Dans notre guerre contre la COVID-19, nous pouvons compter sur deux armes principales.

La première est le vaccin. Un bouclier imparfait, mais qui bloque une grosse partie des attaques du virus, particulièrement les plus graves.

La deuxième est le dépistage. Il nous permet de savoir où est l’ennemi et de suivre ses déplacements. De déjouer son action en isolant les malades et en brisant les chaînes de transmission.

Or, nous avons un problème sur ce deuxième front. Selon le dernier sondage de l’Institut national de santé publique du Québec, à peine 40 % des adultes qui ont des symptômes ou savent avoir été en contact avec un cas avéré passent aujourd’hui un test de dépistage.

Ce pourcentage était de 36 % il y a deux semaines. Jamais on n’a vu de chiffres si bas. Au printemps dernier, la proportion tournait entre 50 et 55 %.

Cette chute du dépistage parmi les personnes à risque fait courir le danger que des cas circulent sous le radar. Jusqu’à ce qu’ils touchent quelqu’un (presque toujours un non-vacciné) qui se retrouve à l’hôpital.

Plusieurs raisons expliquent que les gens ne se précipitent plus au centre de dépistage à la moindre quinte de toux.

Il y a d’abord le fait que les gens vaccinés jugent peu probable d’avoir contracté la maladie, surtout que leurs symptômes sont généralement moins sévères. Un nez qui coule ? Un petit mal de gorge ? Sans doute un rhume, se disent-ils.

Il y a ensuite le fait que les rhumes, justement, profitent du retour des contacts sociaux pour revenir en force et brouiller les cartes. Virus respiratoire syncytial, rhinovirus, entérovirus, parainfluenza, métapneumovirus : la liste des microbes qui provoquent actuellement des symptômes similaires à ceux de la COVID-19 est longue. Et selon les médecins, ils sont aussi présents en ce début d’automne que lors des pics hivernaux.

Notre ennemi public numéro un, jadis très visible parce que les autres virus avaient été pratiquement éradiqués par les mesures sanitaires, est donc désormais bien camouflé.

Cela commande d’adapter nos stratégies.

Une partie de la solution passe certainement par le rappel de l’importance de se rendre dans les centres de dépistage quand on est malade. Sauf qu’avec la prévalence des nombreux virus respiratoires, on peut se demander si la consigne sera suivie.

La procédure est lourde. Il faut se déplacer, puis s’isoler en attendant le résultat si on a des symptômes. Ça veut dire des adultes qui manquent le boulot (et, trop souvent, la paie qui va avec). Ça veut dire des enfants qui ratent un ou deux jours d’école.

Si les nez continuent de couler au même rythme, l’automne et l’hiver pourraient être longs.

PHOTO ASSOCIATED PRESS

Un autotest de Lucira

D’où l’idée d’utiliser un outil qui n’a pas encore été déployé au Canada : les autotests. Une poignée de ces tests qu’on peut s’administrer soi-même à domicile a été approuvée par Santé Canada. C’est le cas du CheckIt de Lucira et, la semaine dernière, du QuickVue At-Home de Quidel. Ils fournissent des résultats rapidement (entre 10 et 30 minutes).

Ces tests ne sont pas parfaits. Mais ils ont l’avantage d’attraper les cas contagieux, justement les plus cruciaux à intercepter. En août dernier, un comité d’experts mandaté par le gouvernement fédéral a conclu qu’ils pouvaient être utiles en cas de résurgence du virus et qu’ils devraient être offerts gratuitement pour des raisons éthiques.

Lisez le rapport fédéral

Leur déploiement doit bien sûr être encadré. Un résultat positif, par exemple, devrait être confirmé en laboratoire. D’abord pour augmenter la confiance dans le diagnostic, ensuite pour que la santé publique puisse continuer à documenter les cas et à faire ses opérations de traçage.

Mais il est temps d’encourager les gens à se responsabiliser face à la COVID-19. En Autriche, chaque citoyen peut se procurer cinq autotests gratuits tous les mois en pharmacie. Qu’attend-on pour au moins tester l’idée ici ?

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