La chronique de Marie-France Bazzo* publiée le 28 mars, où elle appréhende le « déracinement brutal » de sa mère en CHSLD, n’a laissé personne indifférent. Voici un aperçu des nombreux courriels reçus.

*Lisez la chronique de Marie-France Bazzo

De très bons soins

Je devine un peu d’inquiétude dans votre chronique. Je veux témoigner des mois passés par ma mère au CHSLD Notre-Dame-de-la-Merci, qui ne paie pas de mine, mais où ma mère a eu de très bons soins et attentions. Il faut dire que nous, ses filles, y passions nos journées avec elle en temps partagé. Ce n’est pas la joie, c’est certain, mais les services étaient bien rendus et on tenait compte de nos demandes. C’est vrai que nous avions constaté être peu nombreux à le faire comme nous, malheureusement. Il faut faire confiance et être présent, c’est important.

Jocelyne Gagnon

D’une tristesse infinie

Votre texte me touche particulièrement. Je suis mandataire d’une amie placée au CHSLD Berthiaume du Tremblay à Montréal depuis plusieurs années. Je considère cet endroit comme un cinq-étoiles… mais la seule et unique chose que mon amie peut faire par elle-même est de respirer. Il n’y a rien d’autre. Je ne banalise pas l’aide médicale à mourir, mais la question que je me pose : est-ce cela vivre ? Même avec des soins impeccables, mon amie n’est plus là… Mon conjoint depuis 48 ans commence à avoir des problèmes neurocognitifs. Nous en avons parlé ensemble, il ne veut pas se retrouver dans la situation de mon amie et il a bien raison. D’une tristesse infinie.

Diane Latour, Laval

Une belle insouciance ?

Médecin de famille depuis 43 ans, impliqué dans les soins de fin de vie dont l’aide médicale à mourir depuis quatre ans, je partage cette réflexion que me faisait un collègue il y a quelques années : « Mes patients atteints de démence, ils ne sont pas malheureux, c’est leurs enfants, leur conjoint qui le sont. » Effectivement, pour avoir observé ma mère et ma belle-mère dans leurs dernières années sur cette Terre, elles vivaient dans le présent, dans une belle insouciance, les heures passées s’effaçaient systématiquement de la mémoire, et demain n’avait pas d’importance. Tout le contraire de ces patients anxieux et angoissés auxquels on prescrit des ateliers de pleine conscience pour qu’ils apprennent à « vivre dans leurs culottes » plutôt que d’avoir constamment la tête ailleurs. Si on pouvait voir la démence de l’âge avancé comme une bénédiction, nous protégeant des angoisses de la vie déclinante.

Michel Breton, médecin, Laval

Une image erronée

Je travaille comme musicien depuis deux décennies dans les CHSLD et votre jugement sur ces établissements semble inspiré surtout par les manchettes malheureuses ayant tenu le haut du pavé durant la pandémie. Heureusement, elles ne représentent pas un portrait complet et honnête de ces milieux de vie. Vous serez surprise de constater à quel point votre vision était erronée. Votre mère y sera grandement heureuse dans l’aile prothétique réservée aux personnes atteintes de démence. Bon courage !

Michel Drolet

Aussi de belles histoires

Ayant travaillé plus de 15 ans au CHSLD l’Orchidée blanche à Vimont, à Laval, il est vrai qu’on entend des histoires d’horreur concernant les CHSLD, mais il y a aussi de belles histoires, des employés dévoués, des dirigeants qui ont le bien-être de leurs résidants à cœur. Bonne chance !

Diane Daniel

Agréable surprise

J’ai connu deux expériences en CHLSD, pour ma mère et ma belle-mère, et je peux vous rassurer : c’est là que les anges travaillent. Malgré toutes nos appréhensions qui ressemblent aux vôtres, nos familles ont été agréablement surprises de l’attention et de la délicatesse envers nos mamans. Je vous souhaite de vivre sereinement ces moments.

Huguette Quintal

Laisser le libre choix

Lorsque ma mère de 95 ans, atteinte de la maladie d’Alzheimer, est arrivée en CHSLD, il y a maintenant huit mois, la première chose qu’elle a dite, c’est : « Est-ce que je suis obligée de vivre ça avant de mourir ? » Avant même d’entrer au CHSLD, ma mère aurait préféré mourir plutôt que de vivre une lente et cruelle détérioration de son état.

Malgré sa maladie, elle reste consciente de tout. Au-delà des installations vétustes, du bruit, des cris, de l’odeur, sa vie est un supplice, celui de la goutte d’eau. Chaque jour de plus est pénible pour elle. Ses jambes sont enflées, elle s’essouffle à rien, se déplacer est une montagne, elle est très fatiguée, son corps est endolori. Il n’y a aucun espoir de guérison, au contraire. Elle passe de sa chaise au lit, du lit à sa chaise. Elle nous le dit, elle se couche le soir en espérant ne pas se réveiller le lendemain. La mort n’est pas un tabou chez nous, nous en avons souvent parlé. Si elle avait été admissible, maman aurait fait une demande d’aide médicale à mourir.

Personne n’obligera quiconque à faire une demande anticipée ou contemporaine d’AMM. Pourquoi ne pas laisser ceux qui le désirent en avoir le libre choix ? C’est une question de respect de chacun. Les critères d’admissibilité sont des balises suffisamment fortes pour éviter les dérives imaginées.

Il faut améliorer la qualité des soins et services à la maison et en CHSLD, l’accès aux soins palliatifs et de fin de vie, et le libre choix de pouvoir mourir dans la dignité. L’un n’exclut pas l’autre.

Hélène de Guise, présidente d’un comité de résidants de CHSLD