On a une bonne et une mauvaise nouvelle pour les touristes québécois qui aiment New York (notamment pour le long week-end de Pâques) et qui sont sensibles à leur empreinte carbone.

La bonne nouvelle : le train Adirondack reliant Montréal à la Grosse Pomme a repris du service la semaine dernière, après avoir été interrompu durant la pandémie.

La mauvaise nouvelle : il est toujours aussi lent. Ça prend 11 h 5 min. Presque deux fois plus qu’en auto.

En 2023, alors qu’on veut réduire nos émissions de CO2 sans nécessairement s’enfermer dans sa région de résidence, ça n’a pas de bon sens. Il faut une deuxième option de transport collectif plus confortable et aussi rapide que l’autobus.

Imaginez : il y avait davantage d’options en train entre Montréal et New York en 1994, avant qu’Amtrak abandonne le train de nuit Montrealer cette année-là. Depuis, il reste l’Adirondack, qui prend la journée pour faire le trajet.

En matière de transport collectif, on n’est malheureusement pas en Europe, où deux villes à 600 kilomètres de distance comme Montréal et New York seraient reliées depuis longtemps par un TGV.

L’idée d’un TGV Montréal-New York revient périodiquement dans l’actualité politique depuis… le maire Jean Drapeau, il y a plus de 35 ans !

Soyons réalistes : l’argent ne pousse pas dans les arbres et il y a beaucoup d’autres chats à fouetter en matière de transport collectif. La dernière fois qu’on a parlé sérieusement d’un TGV, c’est quand le gouverneur de l’État de New York George Pataki faisait la promotion d’un train à 240 km/h au début des années 2000. Québec et New York ont même fait une étude de faisabilité en 2004. La conclusion a été sans appel : trop cher et trop compliqué sur le plan environnemental.

Québec et New York ont toutefois convenu « qu’ils étudieraient les améliorations graduelles à apporter » au tracé existant et aux frontières « afin de réduire le temps de parcours », concluait l’étude.

Deux décennies plus tard, on n’a rien fait. On n’a presque rien retranché au temps de parcours, il y a eu peu d’améliorations au trajet, et le train s’arrête toujours 45 minutes à la frontière.

Premièrement : faire (enfin) passer les douanes avant le départ à Montréal, comme c’est le cas dans les aéroports et à la gare de train de Vancouver. Québec a financé une étude à ce sujet en 2022. On ne parle pas d’envoyer des astronautes sur la Lune, mais des douaniers à la gare de train !

Deuxièmement, améliorer les infrastructures ferroviaires pour que le train soit plus rapide. Au Canada, les rails de Montréal jusqu’à la frontière américaine donnent actuellement priorité aux trains de marchandises.

Les Américains ont un bon service entre Albany et New York. Ce tronçon prend le même temps en train qu’en auto (2 h 40).

Le problème, c’est le tronçon Montréal-Albany, qui prend 3 h 40 min en auto et… le double (7 h 50 min) en train !

Avec les paysages des Adirondacks, Montréal-Albany est l’un des plus beaux trajets ferroviaires en Amérique du Nord. Sauf que le train y passe à pas de tortue. Est-ce possible d’aller plus vite sans détruire le paysage, en améliorant les rails ? On n’a pas la prétention d’avoir la réponse sur le plan technique. Par contre, sur le plan économique, c’est peu rentable pour les Américains. Entre Montréal et Saratoga Springs, près d’Albany, il n’y a qu’une seule ville américaine de plus de 6500 habitants (Plattsburgh avec 32 000 habitants). La clientèle qui en profiterait se trouve à Montréal.

Si on veut un train à une vitesse raisonnable jusqu’à Albany, le Canada et le Québec devront probablement payer une partie des coûts d’infrastructures ferroviaires dans le nord de l’État de New York.

C’est inhabituel de payer pour des infrastructures ferroviaires d’un autre pays, mais le jeu en vaudrait la chandelle : on aurait une option de plus de transport collectif, plus confortable que l’autobus, pour concurrencer l’avion et la voiture.

Si on attend que les Américains financent à 100 % un tracé ferroviaire qui bénéficiera surtout aux Québécois, on risque d’attendre longtemps.

En savoir plus
  • 117 000
    Nombre de passagers de train par année pour le corridor Montréal-New York en 2019
    source : Amtrak, The Gazette
  • 936 552
    Nombre de passagers de train par année pour le corridor Québec-Montréal-Ottawa en 2019
    source : VIA Rail
  • 78 353
    Nombre de passagers de train par année pour le corridor Montréal-Halifax en 2019
    source : VIA Rail
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