« J’ai besoin de vous autres. »

C’est la phrase la plus importante à retenir de la conférence de presse du premier ministre François Legault, diffusée à heure de grande écoute pour que son message porte haut et fort.

Aucun doute : l’adhésion des citoyens sera le nerf de la guerre contre Omicron qui se propage de façon exponentielle. Mais après 21 mois de combat, les Québécois sont tous tannés de la pandémie. Il y a longtemps qu’ils ont mis à la corbeille leurs arcs-en-ciel de la première vague.

Après deux doses de vaccins, on leur avait promis un passeport vers le retour à la vie normale. Mais à cause du nouveau variant, ils se retrouvent avec de nouvelles restrictions à une semaine du réveillon.

Décourageant ? C’est le moins qu’on puisse dire.

La facture sera lourde pour les commerces qui ont déjà tellement souffert, à commencer par les restaurants et les agences de voyages qui sont aux prises avec une nouvelle vague d’annulations. Il faudra leur venir en aide.

Les familles aussi en ont gros sur le cœur, elles qui n’ont pas eu la chance de célébrer l’an dernier. Québec leur a fait une fausse joie, en leur promettant des partys de 20 personnes, une annonce prématurée puisqu’on savait qu’Omicron risquait de brouiller les cartes.

Cela force le premier ministre à revenir en arrière, exactement comme l’an dernier où il avait dû changer les règles du « contrat moral » qu’il avait proposé aux Québécois pour la période des Fêtes.

Malgré la désagréable impression de rejouer dans le même mauvais film, il faut reconnaître que Québec prend exactement la bonne décision en annonçant cette batterie de mesures sanitaires.

La balle est maintenant dans notre camp. Ce n’est pas le temps d’abandonner la partie, car Omicron est un adversaire redoutable.

Le variant qui représente déjà 20 % des cas au Québec se répandra à grande vitesse dans toute la province, puisque le nombre de cas double tous les trois jours. Même s’il rend moins malade que le Delta – ce qui reste à évaluer –, Omicron risque de faire déborder nos hôpitaux d’ici quelques semaines.

Bien sûr, il faut accélérer l’administration de la troisième dose, car six mois après leur deuxième dose, les gens ne sont protégés qu’à 34 % contre Omicron (64 % contre Delta). La troisième dose relèverait la protection à 76 %, selon une étude britannique.

Le succès de la campagne de vaccination, jusqu’ici, nous permet d’espérer que Québec parviendra à relever sa cadence d’environ 100 000 doses administrées par semaine dernièrement, à plus de 700 000 doses comme en juillet dernier.

Mais ce ne sera pas instantané. Et d’ici là, Omicron aura le temps de faire des dégâts.

C’est pourquoi il est essentiel de réduire nos contacts au maximum durant la période des Fêtes. D’utiliser les tests rapides qui arriveront lundi en pharmacie. De maintenir les gestes barrières.

Consolons-nous : une pause pour Noël est un moindre mal. Les écoliers sont à la maison. Une bonne partie des travailleurs aussi.

Pour les familles, il vaut mieux rester confinés serré pendant les Fêtes que d’être pris avec un casse-tête en janvier, s’il faut garder les enfants à la maison.

En respectant la consigne d’un maximum de 10 personnes – ce qui est déjà mieux que l’an dernier – on augmente les chances que les jeunes aient un trimestre d’hiver à peu près normal.

On épargne le personnel hospitalier qui est au bout du rouleau, en réduisant les hospitalisations.

Et en diminuant les risques de dérapage, on s’épargne des restrictions qui risqueraient d’être encore plus strictes en janvier. En effet, si la situation dégénère, qui dit que la CAQ n’imposerait pas un nouveau couvre-feu pour limiter les rassemblements privés ?

Si on veut éviter le pire, c’est à nous de jouer. Maintenant.

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