Ce week-end, Montréal bat au rythme d’Osheaga. Les dizaines de milliers de Montréalais et de touristes qui y convergent en repartiront avec des décibels plein les oreilles et des étoiles dans les yeux.

Ce sera bien sûr grâce aux performances des Billie Eilish, Kendrick Lamar, Rüfüs du Sol, The National et autres Charlotte Cardin.

Mais ce sera aussi beaucoup grâce à la magie du site.

Les arbres. Le fleuve. La vue sur Montréal quand le soleil se couche. L’iconique structure de la Biosphère illuminée en toile de fond. Tant les festivaliers que les artistes le répètent chaque année : Osheaga ne ressemble à aucun autre festival de musique et c’est tant mieux.

Le même charme opère régulièrement chez les adeptes du Piknic Electronik. Et il se déploiera bientôt pour ceux qui iront voir Guns N’ Roses, le festival Lasso ou ÎleSoniq.

Ces évènements viennent nous rappeler une chose : le parc Jean-Drapeau est un joyau. Un joyau en plein fleuve, réparti sur deux îles, à une seule station de métro de la plaque tournante du réseau de transport, Berri-UQAM.

Quelle autre métropole peut se vanter d’avoir cela en son cœur ?

La bonne nouvelle, c’est qu’on tire de mieux en mieux profit de cet endroit d’exception. Et que le meilleur est à venir.

Il faut d’abord se réjouir de voir que la Société du parc Jean-Drapeau et le Groupe CH, qui pilote Osheaga, sont à nouveau en bons termes. Il y a deux ans, le promoteur menaçait de déménager son festival à Laval, Oka ou Tremblant si la Ville réduisait l’espace qui lui était dédié.

Le scénario n’aurait servi personne et il est heureusement écarté, les deux parties ayant trouvé un compromis.

Osheaga a perdu sa Scène du Boisé et 20 % de sa superficie. Mais pour deux ans, il peut continuer à utiliser une partie de la Plaine des jeux, qu’on veut éventuellement revitaliser.

D’autres discussions devront avoir lieu à l’échéance du bail signé en avril dernier, d’une durée de deux ans. Mais la Société du parc Jean-Drapeau parle de déplacer une partie du festival plutôt que de lui retirer davantage de pieds carrés.

Pour l’instant, le groupe CH se dit en tout cas heureux de pouvoir accueillir 50 000 personnes sur place chaque jour et tient à envoyer un message positif.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Des festivaliers au spectacle d’Arcade Fire, lors de l’édition 2022 d’Osheaga

« Ça va bien, on est satisfait. La négociation s’est bien déroulée et on est très heureux d’avoir été en mesure de poursuivre notre présence au parc », nous dit France Margaret Bélanger, présidente de la divisionSports et divertissement du Groupe CH.

L’ancienne administration Coderre avait donné la lune à Osheaga, dépensant 30 millions d’argent public (et rasant 1000 arbres matures au passage) pour lui construire un amphithéâtre calqué sur ses besoins sur l’île Sainte-Hélène.

Après ça, il aurait été pour le moins aberrant de voir le festival quitter les lieux.

Évidemment, le parc Jean-Drapeau n’est pas qu’un lieu de festivals. On peut s’y prélasser à la plage Doré, nager en eau libre ou en piscine, rouler à vélo, pique-niquer, louer un kayak, suivre un cours de yoga.

C’est sans compter le circuit de Formule 1, la Ronde et le casino.

De ce côté, ça bouillonne de projets.

Le plan directeur 2020-2030 de la Société du parc Jean-Drapeau a posé les bons diagnostics et propose une renaissance complète des lieux. Et avec un budget conséquent de 1 milliard de dollars, il a les moyens de ses ambitions.

Plusieurs travaux sont déjà en cours.

Parmi les premières cibles, on compte les immenses et horribles stationnements qui défigurent l’île Sainte-Hélène et l’île Notre-Dame, souvent aménagés sur des sites exceptionnels en bordure du fleuve.

On ignore comment de telles aberrations ont pu apparaître, mais on se réjouit de voir que les marteaux-piqueurs ont déjà commencé à en pilonner certains afin de les verdir.

Qui dit retrait de stationnements dit diminution de la circulation automobile. Une vaste réflexion sur la mobilité est en cours, qui devrait notamment culminer par l’apparition de navettes électriques autonomes.

Transformation de la Place des Nations, renaturalisation des jardins des canaux, réaménagement du pavillon Hélène-de-Champlain… Il suffit d’entendre la directrice générale de la Société du parc Jean-Drapeau, Véronique Doucet, énumérer les chantiers à venir pour comprendre l’ampleur des transformations.

On veut aussi diversifier l’offre alimentaire. Pour l’instant, il faut avouer qu’elle est atrocement limitée lorsque les camions-restaurants quittent les lieux avec les festivaliers.

Autre priorité : bonifier les activités hivernales. On voit facilement l’endroit devenir un paradis du ski de fond, par exemple, le parcours actuel se limitant à six petits kilomètres.

Voir autant d’ambition est enthousiasmant.

Osheaga nous rappelle ce week-end que le parc Jean-Drapeau est notre jardin des merveilles. Un endroit où on peut faire autant la fête que du sport ou la farniente, dans une ambiance qui tranche complètement avec celle de la ville pourtant toute proche.

Ça fait du bien de le voir vivre. Et de savoir qu’on travaille à le réinventer.

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