Mauvaise nouvelle pour les adeptes de collapsologie et autres catastrophistes quant au sort de la planète : l’espoir n’est pas mort.

Il s’est encore montré le bout du nez récemment, cette fois au siège des Nations unies à New York. C’est là où, récemment, l’ensemble des États membres de l’organisation ont réussi à conclure une entente historique pour la protection de la haute mer.

On en a peu parlé, parce qu’en général, on se penche davantage sur les choses qui ne tournent pas rond et les autres mauvaises nouvelles, mais permettez-nous de souligner la chose, car c’est important.

On parle ici d’un effort collectif, inédit et crucial, visant à éviter de perdre la mer.

Nos océans font désormais face à des menaces existentielles, la chute dramatique de la biodiversité en témoigne.

Un pays comme le nôtre, qui possède le plus grand littoral du monde, est aux premières loges pour assister à cette tragédie. Ne pas faire partie de la solution aurait été terriblement gênant.

En termes clairs, les pays membres de l’ONU viennent de s’entendre sur un mécanisme juridiquement contraignant qui, à terme, va permettre de mieux protéger la haute mer.

On montre enfin les dents pour protéger les océans.

Ça signifie qu’on vient de se donner les moyens d’atteindre un des deux grands objectifs fixés lors la conférence de l’ONU sur la biodiversité (COP15) qui s’est tenue à Montréal en décembre dernier – et qui fut elle aussi considérée comme un succès.

On s’y était notamment entendu pour que 30 % des milieux maritimes de la planète deviennent des aires naturelles protégées d’ici 2030. Actuellement, un maigre 1 % de ces eaux est protégé.

Les mesures spécifiques restent à définir, mais elles devront assurer la protection de la diversité biologique des écosystèmes désignés.

L’entente conclue à New York, pour sa part, est l’aboutissement de 15 ans de discussions. Quand elle sera en vigueur, elle permettra la protection des zones qui sont situées à 370 kilomètres au large des côtes.

PHOTO YUKI IWAMURA, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Conférence des Nations unies lors de laquelle l’ensemble des États membres de l’organisation ont travaillé sur une entente pour la protection de la haute mer, à New York, en février dernier

« C’est l’entente en matière de conservation la plus importante de l’histoire », nous a expliqué la responsable de la campagne Océans et plastique de Greenpeace Canada.

Avant ce traité, il n’y avait ni outil légal ni ensemble d’outils qui nous auraient permis de protéger adéquatement la haute mer, qui représente les deux tiers de l’océan et la moitié de la planète.

La responsable de la campagne Océans et plastique de Greenpeace Canada

Cela dit, aussi importante soit cette entente, elle ne signifie pas que protéger 30 % des océans sera simple.

D’abord, l’accord doit être ratifié.

Le Canada devrait procéder rapidement, pour donner l’exemple, et ensuite contribuer à accélérer le processus. C’est-à-dire veiller à ce que les autres pays l’imitent très vite.

Ensuite viendra l’étape fondamentale de la création des zones protégées et d’un mécanisme de suivi.

Il y a loin de la coupe aux lèvres, donc. N’empêche que le progrès qui vient d’être accompli est indéniable.

Sur le plan de la protection des océans – ce qui est en soi un exploit parce qu’ils sont généralement dans notre angle mort –, mais pas seulement.

Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a qualifié l’entente de « victoire pour le multilatéralisme ». Il n’a pas tort.

Car l’accord nous montre aussi que sur des enjeux environnementaux très controversés comme celui de la protection de la haute mer, les gouvernements de la planète peuvent mettre de côté leurs différends et trouver un terrain d’entente.

C’est probablement bon signe, à court terme, pour la négociation d’un traité international contre la pollution plastique.

Il y a donc, dans l’essence même de ce nouvel accord, une lueur d’espoir.

Et des lueurs de ce genre, alors que nous avons du mal à relever le défi climatique, on aurait tort de les ignorer. Osons plutôt nous en réjouir et nous en inspirer.

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