Est-ce que Donald J. Trump pourrait faire campagne pour la présidence des États-Unis, même condamné et emprisonné ? Avouez que ce serait toute une affaire !

La réponse est probablement oui, parce qu’il y a un précédent.

Eugene V. Debs, leader socialiste, emprisonné en 1919 pour son opposition à l’entrée en guerre des États-Unis dans la Première Guerre mondiale, a pu être candidat à l’élection présidentielle de 1920.

Même emprisonné, il a obtenu plus de 900 000 voix, soit 3,4 % du total des votes.

À la veille de l’accusation imminente de Trump dans l’affaire Stormy Daniels, le monde médiatique américain est frénétique, littéralement en transe.

Ses artisans sont excités comme des puces et sentent l’odeur du sang.

Bon, je ne tenterai pas de me transformer en expert de la Constitution des États-Unis. Surtout que si vous faites le tour des médias américains actuellement, vous constaterez que le diable est aux vaches et que les plus brillants en la matière ne s’entendent pas une seconde.

D’autant qu’en termes de temps, ou de calendrier, Trump, qui fait face à plusieurs accusations sérieuses qui pourraient l’envoyer au cachot, utilisera tous les moyens possibles pour retarder l’application de la justice, afin de se rendre au jour de l’élection.

Le gars pourrait s’inventer un cancer, si cela devenait nécessaire, pour gagner quelques mois.

Maintenant, si on oublie la mesure du temps, objectivement, la Constitution prévoit un cas qui pourrait l’empêcher de se présenter.

Le 14e amendement prescrit que le Congrès peut barrer la route à la candidature présidentielle d’un individu qui aurait participé à des activités insurrectionnelles (Engage in insurrection) ou qui a aidé un ennemi des États-Unis. L’incitation à l’insurrection serait également dans la même catégorie de péchés.

Avis aux avocats ou spécialistes qui lisent ce texte, on prend son gaz égal ! Le chroniqueur fait son possible pour résumer, alors on ne le fait pas suer inutilement !

Ainsi, Trump a entretenu une relation intime avec une gente dame nommée Stormy, vedette de pornographie, et le petit chèque de 130 000 $ US qu’il lui a fait porter pour acheter son silence, à deux semaines des élections de 2016, pourrait être considéré comme un pot-de-vin et contrevenir aux règles de financement des campagnes électorales.

Le geste pourrait l’envoyer en prison, mais ne l’empêcherait pas nécessairement d’être candidat.

Cela serait peut-être le cas également s’il était condamné pour avoir tenté de détourner les résultats de l’élection présidentielle dans l’État de la Géorgie.

Et on peut penser au même résultat éventuel dans l’enquête en cours sur les documents classés confidentiels, qu’il a probablement cachés sous son matelas et dans la trappe de ventilation, au château du parfait nabab roturier, Mar-a-Lago, après son départ de la Maison-Blanche.

Mais là où il pourrait être dans la merde, c’est son implication dans l’émeute du 6 janvier 2020 au Congrès, suivant sa défaite électorale.

Un procureur spécial est sur le cas et on saura éventuellement ce qu’il en est. Mais attendez-vous à un énorme débat sur la nature des mots « insurrection » et « sédition ».

Tous les observateurs s’entendent toutefois pour dire que le dossier Stormy est celui où Trump a le moins de chances d’être condamné, si on le compare aux trois autres que je viens de mentionner.

Autre hypothèse débile, avec tous les délais juridiques possibles, peut-on imaginer, comme scénario burlesque, que Donald puisse se voir interdire de se présenter à la présidentielle, après la prochaine élection présidentielle… ?

Une idée de fou qui m’est passée par la tête… Il y aurait un médecin dans la salle, svp ?

Et qu’advient-il s’il était à ce moment-là élu et en poste ?

J’arrête ici parce j’ai l’impression de participer à l’organisation d’une maison de fous.

Mais le plus cynique actuellement est de constater le comportement tartufe des élus républicains ou des adversaires connus et potentiels de Trump à la primaire républicaine.

Leur truc, présentement, est de déchirer leur chemise contre le procureur du district de Manhattan, Alvin Bragg, qui mène l’enquête sur Stormy, de traiter le tout comme une vengeance politique et de défendre Trump dans l’affaire.

Ne vous y trompez pas. Ils espèrent tous le pire pour l’ancien président et ne veulent que récupérer le vote de ses alliés, entre autres celui des ploucs qui croient que la nation est en danger sans lui.

Le plus hypocrite est probablement l’ancien vice-président Mike Pence, l’épagneul catho en surdose quotidienne de Valium, qui pratique le Texas two-step, célèbre danse amerloque, à force d’encenser et de condamner Trump dans la même phrase.

Le pleutre absolu souhaite évidemment vider les églises en sa faveur pendant la primaire, en récupérant le vote évangélique qui appuyait Trump auparavant.

Ne doutez pas que toutes ensemble, ces honorables personnes prient fort le petit Jésus pour que Trump soit enterré sous un tas de fumier, le plus tôt étant le mieux.

J’ai découvert l’histoire d’Eugene Debs par l’entremise de Bruce Maiman dans le HuffPost⁠1, mais surtout par l’excellent texte de Jason Serafino dans Mental Floss⁠2.

Il explique que Debs, en prison et candidat présidentiel du Parti socialiste en 1920, avait droit pendant la campagne à une déclaration par semaine, qui était transmise aux fils de presse, et évidemment reprise par ses partisans et relayée à la population.

Hypothétiquement, à l’ère des réseaux sociaux, il faut se demander quelle forme prendrait cette campagne avec Trump en prison, admettons… Ouf !

Éventuellement, en décembre 1921, Debs a été gracié par le président Harding, qui l’a même invité à la Maison-Blanche pour mieux le connaître.

Quand même !

1. Lisez le texte du HuffPost (en anglais) 2. Lisez l’article de Mental Floss (en anglais)

Entre nous

Il aurait pu être mon père, il est devenu mon ami. Claude Fournier nous a quittés. Il a vécu avec passion jusqu’à 91 ans. Il a dévergondé le cinéma québécois et laissé une empreinte indélébile sur cet art chez nous. Mes sentiments vont à sa conjointe Marie-José Raymond, à son frère Guy et à la famille.