Fraîchement aménagé, le parc Jean-Drapeau a une fois de plus montré pourquoi il était digne d’accueillir le plus grand évènement de l’été. Osheaga a cette capacité, ce don, presque, de créer un univers à part le temps d’une fin de semaine.

On avait confié à Rüfüs Du Sol un lourd mandat : celui d’être la tête d’affiche d’un festival de musique dont la réputation n’est plus à faire. Bientôt, Billie Eilish et Kendrick Lamar fouleront la scène à leur tour.

Loin de le bousculer, la grandeur du moment a plutôt semblé motiver le trio australien, spécialiste de la musique alternative.

Derrière une nappe de brume, Rüfüs Du Sol a donc fait planer la foule. Le son qu’il projette, sorte de vortex qui aspire l’auditeur vers un monde différent, plus flottant, est à entendre absolument.

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Rüfüs Du Sol

C’est Tyrone Lyndqvist (chant), Jon George (clavier) et James Hunt (percussions), dont la musique cultive d’étroites ressemblances avec les styles house ou électro, qui ont suscité les réactions les plus vives.

Plus de 45 000 festivaliers ont franchi les portes du site, selon l’organisation, et on peut dire sans grand risque de se tromper que parmi eux, beaucoup ont acclamé les trois têtes d’affiche.

Aya Nakamura, qui faisait elle aussi partie des artistes dont la prestation était particulièrement attendue, a cependant été contrainte d’annuler pour des raisons de santé, cette semaine. L’annonce, faite mercredi, a suscité bon nombre de réactions.

C’est Charlotte Cardin qui a été appelée à la remplacer au pied levé. Se produisant d’abord à la guitare puis au piano, la chanteuse québécoise a qualifié cette occasion de se produire à Osheaga de « belle surprise » et de « privilège ».

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Charlotte Cardin

Avant-dernière artiste de la soirée, elle a livré la marchandise avec brio. Envoûtante, elle a mené la foule à chanter plusieurs morceaux avec elle, alors qu’elle brillait sous les projecteurs braqués sur elle.

Être ailleurs

« Man, il y a du monde à messe ! » Ce festivalier, on l’entend s’exclamer d’un air impressionné au beau milieu d’une foule déjà importante en fin d’après-midi. Il résume en quelques mots ce qui marque l’ambiance de cette première journée.

S’il faisait chaud durant l’après-midi, le soleil a cédé la place à une soirée plutôt douce. Mais tant le jour que le soir, les sourires étaient au rendez-vous. Les lunettes de soleil et les couleurs éclatantes aussi.

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Des festivaliers comblés !

Partout sur le site, on retrouvait cette atmosphère propre aux festivals : gens qui gambadent en fredonnant les paroles de leurs chansons favorites, retrouvailles entre connaissances partageant les mêmes intérêts, tenues vestimentaires qu’on ne sort que pour les grandes occasions.

En soirée, des dizaines de visiteurs étaient perchés sur des terrasses à l’effigie de différentes boissons alcoolisées. Sur des espaces gazonnés, des couples se blottissaient, des amis riaient. Plus loin, certains faisaient un tour de grande roue.

Vue sur Montréal, activités et options de restauration à portée de main, de la musique de tous les styles à longueur de journée… on se sent ailleurs, à Osheaga.

Cette année, l’équipe du festival faisait face à un enjeu de taille : en raison de tensions avec la Ville de Montréal, la superficie du site a été réduite de 20 %. Il a par conséquent fallu réorganiser la disposition de certaines installations.

La scène des Arbres, qui se trouvait auparavant dans un terrain un peu plus boisé, a par exemple été retirée. À la place, on a ajouté une deuxième passerelle permettant de faire la transition entre les deux couples de scènes.

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Osheaga, véritable célébration de la musique et de l’été

Ces quelques changements, somme toute mineurs, n’ont pas semblé ennuyer qui que ce soit. Ils ne menacent en rien l’essence de l’évènement : une célébration de la musique et de l’été tout près de l’île de Montréal, qui permet de voir (ou de découvrir) des artistes appréciés.

Devant les deux scènes principales – la scène de la Rivière et la scène de la Montagne –, on avait le choix entre se plonger dans une expérience immersive, plus intense, dans les premières rangées, ou simplement se poser et prendre le temps d’apprécier l’ambiance en s’étendant sur la colline.

De l’autre côté des passerelles, les scènes Verte et de la Vallée offraient une option agréable au registre musical différent, où le hip-hop était mis en valeur. Ceux qui ne pouvaient pas attendre îleSoniq ont été servis en musique électronique avec la scène de l’Île, et les curieux ont pu jeter un coup d’œil sur les trois prestations plus intimes offertes sur la scène Sirius XM, s’ils le souhaitaient.

On connaît l’adage : il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Il est donc trop tôt pour déclarer que l’édition de cette année tient toutes ses promesses. Mais si les deux prochains jours du festival se déroulent comme le premier, alors ce sera une réussite.