(Ottawa) Des groupes environnementaux ont louangé le nouvel accord visant à protéger la biodiversité en haute mer, lieu où les efforts de protection ont longtemps été freinés par un manque d’harmonisation de la réglementation.

L’entente conclue samedi soir aux Nations unies marque un tournant dans les efforts pour mettre de l’ordre sur de vastes étendues de la planète où la conservation a déjà été entravée par des lois confuses. Sa portée devrait s’appliquer à près de la moitié de la surface de la planète.

Selon Greenpeace Canada, cet accord représente une étape monumentale pour la protection des océans.

« Il s’agit du plus grand effort de conservation de l’histoire, s’est réjouie dimanche la responsable de la campagne Océans et Plastique de Greenpeace Canada, Sarah King. C’est un moment que tout le monde devrait célébrer. »

Selon elle, le traité sera utilisé comme outil pour améliorer la gouvernance de la haute mer, ainsi que pour permettre aux gouvernements mondiaux d’atteindre l’engagement de la Conférence des Nations unies sur la biodiversité de protéger 30 % des eaux et des terres de la planète.

« Les scientifiques ont affirmé qu’une protection de 30 % est le minimum dont nous avons besoin pour commencer à restaurer la biodiversité marine et permettre aux écosystèmes de renforcer leur résilience face aux changements climatiques, à la pollution plastique et à toutes les autres menaces auxquelles ils sont confrontés », a-t-elle dit.

« Il est donc vraiment important que les gouvernements agissent rapidement pour créer un réseau d’aires protégées en haute mer. »

Elle a lancé qu’il appartient maintenant au Canada – et à tous les gouvernements du monde – de ratifier et de mettre en œuvre le traité dès que possible.

Réactions positives au gouvernement fédéral

« Je suis très fière des contributions du Canada au cours du processus de négociation et de la façon dont nous nous sommes engagés avec d’autres pays pour obtenir le soutien nécessaire à la signature de cet accord », a salué la ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, Joyce Murray, dans un communiqué.

« J’ai hâte de travailler avec nos partenaires internationaux pour mettre en œuvre cet accord historique avec des approches unifiées pour la protection des océans. »

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, ont également accueilli favorablement cette nouvelle entente dans une déclaration commune publiée aux côtés de Mme Murray.

« Nos océans sont au cœur de ce que nous sommes en tant que pays. Avec les plus longues côtes du monde, les zones marines et côtières sont essentielles à l’économie du Canada et aux moyens de subsistance des Canadiens de partout au pays », ont rappelé les ministres dans leur communiqué.

« Nous continuerons à travailler avec nos partenaires internationaux pour promouvoir un monde plus bleu, plus propre et plus durable. »

Aboutissement d’un long processus

La Convention des Nations unies sur le droit de la mer est entrée en vigueur en 1994, avant que la biodiversité marine ne soit un concept bien établi. L’accord a été conclu après deux semaines de pourparlers au siège de l’ONU à New York.

Un cadre actualisé pour protéger la biodiversité marine dans les régions situées à l’extérieur des eaux limitrophes nationales faisait l’objet de discussions depuis plus de 20 ans, mais les efforts pour parvenir à un nouvel accord avaient été paralysés à plusieurs reprises.

L’entente prévoit la création d’un nouvel organisme chargé de gérer la conservation de la biodiversité marine et la mise en place d’aires marines protégées en haute mer.

Le traité établit également des règles de base pour la réalisation d’évaluations de l’impact environnemental des activités commerciales dans les océans.

Plusieurs espèces – dont les dauphins, les baleines, les tortues de mer et de nombreux poissons – effectuent de longues migrations annuelles, traversant les frontières nationales. Les efforts pour les protéger, ainsi que les communautés humaines qui dépendent de la pêche ou du tourisme lié à la vie marine, se sont longtemps avérés difficiles pour les organisations internationales.

Laura Meller, militante pour Greenpeace Nordic, a fait valoir que la Chine et la High Ambition Coalition – qui comprend le Canada, l’Union européenne, les États-Unis et le Royaume-Uni – étaient des acteurs clés dans la négociation de l’accord.

« Maintenant, le dur travail de ratification et de protection des océans commence, a-t-elle déclaré dans un communiqué. Nous devons tirer parti de cet élan pour éliminer les nouvelles menaces telles que l’exploitation minière en haute mer et nous concentrer sur la mise en place de protections. »

Avec des informations de l’Associated Press.