Vous en connaissez peut-être un. L’un de ces patrons qui refusent de déléguer parce qu’ils veulent tout faire eux-mêmes… mais qui n’y parviennent pas.

Résultat : le boulot se fait mal. Ou en retard.

C’est l’image qui vient en tête en voyant les autorités de santé publique s’entêter à vouloir s’occuper seules des opérations de dépistage de la COVID-19. Contrairement à bien des pays européens, le Québec refuse encore de responsabiliser sa population en l’incitant à se tester elle-même et en facilitant l’accès aux autotests.

Le hic, c’est que de leur côté, les autorités montrent des signes qu’elles sont débordées par ces opérations.

Notre collègue Mayssa Ferah révélait récemment que la Montérégie est frappée par d’importants retards dans le dépistage. Des citoyens attendent plusieurs jours pour obtenir un rendez-vous. L’augmentation de la demande et la pénurie de main-d’œuvre sont évoquées pour expliquer l’attente.

Lisez « Montérégie : D’importants délais dans le dépistage »

À quel point ces problèmes sont-ils généralisés ? Il n’est malheureusement pas simple d’obtenir des réponses. On sait en tout cas qu’avec les nombreux virus respiratoires qui circulent, les besoins en dépistage sont en forte hausse. Les nez qui coulent et les gorges qui piquent sont actuellement aussi nombreux qu’au plus fort des pics hivernaux.

Québec affirme que la province compte 152 centres de dépistage, contre 125 en juillet 2020.

On assure que « l’offre suivra en fonction des besoins de la population ». Mais nous avons contacté la vingtaine de CISSS et de CIUSSS que compte le Québec et constaté que le réseau craque à bien des endroits.

« Nous vivons certaines difficultés à donner les rendez-vous dans un délai de 24 heures à Baie-Comeau et Sept-Îles, en raison notamment d’enjeux de main-d’œuvre », affirme-t-on sur la Côte-Nord.

« Certains délais d’attente ont été constatés au service sans rendez-vous. La pénurie de main-d’œuvre limite le déploiement de l’ensemble de nos capacités », nous dit-on en Outaouais.

À Thetford, où les délais dépassent aussi parfois 24 heures, on donne le choix aux gens : attendre ou se déplacer vers un autre centre.

En Estrie, à Montréal et à d’autres endroits, on distribue des coupons lorsque les files s’allongent trop.

Le CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal affirme que les gens qui se présentent au sans rendez-vous peuvent se faire tester le jour même… « ou le lendemain ».

Devant ces retards et obstacles, combien de Québécois jettent l’éponge ? Les sondages indiquent en tout cas que la proportion d’adultes symptomatiques qui se font tester n’a jamais été aussi basse.

On note par ailleurs un changement de philosophie dans le réseau. La norme n’est plus d’accueillir tous ceux qui se présentent au sans rendez-vous le jour même. C’est de fixer un rendez-vous dans un délai de 24 heures pour le prélèvement (et on n’y parvient pas partout).

À ce délai s’ajoute évidemment à l’attente du résultat.

Or, attendre 24 heures ou plus avant le prélèvement, c’est retarder d’autant le démarrage du traçage de contacts en cas de résultat positif. On sait pourtant qu’il est crucial de démarrer ces opérations le plus tôt possible pour briser les chaînes de transmission.

Tout cela pointe vers un problème de dépistage, alors même que le variant Delta particulièrement contagieux sévit.

Comment le régler ? Considérant la pénurie de main-d’œuvre en cours, nous avons déjà plaidé dans ces écrans pour que les gens puissent se tester eux-mêmes avec des trousses spécialisées afin de décharger en partie le réseau.

Lisez « Un test de COVID-19 dans le confort de votre foyer »

La Santé publique a toujours été réfractaire à ces solutions. Mais on nous dit que le ministère de la Santé a confié au grand manitou de la vaccination, Daniel Paré, le mandat de s’y pencher. Sans tambour ni trompette, l’organigramme du Ministère vient d’ailleurs d’être modifié pour placer le dépistage sous son autorité.

Espérons que cela provoque des changements. Les autotests ne sont pas parfaits, c’est vrai. Mais attendre les solutions miracles, ça revient à se croiser les bras. Et le virus, lui, n’attend pas.

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