(Ottawa) L’industrie canadienne soutient la conclusion d’un accord pour éliminer la pollution plastique d’ici 2040, mais préconise le recyclage plutôt qu’une réduction de la production. Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault espère un traité beaucoup plus ambitieux. Des délégués de 175 pays sont réunis à Ottawa cette semaine pour participer à la quatrième ronde de négociation de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur cette question.

Le coup d’envoi a été donné mardi par le président du Comité international de négociations (INC) du programme pour l’environnement de l’ONU, Luis Vayas Valdivieso, au Centre des congrès d’Ottawa.

« Le monde compte sur nous pour mettre en place un nouveau traité qui guidera les actions et la coopération internationale nécessaires pour un avenir sans pollution plastique » a-t-il déclaré. « Nous ne pouvons pas échouer. »

L’Association canadienne de l’industrie de la chimie (ACIC) fait partie des lobbyistes sur place. « Dans l’ensemble, nous soutenons l’accord », affirme en entrevue la vice-présidente de sa division des plastiques, Christa Seaman.

« Nous voulons que l’accent soit mis sur la pollution – qui est le problème – et non la production elle-même, ajoute-t-elle. Si nous réussissons à avoir un traité fort qui soutient l’économie circulaire, le plastique recyclé pourrait répondre à 60 % de la demande en 2060. »

« Moi, je ne pense pas qu’on puisse seulement mettre en place des solutions au niveau du recyclage et espérer arriver à atteindre nos objectifs », a fait valoir le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, en conférence de presse mardi.

PHOTO DAVE CHAN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault

Le Canada préconise plutôt des solutions pour éliminer la pollution du plastique tout au long de sa chaîne de production.

Il va falloir éliminer certains plastiques. Il va falloir certainement recycler, il va falloir faire plus de réutilisation. Il va falloir mieux dessiner des produits dès le départ pour s’assurer qu’ils sont recyclables et qu’ils sont facilement recyclables.

Steven Guilbeault, ministre canadien de l’Environnement

La ronde de négociation précédente à Nairobi, au Kenya, avait mené à un certain recul en faisant passer le projet de traité de 32 à 77 pages. Des pays, dont l’Arabie saoudite et d’autres membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétroles (OPEP), avaient insisté pour y inclure leurs objections aux mesures plus ambitieuses comme de limiter la production de plastiques ou de la réduire progressivement. Ils espèrent plutôt l’augmenter pour pallier l’impact négatif de la transition énergétique sur la production de pétrole.

À l’opposé, les 65 membres de la « Coalition de la haute ambition », présidée par le Rwanda et la Norvège, veulent s’attaquer à la production de plastique et aux produits chimiques dangereux ajoutés à la matière qui peuvent entraver le recyclage. Le Canada en fait partie tout comme la majorité des pays de l’Union européenne. Le bruit courait mardi dans les couloirs du Centre des congrès d’Ottawa que les États-Unis avaient l’intention de s’y joindre, ce qui enverrait un signal fort.

Plusieurs questions obtiennent un large appui comme la question de l’étiquetage des plastiques et l’augmentation du pourcentage de matières recyclées dans la fabrication des nouveaux plastiques. D’autres font toujours l’objet de négociations comme la création d’une liste de plastiques à bannir.

« Est-ce qu’on peut s’entendre là-dessus d’ici la fin de l’année ou est-ce qu’on s’entend sur le fait que nous allons créer une liste et que nous allons la peupler cette liste-là plus tard dans les négociations qui suivront, a précisé le ministre Guilbeault. C’est le genre de discussions que nous allons avoir ici à Ottawa et jusqu’à la fin de l’année en Corée du Sud. »

Il espère que le projet de texte soit abrégé de 70 %, donc ramené à une vingtaine de pages, pour que les pays puissent s’entendre sur les points les plus litigieux lors de la cinquième et dernière ronde de négociations prévues à Busan en Corée du Sud à la fin du mois de novembre. Pour l’instant, il doit y avoir unanimité entre les pays membres, mais la question d’une adoption aux deux tiers, déjà rejetée, pourrait alors être soulevée à nouveau.

Avec l’Agence France-Presse