Tannés d’être inondés de publicités de paris sportifs durant les matchs de hockey et autres évènements sportifs à la télé ? Vous n’êtes pas seuls. Plusieurs organismes réclament – avec raison – de bannir les publicités de paris en ligne au Canada.

Parmi ceux qui demandent aux gouvernements d’agir, on retrouve un nom de famille bien connu des amateurs de hockey montréalais : Subban.

Non, il ne s’agit pas de l’ex-défenseur étoile P. K. Subban.

C’est plutôt son père, Karl Subban, un directeur d’école à la retraite dont les trois fils ont été repêchés dans la Ligue nationale de hockey, qui demande aux gouvernements d’interdire les pubs de paris sportifs durant les évènements sportifs.

Pourquoi ? À cause des ravages que peut représenter le jeu en ligne chez les personnes les plus vulnérables, particulièrement chez les adolescents et les jeunes adultes, fait valoir la coalition Ban Ads for Gambling, dont M. Subban est l’un des porte-parole.

« Ils attirent l’attention des jeunes. C’est un moyen de marketing puissant qui peut avoir un effet néfaste sur la réalisation du potentiel et les rêves des jeunes », a confié Karl Subban à Radio-Canada.

Lisez « Le père de P. K. Subban en campagne contre les publicités pour les paris sportifs »

Au Canada, impossible en effet de regarder un match de hockey en anglais – par exemple la finale de la Coupe Stanley qui commence samedi – sans être inondé de publicités de Bet99 et de DraftKings (ces opérateurs privés ne sont plus « illégaux » en Ontario, où il y a un système de licences depuis l’an dernier, ce qui n’est pas le cas au Québec, où ces sites payants restent illégaux). Des publicités qui mettent en vedette des athlètes populaires comme Connor McDavid, Auston Matthews, Wayne Gretzky et Georges St-Pierre.

À la télé francophone, les pubs de paris sportifs sont (heureusement) moins fréquentes depuis que Loto-Québec (Mise-o-jeu) a chassé les pubs de Bet99 grâce à une entente d’exclusivité avec RDS et TVA Sports.

Depuis qu’on a permis les paris uniques sur les évènements sportifs au Canada en 20211, on laisse les sites de paris sportifs faire de la publicité autant qu’ils veulent. Sans se soucier des conséquences. Comme si le jeu en ligne était un produit comme un autre. Alors que c’est une dépendance, un problème de santé mentale et un enjeu de santé publique.

De façon générale, entre 3 % et 5 % des parieurs développent des problèmes de jeu. Certains d’entre eux deviennent accros. Y laissent toutes leurs économies. Ou pire, leur vie. En 2022, un Québécois de 26 ans sans dette ni antécédent dépressif s’est suicidé après avoir gagné puis perdu 100 000 $ au poker en ligne.

Consultez une étude de l’Université de Colombie-Britannique (en anglais) Lisez « De dangereuses montagnes russes » Lisez « Un casino dans ta poche »

On devrait traiter le jeu en ligne comme la cigarette et le cannabis, deux autres produits nocifs pour la santé dont on interdit la vente aux mineurs et toute publicité2.

On n’empêche pas les Canadiens de 18 ans et plus d’acheter des cigarettes, mais on ne veut pas que la publicité les incite à le faire.

Le même raisonnement doit prévaloir pour le jeu en ligne. Il est déjà interdit aux mineurs. Ottawa et Québec doivent maintenant adopter des lois pour en restreindre la publicité.

L’Ontario songe actuellement à interdire aux vedettes sportives et aux influenceurs de faire de la publicité pour les paris sportifs. Cette proposition ne va pas assez loin, selon le Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto. Le plus important hôpital voué à la santé mentale au pays demande d’interdire toute publicité sur le jeu en ligne durant les évènements sportifs, comme au Royaume-Uni.

Devant le flot incessant de publicités de paris sportifs à la télé anglo-canadienne, toute restriction est la bienvenue.

Tant qu’à agir, on penche plutôt vers une interdiction complète des publicités de jeu en ligne. Sur tout : les commandites, les médias traditionnels, les réseaux sociaux, l’internet.

Au Québec, une seule exception serait permise pour Loto-Québec, la société d’État qui détient le monopole en matière de jeu payant.

C’est déjà trop facile de jouer en ligne. Pas besoin d’empirer la situation avec la publicité des joueurs « illégaux ».

1. Depuis 2021, la loi canadienne permet les paris sportifs uniques (sur un seul évènement sportif) sur un site de jeu autorisé par une province. Auparavant, la loi interdisait les paris uniques (par exemple : parier sur une victoire du Canadien de Montréal), mais permettait les paris sur au moins deux évènements sportifs pour un même pari (par exemple : parier sur deux matchs de la Ligue nationale de hockey).

2. La cigarette est responsable de 72 % des cancers du poumon, augmente le risque d’avoir 16 types de cancer, et la plupart des fumeurs vivront 10 ans de moins, selon la Société canadienne du cancer.

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