Eby (Colombie-Britannique), qui tentent de marquer des points politiques en suggérant à la Banque du Canada comment faire son travail.

Dans ce contexte, le ministre des Finances, Eric Girard, n’a pas l’intention de faire de « geste supplémentaire au niveau du fardeau fiscal ». Ne vous attendez donc pas à un autre chèque qui irait à contre-courant des efforts de la banque centrale.

De toute façon, ce n’est pas nécessaire, car les Québécois ont déjà droit à un coup de main, sans que Québec n’ait à lever le petit doigt. Puisque l’indexation des prestations gouvernementales (ex. : Régime de rentes du Québec) est toujours fondée sur l’inflation de l’année précédente, les chèques sont bonifiés de 6,4 % en 2023, alors que l’inflation est retombée autour de 3,7 %.

Mine de rien, ça fait une belle différence.

En entrevue à La Presse, Eric Girard a donc promis une mise à jour économique « responsable » cet automne qui misera sur des mesures « très ciblées » rejoignant les priorités de l’heure que sont le logement, l’itinérance et l’adaptation aux changements climatiques.

Cette rigueur est de bon ton. Et ces trois priorités sont bien choisies.

Ce sont d’ailleurs trois priorités qui débordent souvent dans la cour des municipalités. Depuis des mois, celles-ci crient au déséquilibre fiscal et réclament davantage de financement de la part de Québec pour faire face à ces nouvelles responsabilités.

Rien pour émouvoir le ministre des Finances. « Les villes veulent plus d’argent, dit-il. Je leur réponds qu’elles paient leurs employés beaucoup plus que nous et qu’elles doivent gérer leurs dépenses aussi. Pas juste demander des transferts au gouvernement du Québec », dit Eric Girard.

Que les municipalités se le tiennent pour dit : le ministre des Finances tient son chéquier serré. Pour les particuliers autant que pour les villes.