Insultes, menaces, vandalisme et autres crimes haineux : la pandémie liée au coronavirus semble avoir déclenché une vague d’actes racistes contre nos concitoyens d’origine asiatique. Rien de nouveau : l’histoire canadienne est parsemée de chapitres sombres à ce sujet.

  • Ras-le-bol du racisme antiasiatique
Le week-end dernier, ils étaient des centaines à manifester leur ras-le-bol à Montréal et ailleurs au pays. Une nouveauté, ce racisme antiasiatique ? Pas du tout. L’histoire canadienne est parsemée de chapitres sombres à ce sujet. Sur la photo : manifestation contre le racisme antiasiatique à Montréal. 

    PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

    Ras-le-bol du racisme antiasiatique
    Le week-end dernier, ils étaient des centaines à manifester leur ras-le-bol à Montréal et ailleurs au pays. Une nouveauté, ce racisme antiasiatique ? Pas du tout. L’histoire canadienne est parsemée de chapitres sombres à ce sujet. Sur la photo : manifestation contre le racisme antiasiatique à Montréal. 

  • Le chemin de fer à moitié prix
L’histoire est bien connue. Au tournant du XIXe siècle, des travailleurs chinois, qui fuyaient la sécheresse dans le sud de leur pays d’origine, ont porté en grande partie sur leurs épaules la construction des chemins de fer canadiens. Ce qu’on sait moins, c’est que ces ouvriers gagnaient la moitié du salaire des Blancs. Ce maigre salaire, ils étaient 15 000 à l’envoyer presque en entier à leurs familles restées en Chine. La réaction des Blancs à cette injustice ? Accuser les Chinois de leur voler leurs jobs parce qu’ils coûtaient moins cher à leur employeur. Sur la photo : construction de la Transcontinental Railroad, aux États-Unis.

    PHOTO JOSEPH BECKER, LIBRARY OF CONGRESS

    Le chemin de fer à moitié prix
    L’histoire est bien connue. Au tournant du XIXe siècle, des travailleurs chinois, qui fuyaient la sécheresse dans le sud de leur pays d’origine, ont porté en grande partie sur leurs épaules la construction des chemins de fer canadiens. Ce qu’on sait moins, c’est que ces ouvriers gagnaient la moitié du salaire des Blancs. Ce maigre salaire, ils étaient 15 000 à l’envoyer presque en entier à leurs familles restées en Chine. La réaction des Blancs à cette injustice ? Accuser les Chinois de leur voler leurs jobs parce qu’ils coûtaient moins cher à leur employeur. Sur la photo : construction de la Transcontinental Railroad, aux États-Unis.

  • Une taxe par tête
Une fois le ruban du nouveau chemin de fer coupé, le gouvernement fédéral a remercié les ouvriers chinois… en leur imposant une taxe discriminatoire. Chaque ouvrier qui voulait s’installer au pays à plus long terme devait payer 50 $. Une somme importante à l’époque. Mais puisque le subterfuge pour faire fuir les Chinois ne fonctionnait pas, ils ont maintes fois majoré la somme, qui a atteint 500 $ en 1903, soit l’équivalent de deux ans de salaire. En dépit de tout ça, entre 1885 et 1923, 82 000 Chinois se sont installés au pays et ont rapporté 23 millions de dollars au Trésor canadien. Les victimes de cette règle ont dû attendre jusqu’en 2006 pour recevoir les excuses du gouvernement canadien et une compensation. Sur la photo : des coolies chinois, à la fin du XIXe siècle.

    PHOTO WIKIMEDIA COMMONS

    Une taxe par tête
    Une fois le ruban du nouveau chemin de fer coupé, le gouvernement fédéral a remercié les ouvriers chinois… en leur imposant une taxe discriminatoire. Chaque ouvrier qui voulait s’installer au pays à plus long terme devait payer 50 $. Une somme importante à l’époque. Mais puisque le subterfuge pour faire fuir les Chinois ne fonctionnait pas, ils ont maintes fois majoré la somme, qui a atteint 500 $ en 1903, soit l’équivalent de deux ans de salaire. En dépit de tout ça, entre 1885 et 1923, 82 000 Chinois se sont installés au pays et ont rapporté 23 millions de dollars au Trésor canadien. Les victimes de cette règle ont dû attendre jusqu’en 2006 pour recevoir les excuses du gouvernement canadien et une compensation. Sur la photo : des coolies chinois, à la fin du XIXe siècle.

  • L’exclusion, pure et simple
Si la taxe par tête était discriminatoire, ce qui est venu après était bien pire. Une loi adoptée en 1923 visait à exclure carrément les immigrants d’origine asiatique. Dans les 20 années qui ont suivi, tout juste 50 personnes d’origine asiatique ont pu s’établir au pays. Ceux qui y étaient déjà ont été mis à l’écart de la société. Les immigrants chinois n’avaient pas le droit d’être propriétaires de quoi que ce soit à l’extérieur des quartiers qui leur étaient assignés. Ainsi sont nés les quartiers chinois du pays, dans la marginalisation crasse. Sur la photo : le quartier chinois de Montréal.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

    L’exclusion, pure et simple
    Si la taxe par tête était discriminatoire, ce qui est venu après était bien pire. Une loi adoptée en 1923 visait à exclure carrément les immigrants d’origine asiatique. Dans les 20 années qui ont suivi, tout juste 50 personnes d’origine asiatique ont pu s’établir au pays. Ceux qui y étaient déjà ont été mis à l’écart de la société. Les immigrants chinois n’avaient pas le droit d’être propriétaires de quoi que ce soit à l’extérieur des quartiers qui leur étaient assignés. Ainsi sont nés les quartiers chinois du pays, dans la marginalisation crasse. Sur la photo : le quartier chinois de Montréal.

  • Dans les camps 
Dix jours après l’attaque japonaise contre la base américaine de Pearl Harbor, la Colombie-Britannique a utilisé la Loi sur les mesures de guerre pour demander l’internement de plus de 20 000 personnes d’origine japonaise dans des camps de travail et des camps de prisonniers de guerre, et ce, même si la Gendarmerie royale du Canada avait statué qu’elles n’étaient pas une menace à la sécurité du pays. Plus de 75 % d’entre elles détenaient une citoyenneté canadienne ! Pire encore : le gouvernement a vendu leurs biens et leurs propriétés. Libérées, les 20 000 personnes ont été dispersées dans le pays. Beaucoup ont atterri à Montréal, où elles ont dû reconstruire leur vie à partir de rien. Près de 40 ans plus tard, c’est Brian Mulroney qui a fini par s’excuser au nom du pays. Sur la photo : un camp d'internement pour personnes d'origine japonaise en Colombie-Britannique.

    PHOTO WIKIMEDIA COMMONS

    Dans les camps
    Dix jours après l’attaque japonaise contre la base américaine de Pearl Harbor, la Colombie-Britannique a utilisé la Loi sur les mesures de guerre pour demander l’internement de plus de 20 000 personnes d’origine japonaise dans des camps de travail et des camps de prisonniers de guerre, et ce, même si la Gendarmerie royale du Canada avait statué qu’elles n’étaient pas une menace à la sécurité du pays. Plus de 75 % d’entre elles détenaient une citoyenneté canadienne ! Pire encore : le gouvernement a vendu leurs biens et leurs propriétés. Libérées, les 20 000 personnes ont été dispersées dans le pays. Beaucoup ont atterri à Montréal, où elles ont dû reconstruire leur vie à partir de rien. Près de 40 ans plus tard, c’est Brian Mulroney qui a fini par s’excuser au nom du pays. Sur la photo : un camp d'internement pour personnes d'origine japonaise en Colombie-Britannique.

  • Après l’Expo, une nouvelle ère
Ce n’est qu’en 1967, fameuse année de l’Expo, que les mesures discriminatoires à l’endroit des immigrants asiatiques ont été abandonnées et qu’une politique d’immigration, basée sur un système de points prenant en compte éducation, expérience de travail et connaissance linguistique, est entrée en vigueur. Depuis une vingtaine d’années, l’Asie est le principal continent d'origine des nouveaux immigrants au Canada, mais aussi au Québec. Au recensement de 2016, plus de 500 000 Québécois se disaient d’origine asiatique, soit 6 % de la population. Sur la photo : le pavillon de Taïwan à l'Expo 67.

    PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

    Après l’Expo, une nouvelle ère
    Ce n’est qu’en 1967, fameuse année de l’Expo, que les mesures discriminatoires à l’endroit des immigrants asiatiques ont été abandonnées et qu’une politique d’immigration, basée sur un système de points prenant en compte éducation, expérience de travail et connaissance linguistique, est entrée en vigueur. Depuis une vingtaine d’années, l’Asie est le principal continent d'origine des nouveaux immigrants au Canada, mais aussi au Québec. Au recensement de 2016, plus de 500 000 Québécois se disaient d’origine asiatique, soit 6 % de la population. Sur la photo : le pavillon de Taïwan à l'Expo 67.

  • Une hausse en flèche des crimes haineux
La pandémie de COVID-19 s’est accompagnée d’un autre fléau : une hausse marquée des évènements et des crimes haineux à l’égard de nos concitoyens d’origine asiatique. C’est vrai aux États-Unis, au Canada anglais, mais aussi au Québec. À Montréal, le Service de police de la Ville de Montréal a noté un bond de 500 % de ces crimes entre 2019 et 2020. En Colombie-Britannique, où les communautés asiatiques sont encore plus importantes, la hausse dépasse les 700 %. Un organisme torontois qui a interrogé 500 citoyens d’origine chinoise affirme que plus de 50 % d’entre eux ont été la cible d’insultes, d’attaques physiques ou d’actes irrespectueux depuis l’apparition du nouveau coronavirus. Sur la photo : un graffiti près du Centre Bell, au centre-ville de Montréal.

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

    Une hausse en flèche des crimes haineux
    La pandémie de COVID-19 s’est accompagnée d’un autre fléau : une hausse marquée des évènements et des crimes haineux à l’égard de nos concitoyens d’origine asiatique. C’est vrai aux États-Unis, au Canada anglais, mais aussi au Québec. À Montréal, le Service de police de la Ville de Montréal a noté un bond de 500 % de ces crimes entre 2019 et 2020. En Colombie-Britannique, où les communautés asiatiques sont encore plus importantes, la hausse dépasse les 700 %. Un organisme torontois qui a interrogé 500 citoyens d’origine chinoise affirme que plus de 50 % d’entre eux ont été la cible d’insultes, d’attaques physiques ou d’actes irrespectueux depuis l’apparition du nouveau coronavirus. Sur la photo : un graffiti près du Centre Bell, au centre-ville de Montréal.

  • L’attentat de trop
L’attentat contre des salons de massage à Atlanta qui a fait huit morts, dont six Asiatiques, la semaine dernière, a été la goutte qui a fait déborder le vase et incité des milliers de personnes à sortir dans les rues aux États-Unis et au Canada. L’inquiétante vague de haine, nourrie notamment par certains acteurs de l’extrême droite, doit être dénoncée et combattue avec vigueur d’un océan à l’autre. Par les gouvernements – la présence du ministre Benoit Charette à la manifestation de dimanche dernier était d’ailleurs la bienvenue –, mais aussi par les citoyens de toutes origines. Malheureusement, aucune minorité visible n’est épargnée par le racisme.
Sur la photo : un des salons de massage visés par l'attentat.

    PHOTO MIKE STEWART, ASSOCIATED PRESS

    L’attentat de trop
    L’attentat contre des salons de massage à Atlanta qui a fait huit morts, dont six Asiatiques, la semaine dernière, a été la goutte qui a fait déborder le vase et incité des milliers de personnes à sortir dans les rues aux États-Unis et au Canada. L’inquiétante vague de haine, nourrie notamment par certains acteurs de l’extrême droite, doit être dénoncée et combattue avec vigueur d’un océan à l’autre. Par les gouvernements – la présence du ministre Benoit Charette à la manifestation de dimanche dernier était d’ailleurs la bienvenue –, mais aussi par les citoyens de toutes origines. Malheureusement, aucune minorité visible n’est épargnée par le racisme.
    Sur la photo : un des salons de massage visés par l'attentat.

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