François Legault n’a pas l’intention de participer à un débat des chefs portant exclusivement sur l’environnement et la crise climatique. Ça ne nous étonne pas. Et vous non plus, d’ailleurs, n’est-ce pas ?

La directrice générale d’Équiterre, Colleen Thorpe, dit vouloir « pousser encore ». Mais sa détermination ne parviendra pas à émouvoir le premier ministre. Il n’a absolument rien à gagner, sur le plan politique, d’une participation à un tel débat. Et il en est conscient.

À quelques mois des prochaines élections, le dossier des changements climatiques est l’un de ceux pour lesquels le bilan du gouvernement est le moins reluisant.

Le parti de François Legault aimerait beaucoup qu’on lui accorde une bonne note pour sa gestion de cet enjeu fondamental pour l’avenir de notre planète, mais… il ne fait même pas ses devoirs.

C’est ce que déplore la commissaire au développement durable, Janique Lambert. Son plus récent rapport a pris la forme d’une double gifle. La première pour le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. La deuxième pour le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles.

Les problèmes qu’elle soulève sont sérieux. Ils « risquent de compromettre la transition énergétique du Québec », a-t-elle dit.

On reproche notamment au gouvernement caquiste ses ratés en matière de gestion du Fonds d’électrification et de changements climatiques (FECC), le successeur du tristement célèbre Fonds vert… dont la gestion avait été dénoncée !

Le FECC doit notamment permettre à Québec d’atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (pour rappel : une diminution de 37,5 % sous leur niveau de 1990 d’ici 2030).

Or, des actions pour y parvenir ont été reconduites sans être évaluées, déplore la commissaire. Et elles se chiffrent à 5,4 milliards de dollars, soit 80 % de la somme prévue.

Le gouvernement caquiste demeure donc un élève paresseux. Il n’a pas encore été en mesure de mettre de l’avant des mécanismes pour une gestion efficace et transparente du Fonds d’électrification et de changements climatiques.

Le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles n’est pas, lui non plus, un champion de la bonne gouvernance. Il ne « gère pas de manière efficace et efficiente la mise en œuvre de la politique énergétique », souligne la commissaire.

Cette politique, rendue publique il y a déjà six ans, vise notamment une réduction de 40 % de la quantité de produits pétroliers consommés et une augmentation de 25 % de la production d’énergies renouvelables. Mais l’implantation de plusieurs mesures « ne se déroule pas comme elle le devrait ». Et, hélas, les progrès réalisés pour atteindre les cibles ne sont pas évalués.

Vous pouvez, ici, pousser un soupir de découragement.

Mais attendez, il y a de quoi en pousser un autre en se rappelant que Québec a adopté en 2020 un projet de loi pour modifier la gouvernance en matière de lutte contre les changements climatiques.

Le ministère de l’Environnement avait aboli le Conseil de gestion du Fonds vert et Transition énergétique Québec, deux organismes indépendants, pour s’approprier leurs pouvoirs. Était-ce vraiment une bonne idée ? Il est actuellement permis d’en douter.

Les constats de la commissaire ne signifient pas que toutes les mesures adoptées sont inefficaces. Loin de là. Gare au catastrophisme.

Mais alors que le Québec ne semble pas en mesure d’atteindre ses cibles de réduction des gaz à effet de serre, la moindre des choses serait qu’on s’assure que chaque dollar est bien investi.

Si on avait un portrait plus fidèle de la situation, il serait plus facile de pousser la réflexion plus loin et d’explorer d’autres avenues pour décarboner le Québec plus rapidement.

Il nous reste à espérer que l’opposition talonnera la CAQ à ce sujet d’ici le scrutin. Et qu’on accordera à cet enjeu, lors des débats des chefs et plus largement pendant toute la durée de la campagne, l’importance qu’il mérite.

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