S’il y a une bonne nouvelle à retenir de la réforme de la gouvernance scolaire présentée par Bernard Drainville, c’est bien la création d’un Institut national d’excellence en éducation (INEE).

Dans nos classes comme ailleurs, la science doit être l’étalon-or pour établir les meilleures pratiques, ça ne fait aucun doute.

Pourtant, la création de l’INEE, qui est réclamée de longue date par de nombreux experts, n’a pas trouvé grâce dans le milieu de l’éducation, à en juger par la réaction des syndicats qui qualifient l’initiative de « fausse bonne idée ».

À leur avis, il serait préférable de miser sur les organismes qui font déjà de la recherche en éducation plutôt que d’ajouter une nouvelle structure qui risque de remettre en question l’autonomie des enseignants avec une approche « mur à mur ».

Ces craintes ne sont pas fondées.

Disons d’abord que l’INEE est inspiré de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), qui agit comme un phare pour éclairer les pratiques du milieu médical.

Depuis sa création en 2011, a-t-on entendu les médecins se plaindre que l’INESSS nuisait à leur indépendance ? Non ! Au contraire, l’information que les médecins puisent à l’INESSS leur permet de rester à la fine pointe de la recherche, ce qui ne les empêche pas d’adapter les traitements selon les besoins de leurs patients.

L’INEE jouera donc le même rôle dans le milieu éducatif de niveau préscolaire, primaire et secondaire, comme le détaille le projet de loi 23 déposé par le ministre de l’Éducation jeudi.

En fait, l’Institut fera la synthèse des connaissances scientifiques sur la réussite des élèves, identifiera les meilleures pratiques, élaborera des recommandations et en favorisera l’application à l’aide de formation pratique.

Oh : formation ! Voilà un mot qui crée des tensions chez les enseignants.

En 2021, les syndicats se sont farouchement battus contre l’ajout de 30 heures de formation obligatoire aux deux ans que leur imposait le projet de loi 40 de l’ancien ministre Jean-François Roberge.

« Maîtres de notre formation », clamaient-ils. C’est pour le moins étonnant que des gens dont le métier est d’enseigner s’opposent à de la formation pour eux-mêmes.

Mais revenons à l’INEE.

Bien sûr, il existe d’autres organismes qui se consacrent à la recherche sur la réussite scolaire au Québec. Comme il existe de nombreux centres de recherche en santé, ce qui n’enlève rien à la pertinence de l’INESSS.

Il en sera de même pour l’INEE en éducation, pour peu qu’on laisse au vestiaire les luttes de pouvoir et qu’on travaille en complémentarité.

L’important, c’est que l’INEE soit autonome et indépendant. Qu’il se fonde sur la science pour mettre le réseau de l’éducation à l’abri des modes pédagogiques qui ont parfois mené à des dérives.

Souvenez-vous du Renouveau pédagogique du début des années 2000 qui misait sur l’approche par compétences, émanant du « socioconstructivisme ». Après coup, des études ont démontré que cette réforme avait causé plus de mal que de bien aux jeunes en difficulté, ceux-là mêmes qu’on voulait aider.

Aujourd’hui, on dénombre 235 000 élèves en difficulté dans nos écoles primaires et secondaires, par rapport à 103 000 il y a vingt ans. Cette augmentation de près de 130 % est un dur constat d’échec pour le réseau.

L’INEE n’est pas une solution miracle. Il ne fera pas apparaître par magie du personnel pour aider les professeurs à bout de souffle. Mais c’est un outil qui passera au peigne fin tout ce qui se fait de bien pour améliorer la réussite scolaire, ici comme ailleurs.

Comment améliorer l’apprentissage de la langue ?

Comment s’attaquer aux problèmes d’anxiété qui touchent désormais 21 % des jeunes au secondaire, en particulier les filles ?

Comment réduire l’écart de réussite entre les jeunes favorisés et ceux qui ne le sont pas, entre les filles et les garçons ?

Ce ne sont pas les défis qui manquent. L’INEE fait partie de la solution, pas du problème. Inutile d’en avoir peur.

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