Il se dégageait une certaine impression d’impuissance de la part du gouvernement Legault lors du point de presse de mardi sur l’évolution de la pandémie.

La troisième dose pour améliorer la protection contre le variant Omicron ? Le gouvernement aimerait bien l’accélérer, mais il en a déjà plein les bras avec la vaccination des enfants et il manque de vaccinateurs. Pour en trouver, il implore ceux qui le peuvent de visiter la plateforme Je contribue. La cadence augmentera sans doute… après Noël.

Avec tous ceux qui veulent se faire tester avant les Fêtes, les files s’allongent devant les centres de dépistage. Mais encore ici, on manque de travailleurs pour faire passer les tests PCR.

Les tests rapides ? Les parents commencent enfin à en voir la couleur. Quant aux autres… On commencera à distribuer les autotests gratuitement dans les pharmacies à partir de lundi prochain, soit cinq jours avant Noël. C’est très tard, et il n’est pas clair qu’il y en aura pour tout le monde.

Mardi, les autorités n’étaient même pas en mesure d’offrir un portrait complet de la présence du variant Omicron au Québec. Une opération de criblage est en cours et on en connaîtra bientôt les résultats.

Il serait injuste de blâmer le gouvernement, qui ne pouvait prévoir qu’Omicron s’inviterait au réveillon. Reste que dans le cas des tests rapides, tant le provincial que le fédéral auraient dû voir les choses venir et s’assurer de les rendre disponibles bien plus tôt.

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Pour le reste, c’est plus complexe. La troisième dose aurait certes pu être offerte plus tôt. Mais Québec suivait les recommandations de son comité sur l’immunisation, qui ne notait pas de baisse importante de l’immunité.

Quant aux vaccinateurs et aux travailleurs de la santé, Québec ne peut pas les inventer à dix jours de Noël.

Le résultat, c’est qu’à l’approche d’une période des Fêtes qui s’annonce critique, Québec vient un peu nous dire : « Ne vous demandez pas ce que votre gouvernement peut faire contre Delta et Omicron. Demandez-vous ce que vous pouvez faire contre ces variants. »

Une impression renforcée par le fait que le gouvernement Legault a de toute évidence renoncé à jouer à la police du réveillon et à imposer des limites strictes aux rassemblements.

Ça veut dire que la balle est en grande partie dans le camp des citoyens.

La première chose à faire est sans doute de perdre la légèreté générée par un automne somme toute assez tranquille. On aimerait tous célébrer les Fêtes en oubliant cette foutue COVID-19. Et on le mériterait drôlement. Mais dans le contexte actuel, ce serait irresponsable.

La menace est double. D’un côté, la vague du variant Delta gonfle. Depuis une semaine, les cas sont en hausse de 38 % et les hospitalisations, de 25 %. Les cas dans les écoles fracassent des records absolus.

De l’autre, on voit le variant Omicron arriver comme un tsunami. Environ trois fois plus contagieux que le Delta, il est en train de balayer l’Ontario. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’il fasse la même chose ici.

Oui, il semble moins virulent et il faudra s’habituer à voir les cas monter sans trop paniquer. Mais les modélisateurs sont bien embêtés de prédire ses effets sur notre système hospitalier.

Le prendre à la légère pourrait s’avérer une grave erreur. Surtout que les vagues Delta et Omicron risquent de se rencontrer en plein dans la période de l’année où les populations se mélangent allègrement.

Que faire ? À dix jours de Noël, ceux qui peuvent recevoir leur troisième dose auraient tout intérêt à foncer. Même chose pour la vaccination des enfants. Oui, les vaccinateurs sont en nombre limité, mais ils ne travaillent même pas à plein rendement actuellement.

Et on en connaît maintenant tous assez sur ce virus pour savoir comment minimiser les risques pendant les Fêtes.

C’est aux travailleurs de la santé épuisés qu’il faut penser. Aux malades qui pourraient voir leur opération chirurgicale reportée si la capacité hospitalière est dépassée en janvier. Aux élèves qui voudront rentrer en classe à ce moment. À la vigueur des centres-villes, aussi, si le télétravail se poursuit comme il a été recommandé mardi.

La bonne nouvelle : Noël sera quand même plus réjouissant que l’an dernier. C’est déjà une victoire à célébrer (prudemment).

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