Le retrait des deux amendements visant à interdire les « armes d’assaut de style militaire » n’est pas surprenant. Le gouvernement a fait deux erreurs. Il a tout d’abord déposé ceux-ci en fin de deuxième lecture et surtout, la définition qu’il entendait utiliser était plutôt complexe.

Afin d’éclaircir le débat, il faut une définition ancrée dans la réalité technique des armes à feu (AAF), ce qui évitera les dérapages sémantiques que sont les expressions « armes d’assaut » et « armes de chasse ».

Il existe deux catégories d’AAF, soit les armes de poing et les armes longues. Les armes de poing sont tenues en plaçant d’abord la main de contrôle qui sert à tirer autour de la poignée et ensuite la main de support. Ces armes peuvent être utilisées avec une seule main. Les revolvers sont munis d’un barillet rotatif contenant plusieurs munitions. Chaque fois que le chien est relevé, le barillet tourne et place une nouvelle munition devant le percuteur. On charge l’arme en insérant manuellement une munition dans chacun des espaces du barillet. Les pistolets peuvent être semi-automatiques ou automatiques, ce dont il sera question plus loin. Il suffit de dire que ceux-ci ont un chargeur inséré dans la crosse et que les munitions sont poussées par celui-ci devant le percuteur plutôt que par l’action de la personne qui tire.

Les armes longues sont tenues en plaçant les deux mains à des endroits différents sur l’arme (la main de contrôle tout près de la gâchette et la main de support habituellement plus à l’avant de l’arme). Elles sont généralement munies d’une crosse qui se place sous l’épaule pour tirer.

Les AAF fonctionnent pratiquement toutes de la même façon. Une fois l’arme chargée avec une ou plusieurs munitions, la personne appuie sur la détente, ce qui déclenche un mécanisme par lequel le percuteur frappe l’amorce, ce qui allume le composé chimique contenu dans la cartouche. L’ignition de celui-ci se propage à la poudre qui produit des gaz qui sont comprimés dans la chambre et tout au long du canon, ce qui propulse ultimement le projectile.

Un canon plus long donne une plus grande portée puisque le projectile est poussé plus longtemps. L’intérieur du canon de certaines armes est lisse alors que dans les autres, il est strié. Les stries créent un mouvement gyroscopique qui augmente la précision et la vélocité du projectile. Certains projectiles ont une vitesse dépassant celle du son et par conséquent font beaucoup plus de dégâts, car les tissus et os avec lesquels ils entrent en collision explosent alors par cavitation plutôt que d’être traversés. Les projectiles subsoniques sont moins dommageables et sont notamment utilisés par les forces de l’ordre.

On distingue les grandes familles d’AAF par le mécanisme de tir. Le mécanisme permet de mener un cycle de tir complet, soit tirer puis recharger. Il y a deux types de mécanismes, manuel et à autochargement (self loading).

Un système manuel permet un cycle complet seulement s’il est activé par l’action de l’utilisateur : il doit effectuer un geste afin d’extraire la douille vide de la chambre pour y en introduire une nouvelle. Les armes longues ont plusieurs systèmes manuels. Un levier peut se trouver sur ou sous le canon. Il peut aussi s’agir d’un système à pompe qui extrait une nouvelle munition d’un tube habituellement situé sous le canon. L’arme peut aussi être ouverte pour y insérer de nouvelles munitions.

Les systèmes d’autochargement qui font la manchette ces dernières semaines récupèrent quant à eux une partie de l’énergie dégagée par l’ignition du composé chimique qui propulse la balle. L’éjection de la douille vide se fait immédiatement après avoir tiré. Une nouvelle munition est extraite soit d’un chargeur détachable comme dans le cas du M14, soit de l’intérieur de l’arme, comme le SKS.

Les systèmes d’autochargement sont soit automatiques, soit semi-automatiques.

Les armes automatiques, prohibées au Canada, tirent tant qu’on appuie sur la détente et qu’il reste des munitions dans le chargeur. Une arme semi-automatique tire chaque fois que l’on appuie sur la détente.

Dans les deux cas, le cycle de tir se fait sans l’action de la personne qui tire et de façon plus rapide qu’avec un système manuel.

Si l’objectif du gouvernement est de diminuer le risque de futures tueries de masse en sortant de telles armes du marché canadien, il doit les catégoriser en fonction de leur mécanisme de tir plutôt que par des définitions contestables et contournables. Une telle catégorisation évitera également d’avoir à tenir à jour une longue liste de modèles, l’industrie ayant toujours joué sur le pointillé de la loi pour vendre sa production éventuelle.

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