Un premier traité international de protection de la haute mer a été adopté le 4 mars par les pays membres des Nations unies. Une entente qualifiée d’historique, au moment où la santé des océans est menacée par le réchauffement planétaire, la pollution plastique, la surpêche et l’exploration minière des fonds marins.

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Le nouvel accord est intervenu après plus de 15 ans de discussions, dont 4 années de négociations formelles entre les États membres de l’ONU. Il doit cependant être entériné par les quelque 190 pays membres avant d’entrer en vigueur.

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PHOTO PATRICK HERTZOG, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Albatros survolant la mer en décembre dernier, en route vers les îles Kerguelen, parfois surnommées îles de la Désolation, tout au sud de l’océan Indien

Qu’est-ce que la haute mer ? Ce sont les eaux internationales, qui commencent à la limite des zones économiques exclusives des États, soit à 370 km des côtes. La haute mer représente plus de 60 % des océans. Surtout, elle constitue près de la moitié (45 %) de la surface de la Terre.

1 %

Environ 1 % des eaux internationales sont actuellement l’objet de mesures de protection. Avec cette nouvelle entente, des aires marines protégées pourraient être créées en haute mer. Rappelons que le nouveau cadre mondial pour la biodiversité, adopté à Montréal en décembre dernier, prévoit de protéger 30 % des océans.

Des éponges climatiques

Depuis le début de la révolution industrielle, vers 1750, les océans ont absorbé environ le quart des émissions de CO2 relâché dans l’atmosphère. Ils ont aussi absorbé presque tout l’excès de chaleur occasionné par la hausse des gaz à effet de serre, soit 93 % au cours des 40 dernières années. Bref, sans les océans, les effets du réchauffement planétaire seraient encore plus importants. Le hic ? En jouant ainsi le rôle d’éponge climatique, les océans s’acidifient et se réchauffent, ce qui modifie profondément certains écosystèmes marins.

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PHOTO OLIVIER MORIN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Vue d’un glacier qui fond à Svalbard, archipel du nord de la Norvège, en septembre 2021

Si les banquises en Arctique et en Antarctique reflètent jusqu’à 90 % des rayons du soleil, l’océan, lui, les absorbe, jusqu’à 90 %. Les changements climatiques se traduisent ainsi par un cercle vicieux à teneur exponentielle : le réchauffement des océans fait fondre la banquise, la fonte de celle-ci diminue la superficie des surfaces blanches capables de refléter les rayons du soleil. Les océans absorbent alors encore plus de chaleur, ce qui accélère la fonte des glaces. Vous suivez toujours ?

90 % (bis)

Selon l’ONU, environ 90 % des populations d’espèces de poissons exploitées commercialement sont épuisées ou en voie d’épuisement.

306

Si les réserves terrestres de nickel sont estimées à 230 millions de tonnes métriques, celles situées au fond des océans sont évaluées à 306 millions de tonnes métriques. Or, la demande pour ce minerai est à la hausse, notamment pour assurer la production de voitures électriques. C’est le cas aussi pour le cobalt et les terres rares, dont les réserves sous-marines sont très largement supérieures à celles qu’on retrouve sur terre.

Un eldorado minier au fond du Pacifique

Appelée la zone de Clarion-Clipperton, cette fracture géologique longue d’environ 7200 km possède une superficie de 4,5 millions de mètres carrés, soit presque trois fois la superficie du Québec. À une profondeur de 4000 à 5000 mètres, on y retrouve des quantités importantes de cobalt, de terres rares, de nickel et de manganèse. Plusieurs permis d’exploration minière ont été délivrés par l’Autorité internationale des fonds marins ces dernières années.

Des zones presque inconnues

Plusieurs scientifiques et groupes environnementaux appellent à la prudence quant à l’exploration minière des fonds marins. Ils invoquent notamment le peu de connaissances de ces zones, plus difficiles à explorer que les milieux terrestres. Dans ces circonstances, les impacts des activités minières, par exemple, pourraient être sous-estimés, faute d’information.

Des études d’impact

L’un des éléments les plus importants du nouvel accord, c’est qu’il prévoit l’obligation de réaliser des études d’impact sur l’environnement pour des activités envisagées en haute mer, dans des zones qui échappent aux juridictions nationales.

Sources : Agence France-Presse, Atlas de l’océan, Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique