Dix. C’est le nombre de demandes qu’a faites Cédrik Lapratte-Roy au cours des deux dernières années pour sa pièce Terrain glissant, présentée en janvier prochain à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier. Tant le Conseil des arts du Canada (CAC) que le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et le Conseil des arts de Montréal (CAM) ont été sollicités.

Dans le lot, deux demandes ont été acceptées en 2022, toutes deux pour la recherche et la création de la pièce. Au total, la compagnie théâtrale La moindre des choses, cofondée par Cédrik Lapratte-Roy, a reçu 26 000 $ du CAC et du CALQ pour louer des locaux de répétition, faire de l’exploration scénique, écrire le texte. Le hic : aucun des trois conseils des arts n’a voulu le soutenir pour que Terrain glissant passe du papier à la scène.

Si ce n’était de la ténacité de l’artiste, ce « thriller nordique » aurait probablement été simplement tabletté.

Mais Cédrik Lapratte-Roy a décidé qu’il irait de l’avant avec son projet. Pour le mener à bon port, il a quitté son travail alimentaire dans le milieu de la culture début octobre pour consacrer tout son temps au spectacle. Bénévolement.

« J’occupe plusieurs postes pour ce spectacle : je suis directeur de production, metteur en scène, interprète et concepteur des costumes et des accessoires. Mes seuls revenus seront ceux générés à la billetterie. Les interprètes aussi seront payés à partir des revenus de la billetterie, soit 5 %. Même les salaires minimums exigés par les syndicats sont trop élevés pour moi et ils sont dérisoires : 56,91 $ par représentation et 15,25 $ par heure de répétition. »

« Avec un taux d’occupation de la salle de 80 % et une somme de 8000 $ que j’essaie d’aller chercher en dons et commandites, je vais pouvoir boucler mon budget. Sans pour autant me donner de salaire », ajoute le créateur de 29 ans.

Et si les spectateurs se font plus rares que prévu ? S’il ne réussit pas à amasser les 8000 $ de commandites nécessaires ? « Ce sera à moi de payer pour avoir pris des risques avec le spectacle. Le problème, c’est que Desjardins m’a refusé une marge de crédit parce que je n’ai pas eu de soutien financier… »