Bon, je vous plaque là pour une couple de semaines. Pour fêter la Nativité, et la nouvelle année, et le football collégial américain. Il faut voir aussi que ça se fatigue vite un nouveau retraité comme moi, c’est fait moins fort que c’était. Cocky en politique, mais petite nature depuis.

Alors, avant de se quitter, réglons ça tout de suite, à la mode de chez nous : de joyeuses Fêtes à vous, et bonne année grands nez, pareillement grandes dents, et du succès dans vos études ! Pour ce qui est du paradis jusqu’à la fin de vos jours, je me garde une petite gêne, pas sûr que vous le méritiez tous…

Direction septentrion pour le temps des Fêtes, mais retour auprès de mes voisins méridionaux républicains par la suite. Comme vous le constatez, je ne me mène pas trop dur. Bella la vida !

Je sais que ça peut dégoûter un peu, de se faire balancer comme ça le bonheur en gougounes. Désolé, mais je vous en souhaite autant à mon âge.

Je ne veux pas trop en rajouter, mais sachez que pour suivre une Coupe du monde de soccer, le meilleur métier, c’est retraité.

Auparavant, aux affaires, comme disait Jacques Parizeau, ça ne me faisait pas vraiment un pli quand quelqu’un me racontait son hiver à glander à Fort Lauderrrdaaale, ou dans les environs.

Et quand je m’y rendais pour quelques moments de vacuité, le plaisir laissait trop souvent place à l’impatience. Je me demandais parfois ce que j’y faisais, alors que du boulot m’attendait sûrement au bureau.

L’impression cinglée que la Ville de Québec devenait catatonique en mon absence, alors qu’elle s’en portait sûrement mieux.

Finalement, je trouve maintenant que ce n’est pas si bête d’y être, pour se les déglacer. Mais pas trop longtemps, suis pas un pélican, et il y a des limites à côtoyer des lézards.

En revanche, je détonne dans le décor, je ne joue pas au golf. J’ai déjà essayé pourtant, jusqu’à ce que je comprenne que ça me rendait dingue. Impossible de développer une relation avec la petite boulette, et trop de finesse dans le geste, et dans la posture mentale, pour un agité comme moi.

La dernière fois où j’ai couru après une petite chose avec un bâton dans les mains, c’était une rondelle de hockey, chez les Condors bantam du Domaine Saint-Charles, à Québec, il y a 100 ans.

Les temps changent, vous ne croiriez pas ça. Imaginez-vous donc que ma principale préoccupation ces jours-ci est de constituer les bas de Noël des deux souris de ma vie, ma troisième génération.

Que dis-je, pas des bas, mais des draps, des poches, comme celle du vieux monsieur ratoureux, qui a la drôle de manie de s’infiltrer par les cheminées. L’Amazon Prime en traîneau.

J’y mets du temps cette fois-ci, parce que j’en ai, justement. J’adore. Un vrai fou. Si je me laissais aller, j’emplirais le derrière d’un dix-roues. Ça roule les gugusses dans le panier, m’sieurs dames ! Au son de la plus belle chanson de Noël existante : Happy Xmas de John Lennon.

Parce que ma théorie à moi, voyez-vous, c’est que chez les morpions d’amour, la stratégie du beau gros cadeau VSOP, c’est risqué sur le potentiel de déception. Alors de mon côté, c’est la stratégie de la flopée, je l’ai pognée, celle-là, le nombre l’emporte sur la qualité, et ça marche à tout coup, retour de mamours garanti, qui est le but recherché, évidemment.

Et voir la tête qu’ils font, et le délire qui vient avec, lorsqu’ils vident le trésor, je recommencerais toutes les semaines. Bon, vous comprendrez que je ne respecte pas à la lettre le Guide alimentaire canadien… Les parents ramassent les effets collatéraux, comme des taux de glycémie au plafond, qui font dérailler les dodos. Mais c’est pas le problème de pépé, qui n’est pas payé pour faire dans l’aliment santé.

Dans un autre registre, pour conclure 2022, le Time a élu comme personnalité de l’année un incontournable, le président Zelensky de l’Ukraine.

Si on me demandait mon opinion, après lui, mon choix se porterait sur des femmes courage.

Au premier chef, les femmes iraniennes, pour leur combat héroïque chez elles, contre cette ménagerie de diplodocus fachos qui les dirigent. Lorsque que je lis sur les pendaisons d’opposants, l’image me revient du soldat Brody, qu’on pend au bout d’une grue, dans la série Homeland.

Et ces femmes en Inde qui se lèvent toujours pour combattre le viol de leurs filles, ceux-ci trop souvent collectifs. On a peine à croire que ça existe. Bestial.

Et ces rares Afghanes qui osent contester la décision des talibans, ces grands poètes, d’empêcher les femmes de poursuivre des études à partir du lycée.

Et finalement, bien que différemment, Cassidy Hutchinson, ex-employée de la Maison-Blanche, et Liz Cheney, représentante républicaine, pour avoir torché tous les hommes pleutres de leurs professions, à part le républicain Adam Kinzinger, en témoignant, comme Mme Hutchison, devant la commission de la Chambre des représentants du 6 janvier sur l’assaut du Capitole, et en y siégeant, comme Mme Cheney, au prix de sa défaite électorale.

Et combien d’autres.

Mais au final, on n’aura pas tout perdu en 2022. Alors que les fractures s’accumulent dans le monde, on a quand même réussi la fusion nucléaire. Allah soit loué !

Entre nous

Je vous avais recommandé la lecture du premier livre de cette Histoire intime de la Ve République, Le sursaut, de Franz-Olivier Giesbert.

Je fais de même avec le deuxième : La belle époque.

Pour qui aime le genre, du bonbon !

Mondial : on était derrière la France, évidemment. Allez, les Bleus ! Mais on pensait aussi que Messi, La Pulga, le méritait, depuis le temps. Quel magnifique spectacle !

À l’année prochaine !

Histoire intime de la Ve République – La belle époque

Histoire intime de la Ve République – La belle époque

Gallimard, novembre 2022

400 pages