La ville d’Amsterdam repousse les limites des installations urbaines pour les bicyclettes. Les cyclistes de la capitale des Pays-Bas ont maintenant à disposition des stationnements à vélo souterrains, plongés sous l’eau près de la gare Centrale.

L’initiative d’Amsterdam s’inscrit dans le désir de redonner de l’espace aux piétons, tout en répondant aux besoins des nombreux cyclistes.

« Avec l’arrivée des nouveaux stationnements souterrains, les supports à vélos disparaissent de la rue, écrit la Ville d’Amsterdam sur son site internet. Sans porte-vélos, la rue est plus facile à nettoyer, elle est rangée, épurée et sécuritaire. »

Dévoilée en janvier, une première installation souterraine, la Stationsplein, peut loger jusqu’à 7000 bicyclettes. Et 4000 places se sont ajoutées en février dernier autour de la gare Centrale d’Amsterdam, quand un deuxième hangar, l’IJboulevard, a ouvert ses portes au-dessus d’une des lignes principales de métro.

PHOTO FOURNIE PAR VENHOEVENCS

Les environs de la gare Centrale d’Amsterdam

L’ensemble du projet a mis près de quatre ans à se concrétiser, les travaux ayant débuté en 2019 sur le lac IJ. L’évolution de l’important chantier a d’ailleurs été documentée dans une vidéo partagée par la Ville⁠1.

Pour la construction de l’IJboulevard, seulement la moitié de l’installation a été plongée dans l’eau et posée sur des pieux. Un espace pour les piétons a ensuite été aménagé au-dessus, avec vue sur l’étendue d’eau.

Sécurisés en tout temps, les deux stationnements sont gratuits les 24 premières heures, avant que le tarif augmente à 1,35 euro (1,97 $) par 24 heures. Tricycle, vélo cargo, vélo électrique : des places pour tous les types de bicyclette ont été aménagées dans le Stationsplein.

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L’entrée du stationnement à vélo souterrain

Reconnus comme un pionnier mondial du vélo urbain, les Pays-Bas comptaient plus de 23 millions de bicyclettes dans les rues en 2021, selon les estimations de l’association locale en mobilité RAI.

Dans un récent rapport annuel⁠2, Amsterdam rapportait plus de 2 millions de kilomètres franchis par les citoyens à vélo chaque jour. « Depuis les 25 dernières années, le nombre de trajets quotidiens a augmenté de manière explosive, passant de 445 000 à 665 000 », peut-on lire. Autant de trajets dans une ville d’environ 850 000 habitants.

« C’est le genre de mesure qu’on doit mettre en place »

« Chose certaine, c’est quelque chose vers quoi on doit tendre », dit Louis Lalonde, chargé de projet à Vélo Québec.

La culture du cyclisme au Québec n’est pas comparable à celle des Pays-Bas. Or, le taux d’adultes québécois qui se déplacent à vélo a pratiquement doublé depuis 1995, et les déplacements à deux roues effectués dans la métropole ont augmenté de 17 % entre 2013 et 2018, selon Vélo Québec.

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Ensemble, les deux nouveaux stationnements de vélos peuvent accueillir 11 000 bicyclettes.

Des stationnements incitatifs pour maintenir la courbe ? « Absolument ! C’est le genre de mesure qu’on doit mettre en place », répond Louis Lalonde. Des initiatives comme à Amsterdam, on commence à en voir dans la province, « mais pas dans la même proportion », assure le spécialiste. « C’est encore un peu timide », avoue-t-il.

Tranquillement, des supports à vélos poussent près des arrêts d’autobus, des trains de banlieue et aux portes des stations de métro, observe-t-il. Des municipalités prennent les devants dans le développement de la culture du vélo : on agrandit de plus en plus le réseau routier pour redonner l’espace aux cyclistes, souligne-t-il.

PHOTO DUTCH CYCLING EMBASSY

Les deux nouveaux stationnements de vélos sont gratuits les 24 premières heures.

Le « cocktail transport »

« Le vélo, c’est la meilleure façon de franchir le premier et le dernier kilomètre. Ou du moins la distance qui nous sépare de nos transports collectifs », lance Louis Lalonde.

L’esprit [des garages souterrains], on se doit de s’en inspirer beaucoup pour combiner nos modes et avoir une mobilité durable. Il est illusoire de penser qu’on peut concurrencer l’auto solo si on n’a pas cette idée du cocktail transport.

Louis Lalonde, chargé de projet à Vélo Québec

« Quand il y aura suffisamment d’infrastructures sécuritaires pour se rendre au travail en combinant les modes actif et collectif, les grands stationnements pour voitures deviendront facultatifs et la congestion automobile sera réduite », explique le spécialiste.

Vols de vélos

Seulement à Montréal, il y a jusqu’à 25 000 vélos volés chaque année, indique Vélo Québec. Selon Louis Lalonde, « ce n’est que la pointe de l’iceberg, comme ce n’est pas tout le monde qui déclare son vélo volé ».

L’application Garage 529, lancée en 2021 par le Service de police de la Ville de Montréal, a permis de réduire d’environ 40 % le nombre de vols dans certaines villes de la province. Or, ça ne pourra jamais concurrencer des stationnements « adéquatement » sécurisés.

Le Québec doit se munir d’outils de surveillance comme le fait Amsterdam pour encourager les gens à combiner les transports actif et collectif, d’autant plus que le nombre de vélos électriques, plus dispendieux, augmente. Il faut que tout le monde soit à l’aise de laisser son vélo verrouillé dans les espaces publics toute la journée, précise Louis Lalonde. « C’est ça qui va nous permettre de réduire nos gaz à effet de serre et de changer la mobilité des gens », conclut-il.

1. Regardez la vidéo 2. Consultez le rapport (en néerlandais)