Commencez-vous à vous ennuyer de l’hiver ? Il y a de quoi avec la succession d’évènements météorologiques extrêmes qui s’abattent sur nous depuis le printemps comme les plaies d’Égypte.

Début avril, la pluie verglaçante prive plus d’un million de Québécois d’électricité et cause la mort de quatre personnes.

Début mai, la pluie diluvienne gonfle la rivière du Gouffre qui inonde Baie-Saint-Paul, dans Charlevoix, et emporte deux hommes.

Puis à la fin mai, une vague de chaleur hâtive atteint même la Gaspésie où le mercure dépasse les 30 °C, du jamais vu depuis 1944. À Montréal, la chaleur est cuisante dans les îlots de chaleur où la température est souvent supérieure de 10 à 15 °C.

Juin arrive : des incendies de forêt d’une ampleur historique forcent l’évacuation de milliers de résidants de Chibougamau, Val-d’Or ou encore Lebel-sur-Quévillon (deux fois plutôt qu’une) tandis que la fumée provoque un smog si intense que Montréal se hisse en haut du palmarès des villes avec la pire qualité de l’air.

Début juillet, les pluies diluviennes sont de retour. Un glissement de terrain à Rivière-Éternité, au Saguenay, fait deux victimes.

Et voilà que cette semaine des tornades frappent Ottawa et Mirabel. Des orages violents font déborder les égouts à Montréal. Les branches cassées provoquent des pannes de courant, alors que 540 000 abonnés étaient déjà privés d’électricité… à cause des incendies de forêt à la Baie-James.

Et c’est pas fini, c’est rien qu’un début…

Car s’il y a une part de hasard dans le fait que tous ces évènements soient survenus en si peu de temps, il ne faut pas s’étonner de l’accélération des évènements météorologiques extrêmes.

Les experts nous préviennent depuis des décennies du réchauffement climatique. Maintenant, on l’a en plein visage, directement dans notre cour.

Malgré tous les efforts qu’on doit absolument faire pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, les résultats mettront des décennies à se faire sentir. D’ici là, nous n’avons donc pas le choix de nous adapter pour éviter d’être sans cesse pris de court par le climat du futur.

Attention : chaud devant !

Déjà, le mercure a grimpé de 1,1 °C depuis 70 ans, au Québec. Et il sera encore plus élevé quand les enfants nés aujourd’hui auront de 30 à 60 ans. À Montréal, on pourrait compter cinq fois plus de journées au-dessus de 30 °C, avec des vagues de chaleur s’étirant sur une semaine, au lieu d’environ trois jours dans le passé, selon le Centre Intact d’adaptation au climat1.

Or, cette chaleur qui monte s’accompagnera d’autres dérèglements – précipitations intenses, inondations, érosion du littoral, sécheresses, incendies de forêt – qui vont perturber les récoltes, l’approvisionnement en eau, la qualité de l’air, etc.

Les conséquences vont se compter en milliards – 15,4 milliards par année au Canada, calcule Ottawa –, mais aussi en vies humaines. Souvenez-vous que 619 personnes ont perdu la vie à cause du dôme de chaleur en Colombie-Britannique en 2021. Au Québec, la vague de chaleur de 2018 serait responsable de 86 décès.

Problèmes respiratoires et cardiovasculaires, complications de grossesse, émergence de maladies contagieuses… L’impact des changements climatiques sur la santé physique et mentale des Canadiens est très large.

Et malheureusement, ce sont les plus vulnérables – aînés, enfants, personnes atteintes de maladies chroniques, populations racisées et à faibles revenus – qui souffriront le plus, prévient Santé Canada2.

D’où l’importance de s’adapter.

Pour commencer, arrêtons de planifier en regardant dans le rétroviseur. Au lieu de nous fier sur les données du passé, il faut intégrer les prévisions climatiques dans nos projets.

La mise en place de normes pour les stationnements écoresponsables est un bel exemple d’initiative pour encourager les propriétaires de grands stationnements à planter plus d’arbres pour créer de l’ombre et lutter contre les îlots de chaleur tout en prévoyant des bassins de rétention pour éviter que le ruissellement de l’eau sur ces grandes surfaces provoque des inondations.

Travaillons avec la nature, pas contre elle. Pour protéger les collectivités des inondations, la cible 11 du cadre mondial de Kunming-Montréal prévoit justement de faire appel à des solutions fondées sur la nature.

Concrètement, on pourrait restaurer des zones humides pour absorber l’eau en amont, au lieu de construire des digues ou des murs de protection comme on l’a souvent fait dans le passé. Avec des conséquences terribles quand la digue cède, comme on l’a vu à Sainte-Marthe-sur-le-Lac.

Soyons proactifs au lieu d’attendre les coups.

Notamment, ne pourrait-on pas enfouir les fils électriques dans le sol tandis qu’on creuse partout les rues de Montréal pour refaire les canalisations vétustes ? Cela éviterait les pannes à répétition qui nécessitent l’envoi de monteurs de ligne en catastrophe pour rétablir le courant dont les Québécois seront de plus en plus dépendants, avec l’avènement des véhicules électriques.

Ça coûte cher, répliqueront certains. Peut-être. Mais si on ne s’adapte pas aux changements climatiques, le coût risque d’être encore plus élevé.

1. Consultez un rapport du Centre Intact d’adaptation au climat 2. Consultez un rapport de Santé Canada Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion