La commissaire à la santé et au bien-être a publié récemment un premier rapport au sujet de la performance des programmes gouvernementaux de soins et services à domicile.

En avez-vous entendu parler ? Peut-être pas. Le retentissement de ce rapport n’a pas été à la hauteur de l’importance de l’enjeu. Et ce n’est pas étonnant.

Pendant la pandémie, on s’est plus que jamais soucié du sort de nos aînés, embarrassés par l’hécatombe dans les CHSLD et le fait que ceux-ci étaient dans l’« angle mort de la préparation à la pandémie ».

Mais le sentiment d’urgence qui nous animait au plus fort de la crise de la COVID-19 s’est dissipé. Nos aînés sont de retour dans l’angle mort.

Jusqu’à un certain point, on peut comprendre que l’attention soit détournée par d’autres sujets plus clivants. Notamment par le projet de loi visant à créer Santé Québec tout en améliorant l’efficacité du réseau.

Il est clair que des efforts vont être nécessaires au cours de la prochaine année pour donner à l’enjeu des soins à domicile la place qu’il mérite parmi les priorités du gouvernement.

Le rapport rendu public par la commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay, est le premier d’une série de quatre. On cherche, avec ce document, à « comprendre » l’écosystème des soins à domicile.

Traduction : à comprendre à quel point il n’est pas optimal !

On y fait référence à la politique adoptée en 2003 par le gouvernement provincial, baptisée Chez soi le premier choix. Elle « demeure la vision phare du maintien à domicile au Québec ».

Or, c’est un secret de polichinelle, le système de santé actuel ne permet pas de privilégier le domicile comme le premier choix « à toutes les étapes d’intervention, dans le respect de la volonté des personnes », tel qu’évoqué.

Et il y a de très bonnes raisons à cela. L’une d’elles concerne le nerf de la guerre : l’argent. Le cinquième des dépenses de soins de longue durée au Québec est consacré aux soins et aux services de soutien à domicile.

Dans certains pays où le système fonctionne nettement mieux que le nôtre, c’est « environ la moitié », souligne le rapport, citant le Danemark, la Norvège et la Belgique.

Ça ne veut pas dire que rehausser les budgets permettra du jour au lendemain d’atteindre nos objectifs. Il y a des problèmes structurels majeurs à régler.

Plusieurs sont signalés dans le rapport. Par exemple, le fait que les données sont insuffisantes pour prendre des décisions éclairées – quelle surprise !

Ou le fait, également, qu’il est encore très difficile de bien évaluer, rapidement, les besoins des Québécois qui voudraient avoir accès aux services à domicile – c’est terriblement gênant.

Un autre problème de taille : les médecins sont encore trop peu impliqués dans l’écosystème de soins à domicile.

Un exemple précis nous vient en tête : Radio-Canada se penchait récemment sur la « loterie des soins palliatifs à domicile ». Plus précisément sur le cas d’un résidant de Sainte-Julie qui a besoin d’une injection, de façon ponctuelle, pour éviter de se retrouver à l’hôpital.

Le CLSC qui dessert son territoire lui a fait savoir qu’on n’y trouve aucun médecin affecté au soutien à domicile. Parmi les options qui lui ont été suggérées : déménager à Longueuil !

Un exemple (aberrant) de plus qui démontre que solliciter des soins à domicile se transforme trop souvent en parcours du combattant.

C’est, en résumé, le problème fondamental auquel s’attaque le bureau de la commissaire à la santé et au bien-être.

Il va tenter cette année de ressortir les aînés de l’angle mort. Il faudra veiller à ce que ses recommandations – qui seront connues d’ici la fin de l’année – ne finissent pas sur une tablette.

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