Quelques commentaires intéressants à la suite de la publication, le 4 février, de l’opinion de Francis Langlois, de la Chaire Raoul-Dandurand, concernant le projet de loi C-21 sur les armes à feu

S’attaquer aux armes automatiques

Les armes automatiques devraient toutes être bannies. Je suis complètement contre cette proposition d’interdire les armes semi-automatiques. Ce sont les armes les plus utilisées par les chasseurs de sauvagines. Et aussi dans une moindre mesure par les chasseurs de gros gibier. Donc, en les interdisant, vous vous attaquez directement à un groupe de chasseurs qui n’a rien à voir avec les tueries. Je vous propose plutôt de nommer les armes d’assaut qui n’ont rien à voir avec la chasse, et en plus interdire tout système qui contient plus de cinq cartouches au total dans l’arme. Pourquoi ne pas interdire en même temps tous les équipements de vision nocturne ? Presque toutes les tueries de masse ont été faites avec des armes à grande capacité de munitions.

Michel Charlebois

Ne pas pénaliser la chasse à la sauvagine

La suggestion de M. Langlois qui est d’utiliser le mécanisme de tir comme critère d’interdiction est une très mauvaise idée. Cette approche aurait pour effet de bannir les très populaires fusils semi-automatiques à trois coups utilisés pour la chasse à la sauvagine. Jusqu’à maintenant, le gouvernement s’était contenté de viser les armes d’assaut ou inspirées du design des armes d’assaut, en visant notamment les chargeurs à haute capacité comme critère d’interdiction. Plusieurs chasseurs novices possèdent de telles armes d’assaut parce qu’ils trouvent ça cool, mais les vrais chasseurs, bien informés et qui connaissent bien les armes ne chassent pas avec des armes d’assaut. La suggestion de M. Langlois [l’élargissement de la définition d’arme prohibée à toutes les armes semi-automatiques] ne ferait qu’empirer les choses en confondant les armes pour jouer à Rambo [les armes d’assaut] avec les véritables armes de chasse.

Jean Bernier

Et les munitions ?

La catégorisation des armes longues par type de mécanisme est une excellente idée. Par contre, elle devrait aussi catégoriser le type de munition, à savoir la balle ou la cartouche qui définit l’arme comme étant une carabine ou un fusil. Le fusil semi-automatique [comme celui que Carey Price a sur la photo récemment publiée] est une arme efficace pour la chasse aux oiseaux, mais a rarement été utilisé lors de tueries, car sa capacité létale est très faible comparativement à une carabine de type assaut. Par contre, une carabine de chasse de type semi-automatique peut être aussi dangereuse qu’une arme d’assaut et devrait, par le fait même, être interdite. D’ailleurs, la majorité des carabines semi-automatiques manquent cruellement de précision, surtout à longue portée et, par conséquent, cela en fait une arme médiocre pour la chasse. En résumé, en plus des armes de poing, toute carabine à mécanisme semi-automatique devrait dorénavant être interdite. À l’encontre de nos voisins américains, cela est déjà en vigueur en Europe depuis plusieurs années.

Gilles Dubé

La Suisse, un modèle

Enfin quelqu’un qui explique le mécanisme d’une arme. Effectivement, un fusil de chasse n’est pas un fusil d’assaut. Un peu de compétences ferait du bien. Comme dans beaucoup de dossiers, dont celui des armes, pourquoi ne pas se comparer à la Suisse ? Un pays qui en détient énormément, pourtant sans problème. Je pense que nos gouvernements vont un peu loin dans leur contrôle. Un peu de bon sens, s’il vous plaît.

Dominique Froment

Viser l’individu et non l’arme

Si quelqu’un vous suggérait de catégoriser les caméras numériques pour combattre la pornographie juvénile, qu’en penseriez-vous ? Probablement que ça n’a pas de sens ! Eh bien ! c’est la même chose pour une arme à feu. Qu’on parle d’une caméra 1 mégapixel ou d’un fusil 1 coup, ils sont tout aussi dangereux l’un que l’autre contre une victime sans défense. Tout comme la violence dans nos villes, le problème est l’individu et non l’objet qu’il utilise pour commettre son crime.

Michel Trahan

Pour les soldats

Vous ne touchez le problème qu’en partie seulement en vous concentrant sur le mécanisme d’action de rechargement [semi-automatique ou manuel]. L’autre partie, également importante, relève des caractéristiques de l’arme et que le lobby des armes à feu veut nous faire prendre pour du cosmétique, en ridiculisant tous les anti-armes de combat ou soit-disant d’assaut. Ce sont les armes qui possèdent les caractéristiques suivantes : la facilité d’en faire le transport à l’abri des regards [le fait qu’elle soit courte, démontable, crosse repliable], la conception de crosse-pistolet pour en faciliter l’utilisation en situation de combat [ou d’engagement armé avec un adversaire], la disposition de la rampe de lunette de visée surélevée qui permet de viser une cible en mouvement plus facilement tout en maintenant l’œil dans le viseur, et son poids léger qui permet de manipuler plus longuement l’arme en situation de combat en minimisant la fatigue du tireur. Toutes ces qualités sont l’aboutissement d’années de recherche par les fabricants d’armes militaires dans le but de produire des armes de haute performance lors de combats ou d’assaut. Les chasseurs n’ont aucunement besoin de ces caractéristiques. Alors, à votre définition, l’ajout de celle-ci devrait suffire à légiférer, en ajoutant toutes les armes déjà prohibées, afin de réduire les dégâts lorsque des gens malades ou violents décident de faire une tuerie de masse. J’entends déjà les pro-armes déchirer leurs chemises lorsque l’on évoque ces « armes d’assaut » qui n’ont pas leur place dans une société civilisée. Il leur faudrait porter plus attention au bruit de la chair déchirée par les munitions tirées par ces armes d’assaut trop souvent utilisées pour faciliter les tueries de masse, alors qu’elles ne devraient être que dans les mains de la police et des soldats.

Claude Miron, Magog

Lisez le texte « Catégoriser les armes à feu efficacement »