Ce qui est tout à fait normal, dès que se déroule une tragédie comme celle qui s’est produite mercredi à Laval, c’est de chercher à comprendre.

Plus le drame semble inexplicable, plus il est aux antipodes de ce que l’âme humaine peut considérer comme acceptable, plus il nous est urgent de percer son mystère.

Qu’est-ce qui a pu pousser un homme à transformer un autobus en machine de guerre et à prendre pour cible une garderie ? Un lieu qui, par son essence même, devrait être sacré, intouchable.

Qu’est-ce qui peut pousser un adulte à poser un des gestes qui nous semble parmi les plus odieux qui soient : voler la vie de jeunes enfants ?

On veut comprendre ce drame parce qu’il fait partie de ceux pour lesquels notre besoin de consolation est impossible à rassasier, pour reprendre les mots de l’écrivain Stig Dagerman.

On veut faire la lumière sur ce qui s’est passé, aussi, parce qu’il importe de savoir s’il était possible de le prévenir, ce drame.

Et s’il est possible, par conséquent, d’empêcher d’autres tragédies similaires à l’avenir. Autant que faire se peut.

Tout en sachant bien que, d’une certaine façon, on cherche à comprendre l’incompréhensible.

Les mots « santé mentale » ont rapidement été prononcés.

On sait que les investissements de l’État québécois ne sont pas à la hauteur des besoins depuis trop longtemps. Et que même si des millions ont été injectés par la CAQ ces dernières années, on ne parvient pas à réduire la liste d’attente pour des services.

On parle encore de quelque 20 000 personnes en attente d’un suivi. C’est scandaleux.

On aurait cependant tort de soutenir trop rapidement qu’il y a un lien causal entre ce scandale et la tragédie.

D’ailleurs, le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a précisé jeudi que l’homme n’était pas « en attente de services en santé mentale ».

Plusieurs experts ont également affirmé qu’il est important de ne pas sauter aux conclusions afin de ne pas stigmatiser les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale.

Sur le plan du soutien psychologique, on a d’ailleurs entendu François Legault, lorsqu’il a visité les lieux du drame, répéter à quel point il est important, dans les circonstances, d’aller chercher de l’aide.

L’appel du premier ministre, destiné à ceux qui ont vécu cette tragédie « de proche ou de loin », était bienvenu.

Soulignons par ailleurs que l’enquête actuellement menée par les autorités est fondamentale. Tout comme la façon dont les résultats pourront être utilisés, dans la mesure du possible, pour nous faire réfléchir aux meilleures façons d’agir en amont pour éviter d’autres tragédies.

Pour ce qui est d’agir en aval, les évènements nous ont rappelé à quel point le Québec n’est pas à court de citoyens prêts à se transformer en héros dès que le destin leur en donne l’occasion.

C’est ce qu’on retient des témoignages entendus depuis le drame.

Parents, éducatrices, policiers et autres intervenants : tous ceux qui étaient sur les lieux au moment ou à la suite du drame, malgré le choc, ont réagi avec un courage remarquable. Comme, d’ailleurs, ceux qui ont soigné les victimes par la suite. Il est important de leur rendre hommage.

Un mot en terminant sur la réaction de nos élus. Des premiers ministres au maire de Laval, en passant par les chefs de l’opposition à l’Assemblée nationale et d’autres élus provinciaux et fédéraux, la solidarité dont ils ont fait preuve faisait du bien à voir.

On ne sera jamais trop nombreux pour partager la douleur des enfants, des parents et, en fait, de tous ceux qui ont été affectés par cette tragédie, a déclaré François Legault.

Il a raison.

À défaut de pouvoir remonter dans le temps et empêcher cet élan de folie meurtrière, afficher notre solidarité est possiblement ce que nous pouvons faire de mieux.

De façon solennelle, activement et résolument.

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