Plus d’une centaine de lecteurs ont réagi au texte « Ma voisine est une terrasse » rédigé par notre ancien collègue Paul Roux. Si la vaste majorité se plaint du bruit excessif, certains plaident la tolérance.

Lisez « Ma voisine est une terrasse »

À chacun son temps

Selon l’ancien journaliste Paul Roux dans sa lettre « Ma voisine est une terrasse », il faudrait que « les quartiers, y compris ceux du centre-ville, soient d’agréables milieux de vie, sans nuisances sonores intolérables, et accueillants pour des gens de tous les âges ».

Le problème, c’est que M. Roux oublie de s’inclure dans sa missive. Tout d’abord, de la musique, des gens qui picolent, est-ce vraiment une « nuisance sonore intolérable » ? Intolérable pour lui, et peut-être quelques voisins, mais force est d’admettre qu’une majorité ne semble pas du même avis.

Qui est donc, ici, en position d’intolérance ? La personne qui n’est pas « accueillant[e] pour tous les âges » ? M. Roux se félicite d’avoir contribué à abaisser le volume qui émane de ladite terrasse, mais cela ne semble pas suffisant : il souhaite la pluie et ressent le besoin de publier un texte dans les pages de son ancien employeur pour, je suppose, dénicher de ses semblables mécontents parmi les citadins.

Ce que M. Roux semble souhaiter, c’est que le centre-ville évolue selon ses goûts et désirs. Pourtant, son logement situé dans un quartier huppé de la ville laisse présager un certain confort qu’il a très certainement mérité, mais qu’il semble refuser à ses voisins qui ne méritent pas son statut.

L’âgisme est effectivement une tendance inacceptable, mais il serait bien que les bonnes gens de l’âge d’or n’en profitent pas pour elles-mêmes utiliser leur statut pour calmer les ardeurs des générations futures qui, tout simplement, ne souhaitent que de profiter du même plaisir que M. Roux a déjà vécu pour lui-même, et qu’il semble tenter de refuser aux autres au profit de sa propre personne.

« À chacun son temps », le chantait Pierre Lalonde qui, à une autre époque, on devait qualifier de quelque chose comme un faiseur de musique « boum boum » qui hérisse.

Enfin, je ne souhaite pas à M. Roux de déménager, mais plutôt de s’ouvrir sur le monde, sur un monde qu’il ne contrôle peut-être plus, mais qui n’agit pas contre lui ; à défaut de sa lettre qui milite pour dicter un rythme qui ne tient plus le tempo de son temps.

Sylvain Raymond, Montréalais, consultant dans le domaine des communications, du marketing et des contenus

Hâte d'être vieux

Mes sympathies ! Mais moi à Saint-Jérôme, j’ai les tondeuses, les souffleurs à feuilles, les « party » privés et j’en passe. J’ai hâte d’être vieux, à ma retraite, pour m’en aller loin. Très loin. Trèsssss loin.

Simon Roby

Le centre-ville invivable

Depuis que le politique a décidé de faire du centre-ville de Montréal un trou à party à l’année longue, en multipliant les festivals et les établissements « festifs », ceux-ci rendent le centre-ville invivable pour les résidants permanents : musiques, bruits, personnes intoxiquées, itinérantes pour profiter de la manne, partys dans les Airbnb, etc. C’est ce qui arrive quand la seule créativité économique visée est du pain et des jeux. C’est pauvre comme vision et ça ne vise qu’un segment de la population : les fêtards non résidants. Au final, ceux qui y gagnent sont les tenanciers et organisateurs qui s’enrichissent. Les autres voient leur qualité de vie dégrader.

Jean Sébastien

Copié-collé à Saint-Lambert

Plusieurs rigolent sur les réseaux sociaux lorsqu’on évoque Saint-Lambert et le bruit des concerts du parc Jean-Drapeau. C’est un copié-collé de cette situation décrite dans l’article de Paul Roux. Ce week-end avec Osheaga, de 11 h à 23 h, en continu, c’est envahissant, et ce, nonobstant le style de musique qui me plaît. Ces gens de l’article, dans leur appartement, sont prisonniers d’une situation où « avoir du fun » se fait aux dépens d’autrui, et ce, en se moquant de leur mal-être. Quelles sont les valeurs mises de l’avant dans le vivre-ensemble ? Ce n’est pas une question intergénérationnelle, car les jeunes de la maison qui subissent le bruit s’en ressentent autant que les vieux.

Christine Fournier

On n’a plus les boisés qu’on avait

Mon cher Paul, on a déniché une belle petite maison sur un terrain boisé dans une rue construite dans un bois. Tous les voisins sont de jeunes familles (comme la mienne) ou des « habitués » de la place depuis plusieurs années. Le bonheur… jusqu’à ce que mon nouveau voisin médecin trentenaire se sépare et décide de vivre son adolescence. 80 décibels ? Oui, à 4 h du matin en plein milieu de la semaine avec cris de joie ininterrompus. La police ? Aucun pouvoir contre le manque de civisme. Ils passent quand ils peuvent et avertissent, ce qui donne, ô joie, 15 à 20 minutes de repos avant de repartir sans se soucier du prochain.

Christian Bissonnette

Des avions en pleine nuit

Si on veut favoriser la densification à Montréal, il faudra diminuer de façon substantielle les sources de pollution sonore. Heureusement, l’électrification des transports publics et privés aidera beaucoup ; ainsi, les véhicules d’urgence pourraient également diminuer les sons des sirènes qui retentissent sans cesse au centre-ville. D’ailleurs, en Europe, le son des sirènes est beaucoup plus bas depuis longtemps. On doit également sévir sérieusement envers les propriétaires de véhicules à moteur bruyant dont les supposés silencieux sont au contraire conçus pour faire du bruit. Montréal devra également convaincre Aéroports de Montréal (ADM) de mettre en place des mesures sérieuses pour diminuer de façon substantielle le bruit causé par le trafic aérien. Transports Canada doit mettre ses culottes et faire respecter la réglementation déjà en place et qui est constamment bafouée par ADM.

Jacques Bournival

Nostalgique du couvre-feu

Je demeure aussi en ville et le contrôle du bruit est vraiment déficient. Il y a bien sûr les terrasses, mais aussi les silencieux des voitures et motos modifiées, les crissements de pneus, les gens qui parlent fort dans les rues à 3 h le matin et… la ville qui passe l’aspirateur sur les trottoirs. Nous gardons nos fenêtres fermées et utilisons la climatisation en continu pour avoir une certaine quiétude. Les seuls moments où on a « malheureusement » pu apprécier la tranquillité étaient lors du couvre-feu au début de la pandémie. On pouvait ouvrir les fenêtres et dormir en silence. La quiétude est une chose qui doit être mise au menu si nos dirigeants veulent densifier et stopper l’exode vers les banlieues.

Denis Langlois